Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Ariane 6 : le début de la fin pour l’industrie spatiale européenne ?

Encore un transfert de compétences d’État vers le privé

Atout stratégique par excellence, le lanceur Ariane est le symbole même de l’Europe spatiale. Fait plutôt rare, c’est un succès à la fois politique, technologique et commercial. Or il risque aujourd’hui d’être détricoté, suite à un transfert inédit de contrôle et de compétences de l’État vers des industriels privés.

 

Le projet du nouveau lanceur, successeur de l’actuelle Ariane 5, fut approuvé en décembre 2014 par les ministres européens. Pour faire face à la concurrence internationale, en particulier à l’américain SpaceX et ses lancements à bas prix, ceux-ci ont accepté, de A à Z, un projet proposé par les industriels. Plutôt que de privilégier l’innovation technologique, ce projet se fonde sur la mainmise de ces derniers sur l’ensemble de la filière. Il prévoit une réorganisation-privatisation de fond en comble pour s’approcher d’un modèle, prétendument plus compétitif, importé des États-Unis ; mais sans la garantie des engagements étatiques qui, en réalité, le font vivre de l’autre côté de l’Atlantique.

En agissant ainsi, les gouvernements européens, en premier lieu la France, prennent de sérieux risques. Outre les aspects financiers (qui laissent poindre le spectre d’une immense gabegie), c’est avant tout la modification des rapports de force entre industriels et pouvoirs publics qui s’annonce fort problématique. Donner les clés de ce programme hautement stratégique à des industriels comme Airbus, aux visées douteuses et à l’allégeance malléable, témoigne, de la part de l’État, d’une attitude pour le moins irresponsable.

 

Postulats erronés

Précisons d’emblée que la fusée, de même que la société qui l’exploite et la commercialise, Arianespace, est un succès incontesté et incontestable. Pour reprendre les propos de Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace, récemment auditionné au Sénat, Ariane est « sur le point de battre un double record opérationnel et commercial », tout en étant une fierté européenne et nationale, ayant pour tâche principale de « garantir un accès indépendant de l’Europe à l’espace ». Chose surprenante par les temps qui courent, M. Israël n’oublie pas de rappeler l’effort collectif à la base de ces résultats remarquables. Quelques mois auparavant, devant les députés, il avait fait remarquer que « les systèmes de lancement que l’entreprise exploite, en particulier Ariane, n’existeraient pas sans la volonté et les investissements publics. Cette fusée est donc aussi un peu la vôtre. »

Or, il est clair que la décision des gouvernements européens concernant la suite de l’aventure soulève plus de questions qu’elle n’en résout. La cause en est simple : ils partent de postulats idéologiques au lieu de s’en tenir aux faits, et préfèrent des gains mercantiles immédiats (par ailleurs incertains) à la stratégie et à la vision politique à long terme. Les deux sources d’inspiration derrière ce choix, entériné en décembre 2014 par les ministres de l’Agence spatiale européenne, étaient l’Allemagne et les industriels eux-mêmes. Comme l’a expliqué la ministre Fioraso à l’époque, c’est Berlin qui fut l’avocat d’« une intégration industrielle plus importante, une prise de risques plus grande des industriels », en faisant valoir que « si l’industrie prend davantage de risques, il est normal qu’elle participe davantage à la conception et qu’elle partage la stratégie ».

Les industriels, eux, n’attendaient que cela. Ils avaient même devancé les gouvernements et les agences spatiales. Airbus, le maître d’œuvre, et Safran, le motoriste, avaient travaillé dans le plus grand secret, pour mettre les autorités publiques devant le fait accompli, en présentant, dès juin 2014 leur projet. En plus du design de la fusée, ils ont annoncé leur intention de fusionner leurs actifs respectifs, par la création d’une co-entreprise. Le tout assorti d’une condition de taille : la cession des parts du gouvernement français dans Arianespace. Deux semaines après, François Hollande lui-même donne son feu vert, lors d’un petit déjeuner rassemblant tous les acteurs principaux au palais présidentiel.

Lire la suite de l’article sur iveris.eu

Voir aussi, sur E&R :

 






Alerter

5 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • #1359751

    Ariane étant rentable il est "logique" que ce gouvernement "socialiste" la privatise... Jaurès serait quand même estomaqué .

     

    Répondre à ce message

    • Mon pauvre Monsieur, devant cette élite qui n’a plus de socialiste que la nom, au service du NOM, ce pauvre Jaurès, se retourne tellement vite dans sa tombe, qu’il fait la toupie au lieu de bénéficier du repos éternel.

      Les prétendus socialistes au commandes, je dis bien commandes, pas au pouvoir, sont à des années lumières du socialisme de Jaurès, qu’il ont trahi au profit de l’ultra libéralisme. C’est renversant non ?

       
  • #1359813

    les prochaines étapes : privatisations de la police (déjà acquise et infiltrée au pouvoir judéo- maçonnique en place)au détriment de ses rôles qui sont l’application juste des lois et la protection du peuple . Puis ensuite l’armée comme nous serions bien dans leur monde à la "juge dredd" ou pour un simple hoquet ou pet de travers ils pourraient nous faire descendre au nom de la loi d’état d’urgence

     

    Répondre à ce message

  • #1359858

    La Bête se modernise... elle achète toute la technologie qui lui est nécessaire pour terroriser l’esclave... pour elle, cette engeance est bien trop répandue sur terre... elle désarme le pauvre, le prive de toute technologie qu’il pourrait utiliser pour se défendre, elle l’accule dans le dénuement le plus total... plus d’argent, plus de balles, plus de fusils, plus de nourriture...

    jusqu’à l’hallali !

    Alors à ce moment, avec son œil unique , au milieu de sont front, elle crachera les flammes de l’enfer sur le prolo, le petit fonctionnaire qu’avait voté PS pour sa retraite, l’artisan qui s’est fait dépouiller par le RSI et l’avocat qui avait eu l’impudence de clamer haut et fort : justice pour les faibles ! justice pour les femmes et les enfants ! justice pour les pauvres !

    Mais la bête est impitoyable... il faut la blesser avant qu’elle n’ait terminé sa métamorphose...

     

    Répondre à ce message

  • #1360394

    Après Areva, Ariane...A qui le tour ?

     

    Répondre à ce message