Egalité et Réconciliation
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255 000 emplois supprimés en France en 2009 !

Publié jeudi, un document du ministère du travail décrit une situation catastrophique de la situation de l’emploi en France. En 2009, 337 000 postes ont été détruits dans le secteur privé. Après 190 000 en 2008, ces chiffres sont les pires que la France a connu depuis la guerre. Le coût de cette crise qui naît dans la sphère financière est donc avant tout porté par les salariés en général.

2,1 milliards d’euros de bénéfices au deuxième trimestre pour BNP-Paribas, 1,1 milliard pour la Société générale… Décidément, la vie est belle pour les grosses cylindrées du secteur bancaire. Qu’importe que la croissance tarde à retrouver un rythme supérieur à 1 % ; que la consommation des ménages soit en recul ; et qu’enfin le taux de chômage se maintienne au-delà des deux chiffres. Chez les banquiers, on ne se soucie guère de ces petits détails de l’économie réelle. BNP-Paribas affiche, par exemple, une progression de son résultat de 31 %. Pour la finance, la crise c’est du passé.

Mais pas pour les salariés. Jeudi 5 août, la Dares, la direction des études économiques du ministère du travail, a publié le bilan 2009 de l’emploi en France. Le document décrit une situation catastrophique : en 2009, l’économie a détruit 337 000 emplois dans le secteur privé. Un record après une année 2008 elle aussi placée sous le signe de la dégradation, avec un recul de 190 000 postes.

En moins de 2 ans , ce sont plus d’un demi million d’emplois qui ont ainsi été rayés des tablettes. Particulièrement touchée, l’industrie a connu, en 2009, un taux de destruction d’emploi historique, proche de 5%, soit 168 000 postes disparus.

Et pour la deuxième année consécutive, ces emplois n’ont pu être compensés, comme c’était le cas dans les périodes précédentes, par le dynamisme du secteur tertiaire. Durant ces deux années, lui aussi a perdu de la substance : -112 000 emplois en 2008 et -121 000 l’année suivante… Moins sensible aux cycles conjoncturels, l’emploi salarié non-marchand (fonction publique, associatifs,…) a cependant joué son rôle d’amortisseur. « L’emploi salarié non-marchand progresse en raison principalement d’emplois aidés plus nombreux face à une mauvaise conjoncture », note la Dares. Et de fait, dans son plan de relance, le gouvernement a renoué avec les emplois aidés dont le principe avait été abandonné à son arrivée au pouvoir en 2007.

Au final, la destruction d’emplois dans l’économie tombe donc à 255 000 en 2009. Cette profonde dégradation a également poussé ses effets jusqu’à modifier la part des emplois stables (CDI et fonction publique) dans le total de l’emploi. Épargnés au début de la crise, les salariés ayant un emploi stable, ont commencé par être touchés au tournant 2008-2009, alors que la mortalité des entreprises les employant connaissait une forte poussée : ce sont 260 000 CDI qui ont ainsi disparu dans l’économie, tandis que les quelques postes qui se récréent à nouveau fin 2009 sont le plus souvent en intérim…

Déjà dramatique en soi, cette destruction s’est accompagnée d’un phénomène inattendu : la hausse de la population active. Malgré la dégradation de la conjoncture, déjouant ainsi les ressorts traditionnels qui posent qu’en tel cas les gens sont découragés de se présenter sur le marché du travail, 200 000 personnes ont grossi les rangs des « offreurs de travail » comme disent les économistes.

Plus d’offres de travail (+ 200 000), moins de demandes (255 000 postes détruits en 2009) : voilà qui explique au trois quarts l’envolée du chômage, 713 000 personnes supplémentaires inscrites sur les listes du Pôle emploi en 2009, + 20 % sur un an.

En ce sens, la relocalisation de 50 000 emplois espérée par Christian Estrosi, le ministre de l’Industrie, dans une interview à La Tribune, n’est pas vraiment à l’échelle du problème. Comme le note une étude du Trésor, depuis 1980, l’industrie française a détruit près de 2 millions d’emplois. Le document de Bercy estime que, entre 2000 et 2007, 63 % de ces destructions sont le fait de la concurrence internationale, notamment de la Chine, pour les productions à faible valeur ajoutée, et l’Allemagne pour celles plus intenses en technologie.