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Allemagne : les anti-euro entrent dans deux nouveaux parlements régionaux

Le nouveau parti anti-euro (AfD) devrait s’installer un peu plus dans le paysage politique allemand dimanche, deux semaines après son entrée au parlement régional de Saxe, à la faveur de deux autres scrutins en ex-RDA, dans le Brandebourg et en Thuringe.

De l’autre côté de l’échiquier politique, la gauche radicale Die Linke pourrait décrocher un résultat inédit en ravissant la présidence de la Thuringe aux conservateurs de la CDU, qui dirigent la région natale de Goethe et de Schiller depuis la Réunification.

Dans les deux États régionaux qui votent dimanche, les conservateurs sont cependant annoncés en hausse de plusieurs points, dans le sillage de la popularité hors norme de la chancelière et de son triomphe aux législatives il y a un an.

"La Thuringe va-t-elle écrire l’histoire ?", s’interrogeait samedi le quotidien conservateur Die Welt. L’Allemagne de l’Est, avec son électorat plus volatile qu’à l’Ouest, fait traditionnellement figure de "terrain d’expérimentation" scruté à la loupe, souligne auprès de l’AFP Ulrich Sarcinelli, de l’Université de Coblence.

Près de 4 millions d’électeurs au total sont appelés aux urnes dans les deux Länder. Les derniers sondages publiés vendredi créditaient l’AfD de 9,5% des suffrages dans le Brandebourg et de 8% en Thuringe, soit une confortable marge par rapport au seuil des 5% à franchir pour siéger dans un parlement.

Si les premières estimations attendues à 18H00 locales (16H00 GMT) confirment cette tendance, le jeune parti anti-euro né au printemps 2013 s’ancrera encore un peu plus, s’affichant comme un nouvel acteur sérieux du jeu politique, à la droite de la CDU, porté notamment par le soutien "d’anciens électeurs conservateurs" déçus, relève Werner Patzelt, politologue à l’Université technique de Dresde.

Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne) prône la sortie de l’euro, son cheval de bataille aux législatives de 2013, et le retour au Deutsche Mark, surfant sur un euroscepticisme qui gagne du terrain dans la plupart des pays d’Europe, poursuit M. Patzelt.

Cette formation, qui a gagné sept sièges au Parlement européen en mai et flirté avec les 10% aux élections régionales de Saxe il y a deux semaines, défend aussi une ligne très droitière sur l’immigration, les "valeurs familiales" et l’insécurité, qui lui vaut l’étiquette de "populiste".

Le SPD, "faiseur de roi"

La chancelière conservatrice Angela Merkel a estimé cette semaine que le gouvernement devait résoudre "les problèmes qui touchent les gens", y compris "le crime et le nombre croissant de demandeurs d’asile", une sortie interprétée comme une réponse à l’AfD sur ses thèmes favoris.

Mais à terme, l’installation de ce parti "en pleine puberté", selon Werner Patzelt, nécessitera des succès électoraux répétés et dépendra de l’action de ses représentants dans les parlements régionaux, l’AfD ayant échoué de peu à entrer au Bundestag à l’automne 2013.

Autre enjeu du scrutin, la percée de la gauche radicale, qui pourrait décrocher en Thuringe la présidence d’un État-région pour la première fois de son histoire. Créditée de 26% des voix, Die Linke peut espérer détrôner la CDU (36%) en propulsant son leader, le syndicaliste Bodo Ramelow, à la tête d’une coalition avec les sociaux-démocrates du SPD (16%) et les Verts (5,5%).

Mais la coalition gagnante ne sera pas connue dimanche soir, les négociations pour former un gouvernement s’écoulant sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Tout dépendra de ce que décidera le SPD, en position de "faiseur de roi".

Actuellement partenaires des conservateurs au niveau national comme en Thuringe, les socio-démocrates dirigent le Brandebourg avec Die Linke et leur leader, Sigmar Gabriel, n’a pas exclu une telle alliance en Thuringe.

"Cela serait un signal et pourrait ouvrir la voie à un changement au niveau fédéral", malgré des divergences profondes entre les deux formations, estime le politologue Ulrich Sarcinelli.

L’héritage communiste qui imprègne Die Linke reste cependant décrié. Interrogé samedi par le quotidien Bild, le directeur des archives de la Stasi, Roland Jahn, voyait dans la possible victoire de l’extrême gauche "un signal qui blesserait fortement les victimes de la dictature". L’ancien journaliste dissident reprochait à la formation de n’avoir jamais dénoncé "clairement" les agissements des dirigeants d’ex-RDA.

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