Egalité et Réconciliation
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Anachronisme grossier à Madrid et bulldozage stratégique tous azimuts

De notre envoyé spécial au Venezuela

Les accusations portées, début mars 2010, par le gouvernement espagnol contre celui de la République Bolivarienne du Venezuela de soutenir le terrorisme, celui de l’ETA et des FARC colombiennes en particulier, la sommation à Hugo Chavez de ‘donner des explications’ à ce sujet, font montre d’une part d’un anachronisme grossier, d’autre part, soit d’une ignorance coupable de la réalité qui se cache derrière le phénomène terroriste, soit d’une malhonnêteté flagrante.

Anachronisme, car le gouvernement espagnol semble, dans ses structures mentales, avoir exactement deux siècles de retard si on songe que le Venezuela s’apprête à célébrer le Bicentenaire de son Indépendance en ce mois d’avril 2010. Il faudrait donc au roi d’Espagne comme à ses mignons remettre les pendules à l’heure, comprendre notamment que son gouvernement n’a aucun ordre à donner à aucun des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes, aucune explication à exiger d’Hugo Chavez notamment. Voilà pour la forme. Pour le reste, la question se pose en effet de savoir si, dans les sphères gouvernementales espagnoles et des différents pays européens de l’OTAN on adhère naïvement à la version ‘made in USA’ des réalités relatives au phénomène terroriste, ou bien si on joue l’imbécile tout en étant bien informé desdites réalités. Il nous est difficile de croire que les responsables politiques espagnols pussent en effet faire montre d’une telle ignorance, notamment des réalités des diverses origines du Terrorisme qui frappe et déstabilise leur pays depuis une quarantaine d’années, celui-ci ayant été l’objet d’une tentative de désintégration pure et simple en 1936.

Faisons-nous bien comprendre d’emblée : nous allons nous livrer ici à une analyse géopolitique et non à un jugement des ‘bons’ et des ‘mauvais’, sur le droit des Basques de réaliser le ‘4+3=1’ (1) et à la souveraineté nationale comme sur celui des Espagnols à proclamer leur patrie ‘una y grande’ de Gibraltar à Irun. De ceci, de toutes ces particularités anachroniques du ‘Vieux Continent’, les stratèges de Washington se moquent éperdument, ne songeant qu’à en tirer leur propre profit dans le cadre de leur propre stratégie de déstabilisation tous azimuts.

Rappelons quelques vérités historiques de base : les USA, comme toute puissance émergente, n’avaient à leur naissance d’autre ambition immédiate que de travailler à la perte des grandes puissances existantes, notamment des trois thalassocraties de l’époque : la Grande-Bretagne, la France, l’Espagne ; de les évincer tout d’abord de leurs colonies, américaines en particulier, avant que de les frapper sur leur propre sol. Leur qualité de colonie d’Albion fit que, tout naturellement, leur hostilité se porta en premier lieu contre celle-ci mais, les Français l’ignorent, leur aide à George Washington fut bien mal récompensée, au point qu’en son An II la République Française était en état de guerre larvée avec les USA. Avec une naïveté bien gauloise, l’Ambassadeur de France à Philadelphie, un certain Genet, avait en effet demandé l’autorisation de lever des troupes de volontaires américains pour venir défendre la République Française, attaquée de toutes parts, et ceci en reconnaissance de l’envoi par Louis XVI de Lafayette et Rochambeau. On lui rit au nez en lui offrant l’asile politique afin qu’à Paris il ne soit guillotiné comme Girondin. En fait, en 1794, les USA soutenaient l’Angleterre contre la France.

Déjà, leurs agents Lafayette, Bouillé, Fersen avaient porté à la Royauté le coup fatal qui la conduira à l’échafaud en organisant en juin 1791 le piège de Varennes. On est moins sûr de l’origine du processus de déstabilisation dit de la Grande Peur qui provoqua les évènements de juillet 1789, mais il n’est pas outrancier d’y voir la même main secrète, dans la mesure où elle porta au pouvoir réel le même Lafayette, lui donnant les moyens d’organiser Varennes, la mutinerie de Nancy, la fusillade du Champ de Mars et le reste…

Nous avons déjà, par ailleurs, évoqué la similitude avec les émeutes des banlieues de 2005, obscurcissant le Bicentenaire d’Austerlitz et portant au Pouvoir un nouvel agent de Washington. Voilà donc à quoi remonte l’historique de l’ingérence yankee dans la politique française. Nous n’irons pas, ici, plus avant car tel n’est pas notre sujet du jour.

Passons donc à l’Espagne et à 1898. Les USA soutiennent ouvertement la rébellion anti-espagnole à Cuba et aux Philippines et c’est dans ce climat d’extrême tension que deux navires ‘gringos’ viennent mouiller dans le port de La Havane : un vieux bateau de guerre, le Maine, dont l’équipage est formé de Noirs, et le Yacht d’un magnat de la presse new-yorkaise, du nom de Hearst, dont le papier a déjà annoncé la guerre avec l’Espagne. Dans la nuit, alors que l’équipage a été consigné à bord mais que les officiers, blancs font la fête dans le port, le Maine explose. Washington exige des explications de Madrid tout en refusant que des Espagnols prennent part à l’enquête. Les prévisions de Hearst se réalisent et la guerre est déclarée. C’est du Pearl-Harbour, du ‘Liberty’ (2), du Northwoods (3), du ‘11-9’ avant la lettre.

On observera cependant que Washington traita Madrid comme Madrid prétend traiter aujourd’hui Caracas.

Il se trouve qu’aux Philippines, il y avait à cette époque un adolescent grandi au son des chansons ridiculisant l’Espagne et à la gloire des Yanks. Il s’appelait Ynchausti, d’origine basque donc. Milliardaire, dévoué tant au Vatican qu’à la Maison Blanche, il finança le mouvement indépendantiste basque naissant. Il est vrai qu’à l’époque le ‘principe des nationalités’ wilsonien faisait grand bruit, échauffant les cervelles de l’Université de Bilbao où un premier congrès indépendantiste se termina aux cris de Viva Wilson ! Viva America ! Un quart de siècle passa et en juillet 1936 nous retrouvons, comme dirait del Valle, Ynchausti à Donostia (en Français la ville basque de Saint Sébastien). N’oublions pas que notre homme a la nationalité yankee : aussi, dès que les troupes franquistes font entendre leurs canons, nous le retrouvons, courageux mais pas téméraire, à bord du bateau qui évacue vers Saint Jean de Luz tous les ressortissants yankee. Voilà quel fut donc l’initiateur et mécène de la République Basque d’Euskadi dont le président, nommé Jose-Antonio Aguirre, se montra d’une incapacité lamentable. En 1940, Aguirre et son homologue catalan, Companuys, se trouvaient en France, cueillis par les Allemands qui opérèrent une distinction intéressante : alors que le Catalan était livré à Franco et fusillé, le Basque fut, à Paris, protégé par la SS qui l’envoya à Berlin. Là, il apparaît qu’il ne réussit pas à frapper à la bonne porte ou encore, plus probablement, que sa manie de multiplier les signes d’une croix qui n’était pas gammée irrita ses hôtes. Il put toutefois jouir de toute sa liberté de mouvement au point que nous le retrouvons bientôt auprès de Roosevelt, introduit par des agents du Saint-Siège. Sautons sur les cocasseries que nous exposerons ailleurs qui firent qu’en peu de temps Aguirre et son ‘service secret basque’ étaient complètement discrédités auprès de l’OSS, future CIA, pour nous retrouver dans la France de fin 1944, seules les poches de l’Atlantique résistant après que le reste du pays eut été évacué par la Wehrmacht. Revenu sur le sol français, Aguirre voulut rebâtir son prestige en créant une unité de pure propagande, le ‘Bataillon Basque’. Il fallait bien que celui-ci eût son baptême du feu, au moins pour les cameras : on l’envoya donc se frotter à une desdites poches, le tiers de son effectif restant sur le carreau. Les deux tiers survivants suffirent pour prendre part au défilé de la victoire alliée dans les rues de Bordeaux, précédés de l’Ikurriña, le drapeau basque. A la fin du défilé l’ordre fut donné de rouler le drapeau, de rendre les fusils, de se chercher du boulot et de fermer sa gueule.

On entendra peu parler du séparatisme basque jusqu’à 1966, époque à laquelle De Gaulle inaugura sa politique de rancœur contre les Anglo-saxons qui conduira aux émeutes de mai 1968, à laquelle aussi Franco sombrait dans la sénilité. C’est aussi - coïncidences ! - le réveil de l’IRA, si bien qu’on voit se dessiner sur le front atlantique de l’Europe un dispositif de déstabilisation allant de Belfast à Bilbao en passant par Quimper et en sautant jusqu’à Ajaccio, trouvant bientôt sa prolongation au Sahara espagnol ; embrassant donc tout le littoral Eurafricain faisant face à la côte est des USA. L’assassinat de l’amiral Carrero-Blanco, choisi comme successeur par Franco en dépit des pressions de Harry Kissinger, est significatif de la stratégie du ‘bulldozage’ de ce dernier – le mot est de lui, destiné à Ali Bhutto. Déjà l’amiral avait écrit ‘España y el Mar’, favorable à la cause des pays arabes, dénonçant l’impérialisme yankee, en particulier son acharnement contre la Marine espagnole, héritière du sacrifice héroïque de 1898. Qu’importe si ceux qui posèrent la bombe qui le tua étaient racialement des Basques ou des Yanks présentés comme tels, la même indifférence s’appliquant au terrorisme prétendu ‘islamique’ : peu importe que les poseurs de bombes soient à l’origine d’authentiques Musulmans, ‘brain washed’ par des imams wahabites ou des agents venus de Langley, car seul le résultat compte ; et quand nous parlons de résultat, nous pensons essentiellement à l’impact psychologique, à la création de mythes servis à l’opinion internationale de Musulmans fanatiques allant jusqu’au suicide pour tuer quelques ‘infidèles’ – car ici, la propagande islamophobe qui n’a jamais cessé en Occident, reprend les vieux clichés, le vocabulaire du temps des Croisades… ou de Basques, Corses et Bretons arriérés, hostiles aux fameuses ‘valeurs’ de la République au profit de leur particularisme anachronique et en l’occurrence criminel.

On pourrait s’attendre à ce que les chefs d’Etat de l’UE soient informés de ces choses et si tous ne sont pas forcément des stratèges et des géopoliticiens, on peut néanmoins supposer qu’ils ont dans leur entourage des conseillers et experts en ces matières. On peut également s’attendre à ce que leurs pays aient un service de renseignement qui soit au moins aussi bien informé que ceux qui ne sont pas payés pour l’être ! Si donc ces chefs d’Etat persistent dans leur naïveté, c’est bien que celle-ci est feinte et ‘aux ordres’. Et puisqu’il est question de l’Espagne, qu’on se souvienne des discours tenus par le Roi, par Jose-Maria Aznar, par Jose-Luis Zapatero au soir de l’attentat en gare d’Atocha : une violente diatribe contre les poseurs de bombes de l’ETA amorçant toutefois un virage, laissant finalement entendre que d’autres auraient pu commettre le crime… Qui donc ? Les ‘Islamistes’, évidemment ! On apprit que la branche marocaine d’Al Qaïda venait de frapper à Madrid : un commerçant avait vu sortir d’une fourgonnette des hommes encapuchonnés (malgré la chaleur !) ; ayant alerté la police, celle-ci découvrit que la fourgonnette Renault volée contenait des détonateurs et des enregistrements du Coran sur cassettes. Une mise en scène incontestablement primaire, grossière au point qu’elle touche à l’absurde : jamais en effet des Musulmans n’abandonneraient des versets du Coran comme de vulgaires déchets, quel que fût leur support. Dans la même mise en scène, un prétendu représentant d’Al Qaïda téléphone à Telemadrid pour annoncer qu’une cassette-vidéo revendiquant les attentats a été déposée dans une poubelle à proximité de la mosquée de Madrid. Il existait dans la capitale quelques millions d’endroits où déposer ladite cassette mais, on l’a bien compris, il s’agissat de marquer en rouge l’élément ‘musulman’ de l’affaire ! Puis la police remonte une filière, donne l’assaut à un immeuble où se tiennent les ‘terroristes’ qui, comme par hasard, meurent dans l’opération. Avouons-le, c’est tellement pratique, ces ‘terroristes’ qui chaque fois se suicident ou se livrent à un baroud d’honneur, à moins qu’ils ne soient carrément abattus sur place comme Kelkal par la Gendarmerie française.

Tout disciple du colonel Roger Trinquier sait bien l’importance de l’interrogatoire dans la lutte contre une organisation clandestine : les Soviétiques comme les Yanks avaient étudié son œuvre sans jamais réussir à l’appliquer en Afghanistan comme au Vietnam mais, nul n’étant prophète en son pays, les gendarmes français qui ’silencièrent’ Kelkal comme tous ceux qui, en Europe, confondent la lutte anti-terroriste avec une partie de chasse aux canards ou de pêche à la grenade, n’ont apparemment jamais ouï son nom.

Ce qui relie la série d’attentats du 11 mars 2004 à ceux qui la précèdent, à New York, ou la suivent à Londres, c’est que ‘quelqu’un’ en Israël en était à l’avance informé : en ce qui concerne les deux derniers, cela fut abondamment traité par la presse internationale, pour ce qui est de la première, citons Jabier Salutregi (4) : ‘Ce même jeudi, Lucia Etxebarria, écrivain connue qui vit près de la gare de Atocha, reçoit, à 8h45 du jeudi 11, un appel d’un ami correspondant à Jérusalem : ‘Il m’appelait – déclarait Etxebarria dans un document diffusé sur internet – pour voir si j’allais bien. La nouvelle de l’attentat et d’une revendication d’Al Qaïda lui était déjà parvenue’.

On objectera certes non sans raison que trois quarts d’heure suffisent pour envoyer une information de Madrid à Jérusalem. Certes, mais n’est-ce pas un peu serré pour élaborer un plan psycho-stratégique comme l’attribution de la paternité des attentats à une organisation plutôt qu’à une autre ? Est-ce l’aveu qu’à Jérusalem et Tel-Aviv on savait déjà quelle avait été ou allait être la version imposée au gouvernement espagnol ? – par qui et d’où : de Washington ou de Tel-Aviv ? Car s’il est exact que lesdits attentats furent réellement commis par la nébuleuse Al Qaïda et qu’on l’eût su à Jérusalem avant même que cette version des faits ne fût imposée à M. Aznar, avant même qu’on le sût à la base de Menwith (parfois écrit Menworth) Hill, c’est que peut-être la centrale de l’organisation wahabite n’est guère si éloignée des fondations du Temple de celui qu’en arabe on nomme Souleyman, Salomon en hébreu. Ce sont là des réflexions sur lesquelles nous reviendrons !

Suite à la série d’attentats à Londres, la députée Clare Short, réputée pour son franc-parler, proclama que le gouvernement britannique avait menti… remarque qui s’étend aux attentats de Madrid (5), de New York, à l’ensemble du phénomène terroriste international qui n’est en réalité qu’une branche, essentielle, de la stratégie yankee ; ceci nous ramenant à l’accusation du gouvernement espagnol contre Hugo Chavez de soutenir le terrorisme, l’ETA en particulier. Ledit gouvernement ment effrontément en faisant semblant d’ignorer qui a commandité les attentats de Madrid, qu’ils soient attribués à l’ETA, au GRAPO ou dernièrement à la nébuleuse Al-Qaïda… Tout comme, par exemple, le gouvernement italien a menti, pendant des décennies, en taisant le fait que la CIA se tenait derrière GLADIO (6) et les attentats dans le gare de Bologne en 1980 et à la Piazza Fontana en 1969 (certaines similitudes dans les méthodes et techniques : la manie de faire sauter ou attaquer par l’aviation ennemie ses propres bateaux de guerre ; d’organiser, de Mai 68 à juillet 2009 à Téhéran en passant par Tien an Men, des révoltes étudiantes ; de poser, de Bologne à Londres en passant par Madrid et Moscou, des bombes dans des gares ; de bulldozer, de Sikorsky à Saddam Hussein en passant par la famille Bhutto, Carrero Blanco, Zia ul Haq, Kennedy – car le bulldozage n’épargne pas les hôtes de la Maison Blanche récalcitrants à la Mafia – et De Gaulle entre nombreux autres, les caves qui se rebiffent ; devraient suffire à indiquer la continuité et l’unité dans l’exécution de ladite stratégie, notamment à ceux qui sont payés pour ne pas voir que tout ceci sort du même moule).

Ainsi donc, le terrorisme qui frappe l’Espagne s’inscrit-il dans la stratégie de déstabilisation des pays d’Europe à tradition navale et dans la création d’un ‘marécage’ géopolitique sur la littoral atlantique de l’Eurafrique. La création hypothétique d’une république basque pleinement indépendante constituerait dans le Golfe de Biscaye une principauté comparable à la Belgique – de ce Royaume de Belgique qui, ceci dit avec tout le respect que nous lui devons, fut créé, dans le cadre des Traités de Vienne, justement pour satisfaire l’Angleterre et l’assurer de la présence d’un ‘marécage’ géopolitique sur le littoral continental vis-à-vis de Douvres et de ses légendaires falaises blanches. La généralisation du phénomène, prévue par Wilson dès 1919, transformerait toute l’Europe occidentale en une mosaïque de principautés que l’Oncle Sam pourrait, s’il en ressentait l’envie ou le besoin, écraser en gros ou en détail comme des punaises.

Nous avons cependant parlé d’une indépendance hypothétique d’Euskadi. Car cette indépendance n’est pas prévue, du moins avant longtemps, par la stratégie yankee. Supposons en effet que suite à une campagne terroriste particulièrement sanglante et justifiant une répression madrilène tout aussi meurtrière puis, en un second temps l’intervention yankee sous couvert de ‘Casques Bleus’, naisse la deuxième république d’Euskadi : le processus de déstabilisation verrait sa fin. Les relations entre Euskadi et l’Espagne se normaliseraient tôt ou tard comme ce fut le cas entre la France et l’Algérie, la violence et la terreur prendraient fin et avec elles la déstabilisation qui fait peser sur l’Espagne l’épée de Damoclès du Terrorisme, tout en ramenant le calme et la prospérité en Euskal Herria, la Patrie des Basques.

Or, cette normalisation, cet apaisement, cette sécurité régionale, même s’ils assuraient à la géopolitique yankee héritée de Mahan sur la modèle de Lloyds (7) le marécage côtier que nous avons décrit, n’entrent pas pour autant, du moins pour longtemps, dans le projet de l’Oncle Sam et ceci pour au moins deux raisons essentielles. L’une, c’est qu’il n’est pas question de relâcher la pression et le chantage terroriste sur l’Espagne, l’autre, c’est qu’il n’est pas davantage question d’interrompre le processus de destruction d’Euskal Herria. Il semble en effet qu’à la CIA on ait pour la race basque le même intérêt que l’Ahnenerbe (8), avec toutefois une perspective inverse : la deuxième la favorisait, la première veut la détruire. Il existe sur les origines de ladite race différentes théories qu’il n’est lieu ici ni de juger ni même d’exposer sauf la nôtre, en toute modestie : les Basques seraient à l’origine des Japonais débarqués sur cette côte enchanteresse il y a quelques millénaires. On semble trouver trace de cette odyssée dans le fait qu’en japonais ‘Nihon’ désigne le pays du Soleil Levant alors qu’en Basque il signifie ‘nulle part’, comme si ses héros avaient ainsi voulu chasser de leur mental le lointain archipel natal ; cependant qu’en Basque ‘Deus’ signifie ‘rien’… ce qui n’est pas sans évoquer le vide métaphysique connu tant de Lao-ze que des architectes du Temple dont il était précédemment question. Il est encore vrai que les fils d’Euskadi présentent avec ceux de l’Asahi bien des traits physiques, faciaux en particulier, communs. On doit par ailleurs reconnaître aux Basques des qualités particulières : la hardiesse qui donna des navigateurs intrépides, les premiers à faire le tour du Monde ; une valeur guerrière extraordinaire qui, des vainqueurs de Charlemagne aux bombardeurs de tranchées au Chistera en passant par les héros du 14 avril 1814 (9), valut aussi à ce peuple ingénieux d’inventer le Makila (10) mais aussi la baïonnette et de fournir, depuis Vitoria, ses meilleures armes à l’Espagne ; une agilité faisant d’eux le ‘peuple bondissant’ décrit par Voltaire, une robustesse de bûcheron ou de marin, un sens du commandement et une efficacité qui font qu’un Basque perdu dans un environnement étranger finit toujours par le dominer. Enfin, la popularité chez les Basques du Swastika indique la primordialité de leur tradition… N’en jetons plus, certes, mais cela suffit déjà à expliquer pourquoi les ennemis de l’Europe ont Euskal Herria dans leur collimateur et dans leur agenda la destruction de la plus ancienne et la plus vigoureuse des races européennes. Enfin, le fait que des Basques furent à l’origine de la Révolution Bolivarienne qui aujourd’hui, sous le commandement de Hugo Chavez, rend leur fierté et leur unité aux peuples de l’Amérique Latine, pendant deux siècles humiliés et tondus par l’Oncle Sam, n’est pas fait pour attirer sa sympathie sur cette race dont il entend ainsi anéantir le berceau.

Il est d’ailleurs un autre exemple d’une race particulièrement intéressante : les Kurdes. Tout comme Euskal Herria s’étend sur les deux versants des Pyrénées, sur les deux côtés de la frontière franco-espagnole tout en ayant une émigration très forte en Amérique Latine ; le Kurdistan, dont le fils le plus illustre se nommait Haroun ar-Rachid, couvre des territoires turc, irakien, iranien et syrien ; tout en ayant une émigration importante en Europe, en Allemagne notamment. La promesse d’un Kurdistan uni et indépendant fut abondamment utilisée par la CIA et le Mossad en 1990 lors du Gulf Show. Jetés par eux dans l’insurrection contre Saddam Hussein, abandonnés à sa répression sans le moindre scrupule, les Kurdes leur servirent toutefois d’instrument à la déstabilisation de la Turquie. Vingt ans plus tard, les Kurdes sont toujours victimes de la répression la plus sauvage de la part des gouvernements contre lesquels Mossad et CIA les ont poussés. Si l’Irak a été transformé en un champ de ruines, la Turquie, bien que, comme l’Espagne, membre de l’OTAN et donc alliée des USA, n’en est pas moins la cible de leur stratégie de déstabilisation et de chantage, obligée, pour mener ses opérations contre la rébellion, d’acheter du coûteux matériel de guerre… made in USA évidemment ! (11)

La guerre Iran-Irak débuta quelques mois à peine après l’invasion soviétique de l’Afghanistan et à ce jour les deux pays, l’Afghanistan et l’Irak, sont donc en guerre, en occupation étrangère, en processus de déstabilisation savamment calculée, depuis une trentaine d’années. Deux pays anéantis économiquement, socialement, culturellement ; dont les habitants qui ont moins de trente ans n’ont jamais connu un jour de paix, sans alerte aérienne, sans deuil dans la famille, sans famine, sans interdiction d’étudier, sans attentat tuant au hasard, sans l’humiliation de devoir s’incliner devant un occupant étranger cynique et méprisant… Dans les deux pays, les agents de Washington ont d’ailleurs visé le cœur même du Peuple à travers son essence métahistorique : la mise à sac du Musée des Antiquités de Bagdad, le dynamitage des Bouddhas de Bamyan par les Talibans wahabites. Que ceux qui, considérant la totale déstabilisation de l’Afghanistan et de l’Irak, proclament là l’échec de la politique américaine, ouvrent enfin les yeux : elle est au contraire, du point de vue de ses instigateurs, un parfait succès : les deux pays sont au plus profond de l’abîme et du chaos, et c’est là exactement le but recherché !

Car, il faut le savoir, l’impérialisme yankee constitue l’immense bulldozage – reprenons le mot si juste et si expressif de Kissinger – des peuples et des cultures, les Amérindiens ayant été les premiers à en faire l’expérience lors du plus grand holocauste des temps modernes, resté impuni et apparemment classé parmi les ‘détails’ de l’Histoire.

Pour son plus grand malheur, Euskal Herria s’inscrit pleinement dans cette stratégie de bulldozage et de tenue en laisse yankee. Par ‘tenue en laisse’, nous entendons cette autre particularité de la stratégie yankee, indissociable de celle de déstabilisation tous azimuts et qui consiste à prendre en main ou à créer des mouvements insurrectionnels ou séparatistes, à les soutenir assez pour qu’ils poursuivent leur lutte et même réalisent quelques apparents succès limités, jamais cependant pour parvenir à la victoire finale et totale – à moins, bien sûr, que Washington n’y trouve un intérêt immédiat. Ainsi se poursuit indéfiniment le processus de déstabilisation et de chantage au terrorisme de la puissance centrale et majoritaire, cependant que la région et le peuple entraînés dans l’insurrection sont tout aussi indéfiniment livrés à celui d’extinction physique et morale : conduit par la CIA à croire en la victoire finale, recevant d’elle des subsides lui permettant de continuer la lutte sans jamais cependant voir la lumière au bout du tunnel, subissant une hémorragie atteignant jusqu’à la substance vitale du peuple soutenant, de moins en moins enthousiaste, le mouvement insurrectionnel, ce dernier, désormais dépendant totalement de la CIA à laquelle il ne peut plus rien refuser, est devenu ni plus ni moins que son extension locale. Comme toute guerre d’usure – expression beaucoup plus juste, beaucoup plus profonde qu’on ne l’entend généralement ! (12) – celle-ci connaît son immobilisme tactique, son gel stratégique et, remontant cette chaîne hiérarchique, son cul-de-sac, son aboutissement sous forme de crise, de pourrissement politique. C’est ce que nous voyons aujourd’hui en Afghanistan, en Irak, au Kurdistan, dans les Balkans, en Tchétchénie, au Tibet, au Sahara occidental, en Colombie, en Irlande du Nord comme en Euskadi.

Car il est un autre concept essentiel à la compréhension de la stratégie yankee, c’est celui de la distinction entre ‘ennemi déclaré’ et ‘ennemi réel’, en totale concordance avec la définition clausewitzienne de l’ennemi : celui qui veut vous imposer sa volonté ou, bien sûr, par conséquence, celui à qui vous voulez imposer la vôtre. Ainsi, lors du Gulf Show de 1990, Saddam Hussein était-il l’ennemi déclaré par Washington : à en croire les porte-parole du Pentagone, dès l’entrée des troupes de la coalition dans Bagdad, le dictateur baathiste serait jugé et exécuté ‘à la Nuremberg’. Mais, on ne sait par quel subterfuge, les troupes de la coalition contournèrent Bagdad (ce en quoi nous vîmes une similitude avec le plan Schlieffen et non avec la bataille de Cannes, comme l’estimait certain stratège de bazar produit par West-Point), laissant Saddam Hussein au pouvoir pour encore une douzaine d’années. Les opérations militaires avaient toutefois mis en évidence l’insuffisance stratégique des différents pays européens, France et Grande-Bretagne notamment. Comme pour ajouter à celle-ci, la seconde vit ses forces armées subir des coupes sombres dans ses effectifs comme dans ses matériels cependant que la première allait passer, comme pour mieux servir ses vrais maîtres yankee, de ce qu’il restait de l’armée citoyenne héritée de 1793 à l’armée mercenaire. Les principaux perdants, donc les ‘ennemis réels’, furent ainsi les propres alliés ‘déclarés’ des USA, sortis de l’affaire plus faibles qu’ils n’y étaient entrés, et les Kurdes. De même en 1941 l’ennemi ‘déclaré’ des USA était le IIIème Reich, l’ennemi ‘réel’ la Grande-Bretagne et pour bien le concrétiser, l’OSS organisa à Belgrade, au printemps, la révolution de palais qui équivalait à inviter l’Allemagne à s’emparer de la Yougoslavie, piétinant toute la géostratégie britannique basée sur la Méditerranée (deux ans plus tard, les Gis débarqueront bien en Sicile mais nous soupçonnons que ce fut en faveur des intérêts de ‘Lucky’ Luciano et de Meyer-Lansky plus que de Churchill et de ‘Bomber Harris’), forçant Churchill à approfondir ses prosternations auprès de Roosevelt afin qu’il intervienne enfin, officiellement, dans le conflit ; ce qu’il fera après Pearl-Harbour, pour secourir l’URSS et non point l’Angleterre qui quelques jours et un mois plus tard, à Hong-Kong et à Singapour, aurait un avant-goût du prix de cette ‘aide’. On peut dire que quatre ans avant l’Allemagne, l’Angleterre avait déjà perdu la guerre, puisque dépouillée de toute son indépendance ainsi que ses ‘protecteurs’ yankee allaient le lui signifier sans ménagement lors de l’affaire de Suez. Dans ces mêmes Balkans – et ce sera notre dernier exemple ici – un demi-siècle plus tard, la politique de Washington allait rééditer ce même schéma, l’ennemi ‘déclaré’ étant la Serbie, l’ennemi ‘réel’, celui que l’on allait saigner à blanc tout en versant des larmes de crocodile sur son sort, la Bosnie. Les Musulmans de Sarajevo n’avaient en apparence rien appris de ceux de Kaboul en laissant la CIA prendre leurs affaires en main à travers les Wahabites pullulant à Zagreb. Il s’agissait pour l’Occident d’empêcher – Maggie Thatcher l’avoua clairement – toute instauration d’un Etat islamique sur le sol européen ainsi que de prévenir toute nouvelle alliance germano-turque. L’Occident encouragea donc les Serbes à jouer le rôle de bouchers de la Bosnie musulmane – et il est vrai qu’ils s’en donnèrent à cœur-joie ! – pour ensuite, ennemi ‘déclaré’, devenir ‘réel’ une fois le sale boulot terminé. Nous pourrions ici multiplier les exemples : nous le ferons ailleurs !

Euskal Herria, la Patrie des Basques, en est une autre lamentable illustration. Il est vain de parler ici de résistance culturelle car les descendants des vainqueurs de Charlemagne, des sorcières de Zugarramurdi torturées et brûlées vives sous le regard sadique de l’infâme Lancre (13) ont depuis longtemps abdiqué leur spiritualité, sombré dans la colonisabilité vaticanaise, ignorant que l’indépendance politique n’est qu’un leurre si elle n’est point précédée de l’indépendance culturelle, ainsi que l’enseigne l’Etre Suprême dans le Coran : ‘Je ne change pas la situation d’un peuple à moins qu’il ne change son propre intérieur’. Aussi, en 1936, Requetes et Gudariak (14) se livraient-ils à un absurde génocide fratricide, en ayant toutefois en commun de marcher précédés du Crucifix ! Aujourd’hui, il est de bon ton, de Sare à Bilbao, de brandir l’Ikurrina et de chanter en Euskara, mais le folklore n’est jamais que le spectre dégénéré et stérile – et mercantile, bien sûr - de rituels perdus. Le Lauburu est un symbole décoratif très répandu mais sa signification et la fonction qui en découle sont méconnues : pire, elles semblent n’intéresser personne qu’une élite de chercheurs académiques sans compétence ni ouverture ésotériques. A Sare comme à Bilbao, il est de bon ton encore de conspuer les représentants de Paris et de Madrid mais le régime que l’on rêve d’instaurer à Gernika (15) ne se distinguerait en rien d’essentiel de celui établi sur les bords du Tage et de la Seine, avec les mêmes partis, la même gauche-caviar, la même droite otaniste, les mêmes faux socialistes et vrais réactionnaires… rêve qui, nous le répétons, dépend de la stratégie yankee. En attendant que cette lueur d’espoir se concrétise un jour, les Basques vivent dans un brouillard quotidien d’incertitude et de précarité. Il n’est plus nulle part question, si ce n’est l’été pour les touristes, d’un ‘peuple bondissant’ mais d’un peuple dont la natalité est en pleine décroissance, signe de son absence de confiance dans son propre avenir, de son abdication devant les exigences de l’Histoire.

Vouloir présenter le commandant-président Hugo CHAVEZ comme responsable, de près ou de loin, dans quelle mesure que ce soit, de ce processus, l’accuser d’être, à quelque niveau que ce soit, un rouage quelconque de la stratégie yankee de déstabilisation tous azimuts, plus précisément de génocide contre le peuple dont naquirent Simon Bolivar et ses camarades Anzoateguy, Urdaneta, Echevarria, Ibarra, Ustariz… c’est vraiment se moquer du monde ou faire semblant d’ignorer quels sont les véritables tireurs de ficelles du terrorisme international.

Et puisqu’il était également allusion, dans la bouche des politiciens madrilènes, de l’appui du Commandant aux FARC colombiennes, appliquons donc au Caraïbes notre schéma de la géostratégie yankee vis-à-vis du littoral Eurafricain.

Il nous est en effet arrivé de comparer à la fois les continents eurasiatique et américain à Janus (16), chacun un double visage tourné à la fois vers l’Atlantique et vers le Pacifique, avec, le lecteur s’en souviendra peut-être, dans le cas du premier deux pendants d’oreille : les archipels britannique et nippon, réalité qui inspira aux géopoliticiens de Londres leur sage politique de 1905, l’alliance avec le Japon, trahie après 1918 avec pour Albion les tragiques conséquences que l’on sait. Les USA ont toutefois cette particularité d’avoir en fait un troisième visage, mineur certes, celui tourné vers les Caraïbes. Dans le cadre de cette stratégie, les homologues des trois anciennes thalassocraties européennes et des pays de la côte ouest du Maghreb ne sont autres que la Colombie et le Venezuela. Voilà qui suffit à désigner l’auteur du processus de déstabilisation qui aujourd’hui, à travers les FARC, pressure le régime de Bogota alors que celui de Caracas, grâce au commandant Hugo CHAVEZ est à l’abri dudit processus. Le lecteur qui a bien compris ce que nous avons exposé sur la déstabilisation kurde de la Turquie, irlandaise du Royaume Uni, basque de l’Espagne ne s’interrogera pas sur le fait que, des deux pays, ledit phénomène s’en prenne à la Colombie gouvernée par le laquais de Washington nommé Uribe et non, comme cela semblerait logique à première vue, à la République Bolivarienne, sa voisine.

C’est qu’en effet Washington n’a que des laquais, même si certains poussent la naïveté jusqu’à se croire ses ‘amis’, ou encore des ‘protégés’ en termes mafieux. Pour nous faire bien comprendre, rappelons que pendant huit ans l’Irak a défendu les intérêts de l’Occident en faisant à la République islamique d’Iran une guerre dévastatrice pour les deux pays ; c’est cependant Saddam Hussein et non l’Imam Khomeiny qui a fini au bout d’une corde made in USA. En une terminologie qui est donc celle de la Mafia qui domine la politique de Washington après avoir pris le contrôle de la CIA – déjà de l’OSS – et du FBI du temps d’un Hoover qui n’avait plus rien à refuser à ceux qui l’avaient filmé dans ses ébats de travesti, après aussi avoir remplacé les Italiens par des Israéliens ; en terminologie mafieuse donc, il faut bien que les ‘protégés’ le soient contre une menace quelconque, ceci expliquant que les vassaux de l’Oncle Sam soient tous livrés au chantage à la déstabilisation nationale, si ce n’est au bulldozage de leur propre personne physique. Il est donc tout à fait logique que ce soit le président Uribe et non Hugo Chavez qui ait des sueurs froides en pensant au sort qui l’attend s’il n’obéit pas au doigt et à l’œil aux consignes yankees, s’il rechigne, par exemple, à jouer son rôle de traître intégral en laissant son pays devenir une base d’agression yankee contre les pays de l’ALBA, contre le Venezuela en particulier. Et là encore, on ne voit pas pourquoi le commandant Hugo Chavez pousserait gratuitement la méchanceté jusqu’à soutenir effectivement les FARC puisque la CIA le fait si bien déjà. De plus, comme il faut aussi penser affaires, alors que les FARC furent alimentées en armes par l’IRA, le gouvernement colombien est lié par une obligation d’acheter son matériel de guerre exclusivement aux USA, avec une exception en faveur d’Israël qui lui fournit ses drones. Et comme on l’entend bien, plus les FARC seront agressives et mieux équipées, plus Uribe devra signer de chèques en faveur de l’industrie de guerre yankee ! Passons sur le rôle de ‘narcotraficantes’ des FARC qui les associe plus étroitement aux opérations de la CIA en Amérique Latine.

Il n’est guère de discours du commandant Hugo Chavez qui ne rappelle la fraternité des peuples vénézuélien et colombien, son regret de l’hostilité toute artificielle qui règne entre les deux pays par la faute exclusive du régime de Bogota ; une hostilité artificielle, entretenue de Washington comme celle qui depuis cinquante ans oppose, dans le contexte géopolitique que nous avons dit, les deux pays frères que sont l’Algérie et le Maroc.

Nous n’irons pas toutefois jusqu’à prétendre que le Venezuela soit à l’abri total de tentatives déstabilisatrices. Il règne dans le pays une insécurité préoccupante, une criminalité qui veut qu’il y ait, à Caracas seulement, une quarantaine de crimes crapuleux par semaine ; en particulier un problème de pénétration de mercenaires et ‘paramilitaires’ de Bogota, et de ‘narcotraficantes’ qui à notre humble avis sont exactement les mêmes personnes. Cette insécurité rappelle avec trop de justesse, en France, la Grande Peur de 1789 et les émeutes de l’hiver 2005, que nous avons mentionnées ainsi que leurs résultats. Parmi les questions que se posait l’opinion française lors des dernières : pourquoi les incendiaires et casseurs ne vont-ils commettre leurs exploits dans le 16ème arrondissement de Paris ? De même au Venezuela l’insécurité s’arrête miraculeusement aux portes des municipalités de l’opposition qui sont aussi celles de la bourgeoisie, donnant précisément aux antichavistes leur argument préféré, à savoir que cette insécurité est inhérente au régime bolivarien et, en sous-entendu, que l’ordre reviendrait avec la vassalité yankee… semblant ignorer que depuis dix ans le régime traître de Bogota, leur modèle, n’a pas été capable – et nous savons bien pourquoi – de mettre en échec les ‘narcotraficantes’, qu’ils appartinssent ou non aux FARC.

La réponse du Commandant-président Hugo Chavez au gouvernement espagnol fut celle d’un chef d’Etat souverain, qui n’a de compte à rendre à aucun gouvernement étranger ; soulignant que jamais la République Bolivarienne du Venezuela n’avait soutenu ni ne soutiendrait d’organisation terroriste, ni l’ETA ni les FARC ni aucune autre. On s’est bien rendu compte, à Washington comme à Madrid, que le Venezuela n’était plus ni la ‘banana republic’ du temps de Roosevelt ni la colonie du temps de Carlos III. Aujourd’hui ce pays est devenu le leader de la grande révolution qui doit rendre leur dignité et leur indépendance aux peuples d’Amérique Latine mais aussi à tous les peuples opprimés. Quant aux chefs d’Etat de pays victimes du terrorisme, c’est à leur ‘protecteur’ qu’ils doivent demander des comptes ; sans jamais perdre de mémoire que les ‘amis’ de Washington ont tous une triste fin.

Tahir de la Nive

NOTES

1. Il s’agit là d’un slogan signifiant l’unité des 4 provinces d’Euskadi-sud (espagnoles) et des 3 d’Euskadi-nord (françaises). 2. Nom d’un navire de la US Navy attaqué par l’aviation israélienne pendant la guerre de juin 1967, afin de faire croire à une attaque par l’aviation égyptienne qui eût eu pour conséquence l’entrée en guerre des USA au côté d’Israël. L’attaque fit des morts et des blessés parmi l’équipage qui put toutefois clairement identifier l’agresseur. Aussitôt l’équipage fut soumis à un chantage visant à ce qu’il confirmât la version imposée d’un ‘Pearl Harbour’ arabe. Ces marins américains se montrèrent toutefois intègres et courageux, refusant le chantage à l’imposture. A ce jour existe aux USA un comité de ces marins demandant justice, réparation et surtout la vérité : leur voix est étouffée par les media. 3. Nom d’une opération terroriste, du ‘Al Qaïda’ avant la lettre, devant être mis au compte de Fidel Castro. Mise sur pied par la CIA, la Mafia (si cette distinction avait encore un sens) et le haut commandement de l’Armée, elle visait en effet à poser des bombes dans les centres urbains des USA, à couler des bateaux de réfugiés cubains anti-castristes, en déguisant l’opération en agression castriste. Kennedy donna le feu rouge à l’opération, ce qui lui valut de périr un an plus tard. 4. Dans ’11 mars, le grand mensonge’, éditions Gatuzain, ISBN 2-913842-32-1, page 22. 5. Il n’est pas à écarter que ces mensonges imposés à Aznar par Washington et qui provoquèrent sa déroute électorale aient fait partie d’une conspiration – autre ‘bulldozage’ ! - vengeresse : le père dudit politicien avait été membre du mouvement national-syndicaliste et l’auteur de livres violement anti-yankee. 6. L’affaire GLADIO nous ramène d’ailleurs à l’Espagne et au problème basque, car il existait alors à Madrid toute une mouvance d’extrême-droite manipulée par la CIA, le Vatican et quelques autres. C’est l’époque – 1969 – où à Madrid (calle Velazquez) une ‘Hermandad de Sacerdotes’ lançait ‘Fuerza Nueva’, où les ‘Guerrillos del Cristo Rey’, dirigés par un agent de la CIA plus tard recyclé dans les conserves de poisson à Lezo en Pays Basque, montaient des opérations contre les séparatistes basques mais aussi celle du débarquement contre la Guinée de Sékou Touré, le début de la campagne de déstabilisation de l’Algérie. C’était l’époque où l’extrême-droite frémissait au récit des exploits des mercenaires au Congo – une odyssée dont la CIA n’était pas absente ainsi que le chante Warren Zevon dans ‘Roland the headless Thompson gunner’, couplets très réalistes sur les méthodes et méfaits de la dite association. 7. Sur le personnage et l’œuvre de Lloyds, père de la géostratégie britannique et indirectement de Mahan, voir notre ouvrage ‘De Badr à Austerlitz’ distribué par Dualpha. 8. Il est intéressant de noter que le porche de la salle de réunion des membres de l’Ordensburg de Wevelsburg est décoré d’un Lauburu, c’est-à-dire d’un Swastika de style basque. 9. L’épisode de l’écrasement de l’arrière-garde de Charlemagne par une poignée de montagnards basques à Roncevaux est bien connu, ne serait-ce qu’à travers la Chanson de Roland. Le Chistera est un panier d’osier prolongeant la main, dans lequel les joueurs de pelote basque reçoivent et renvoient la pelote avec une force décuplée. Pendant la guerre des tranchées de 1916, des soldats basques de l’armée française l’utiliseront pour lancer des grenades. Le 14 avril 1814, la garnison de la citadelle de Bayonne, à cours de munition, opéra une sortie à l’arme blanche, les sapeurs basques, notamment, anciens bûcherons, brandissant leur hache au nez des Anglais paniqués, abandonnant le général Hope à la capture. 10. Arme traditionnelle individuelle basque se composant d’une canne de noyer terminée à un bout par une masse de plomb, à l’autre par un pommeau qui se dévisse sur une pointe d’acier. 11. Il est vrai qu’à la même époque l’Allemagne vendait les matériels récupérés de la défunte NVA est-allemande et que la Turquie fut parmi les principaux acquéreurs. 12. Voir notre conférence ‘Guénon, Clausewitz et la Doctrine islamique du Tawhid’ mis en ligne par VOXNR. 13. Inquisiteur envoyé en Pays Basque. 14. Requetes et Gudariak : en 1936, troupes carlistes, combattant dans le camp franquiste, identifiables à leur béret rouge ; soldats de la République d’Euskadi, au béret noir. 15. Capitale historique d’Euskal Herria. 16. Voir notre article ‘L’axe Paris-Berlin-Moscou’ en ligne sur VOXNR.