Egalité et Réconciliation
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Conti et châtiment, par Seb Musset

A l’issue de l’audience du 17 juillet, Xavier Mathieu avait encore visé juste : "C’est dégueulasse, il n’y a pas de justice dans ce pays. J’ai de la rancœur, on s’est battu dignement et le gouvernement a décidé de faire un exemple !" déclarait le délégué syndical avec ce chaleureux emportement qu’on lui connaît.

La justice n’est pas laborieuse avec la classe ouvrière : Le 1er septembre au tribunal de Compiègne, 4 mois après les faits, les peines sont tombées. [NDLR : J’aimerais que l’on carbure de la sorte dans le cas Karachigate.]

La condamnation : 3 à 5 mois de prison avec sursis.

Le crime : "Destruction en réunion de biens préjudiciable à l’état". (Pour les profanes : Destruction d’un ordi, de la machine à café, d’un taille-crayon et du calendrier à Janine avec les chatons.)

Les criminels : Six salariés de l’usine Continental agissant en bande improvisée et répondant au nom des « Conti ».

Le contexte : 21 avril 2009, après avoir appris la fermeture définitive de leur usine pour cause de délocalisation (entraînant le licenciement de 1120 salariés) et alors qu’ils avaient accepté un retour aux 40 heures un an plus tôt, les Conti laissèrent éclater leur rage dans les locaux de la sous-préfecture de Compiègne sous les objectifs des caméras.

Le happening sous-préfectoral des Conti s’inscrit dans une montée d’actions radicales (séquestrations, bouteilles de gaz) dans plusieurs entreprises (New Fabris, Molex...) menées par des salariés désœuvrés. Ces actions, génératrices d’images fortes, ont un point commun embarrassant pour le pouvoir : Il ne sait absolument pas comment y répondre (enfin, je veux dire, sans flash-ball). Dans une perspective monarchique, nous saisissons alors l’intérêt d’agir au plus vite via du glaive et de la balance, et de désherber dès la rentrée.

Pour les Conti, c’est le maximum possible juste avant la prison ferme. Avec de la taule à vrais barreaux nos terroristes du licenciement correct mettaient en péril le savoir-diriger libéral. Ils auraient titillé les rédactions (se tournant anxieusement les pouces dans l’attente des premiers morts de la pandémie promise) et en quelques reportages, seraient passés pour les martyrs de la catastrophe sociale dans laquelle est priée de s’embourber en silence une partie du pays.

Bien que ne satisfaisant pas encore totalement les plus fidèles partisans du régime, ce verdict s’adresse d’abord aux autres salariés qui seraient tentés de manifester leur ressentiment contre les abus ou foutages de gueule de leurs directions.

Face aux menaces, l’important c’est que les messages de prévention passent : Contre la grippe, tu ne parles pas à ton voisin. Pour le travail, pas d’énervement collectif ou sinon zonzon.

Seb Musset