Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Des médecins dénoncent la réforme santé d’Obama

Autant nous aimerions nous joindre à la fête de la Maison Blanche pour le vote du bilan santé de la nuit dernière, autant, en toute conscience nous ne le pouvons. Nous ne pouvons nous contenter de voir prescrire de l’aspirine pour traiter un cancer.

Au lieu d’éliminer le problème à la racine - l’industrie privée de l’assurance-santé, cravachée par son souci du profit -, cette nouvelle législation coûteuse enrichira et fortifiera plus encore ces compagnies. Le projet de loi exigerait de millions d’Américains qu’ils achètent les produits insatisfaisants des assureurs privés auxquels on ristournerait en plus, d’importantes sommes d’argent public.

Le bruit fait autour du nouveau projet de loi sur la santé est mitigé par les faits :

• Près de 23 millions de gens resteront sans assurance santé pour 9 ans. Ceci représente un chiffre estimé de 23.000 morts annuelles qui pourraient être évitées ainsi qu’un tribut inestimable en termes de souffrance.

• Des millions de gens à revenus moyens seront mis sous pression pour acheter des assurances santé privées dont le coût peut aller jusqu’à 9,5% de leurs revenus alors qu’elles ne couvriront, en moyenne, que 70% de leurs frais médicaux. Ceci les laisserait potentiellement exposés à un désastre financier s’ils tombaient sérieusement malades. Nombreux sont ceux qui trouveront ces polices trop chères pour se les permettre ou, si ils les achètent malgré tout, trop coûteuses à utiliser à cause des franchises et des tickets–modérateurs bien trop élevés.

• Les compagnies d’assurances se verront remettre 447 milliards de dollars d’argent public pour subsidier leurs produits de mauvaise qualité. Cet argent augmentera leur puissance financière et politique renforçant encore leur capacité à bloquer de futures réformes.

• Le projet de loi drainera quelques 40 milliards de dollars de paiements Médicare utilisés comme filet de sécurité pour les hôpitaux, menaçant alors les soins des dizaines de millions de gens qui resteront non assurés.

• Les assurés dont la couverture de base dépend de l’employeur seront prisonniers du programme limité de leur réseau de prestataires, ils devront faire face à l’augmentation permanente de leurs frais et à l’érosion de leurs avantages santé. Parmi eux, peut-être les plus nombreux, devront faire face à une augmentation exorbitante des taxes sur les avantages dès lors que les frais des assurances augmenteront

• Les frais de santé continueront d’exploser, comme l’exemple du Massachusetts (dont ce projet de loi s’inspire) l’a amplement démontré.

• Certaines règlementations vantées – par ex. la suppression des refus d’assurance sur base de conditions d’admission préalables – sont, grâce au rôle joué par les assureurs dans l’élaboration de la législation, criblées de points faibles. Les gens les plus âgés peuvent être amenés à payer jusqu’à trois fois plus que les jeunes et les grandes compagnies qui occupent essentiellement des travailleurs féminins peuvent être amenées à payer à partir de grilles tarifaires basées sur le sexe des travailleurs et ce, au moins jusqu’en 2017.

• Les droits des femmes au contrôle des naissances seront plus encore érodés du fait des contraintes dues à la discrimination des fonds d’assurances pour les avortements par rapport aux autres services médicaux.

Il n’était pas nécessaire d’en arriver à ceci. Quelles que soient les mesures salutaires contenues dans ce projet de loi, par ex. des fonds supplémentaires pour des centres de santé publique, elles auraient pu être mises en vigueur sur une base indépendante.

De même, l’expansion de Medicaid – un programme lamentablement sous-subsidié qui offre des soins de qualité inférieure pour les pauvres – aurait pu être faite séparément, en même temps qu’une augmentation de la prise de participation du fédéral pour en augmenter la qualité.

Au lieu de cela, le Congrès et l’administration Obama, encombrent les américains d’un ensemble de mesures individuelles onéreuses, de nouvelles taxes sur les plans santé des travailleurs, d’innombrables petits gestes amicaux envers les assurances et la puissante industrie pharmaceutique ; une perpétuation de la fragmentation et des disfonctionnements de ce système insoutenable qui exige un tribut si pesant de la part de notre économie de la santé aujourd’hui.

Le passage de ce projet de loi est le reflet de considérations politiques, pas d’une politique de la santé. En tant que médecins, nous ne pouvons accepter cette inversion des priorités. Nous cherchons des remèdes basés sur une réalité, qui aideront nos patients, pas des placebos.

Un authentique solution saute pourtant aux yeux. Au plus tôt au mieux, notre nation devra adopter un programme national incluant un paiement unique d’assurance santé. Un système Médicare amélioré et pour tous. Seul un système à paiement unique peut assurer de manière réellement universelle des soins abordables et dans un système global pour tous.

En remplaçant les assureurs privés par un système rationnalisé de financement public, notre nation pourrait épargner annuellement 400 milliards de dollars en gaspillages de frais administratifs. Ceci est suffisant pour couvrir tous les gens qui ne sont pas assurés et pour revaloriser la couverture santé de tous les autres sans avoir à augmenter les dépenses de santé des USA d’un seul penny.

Qui plus est, seul un système à paiement unique offre des outils efficaces pour le contrôle des coùts comme ceux des achats en gros, la négociation des honoraires, la budgetisation glabale des hôpitaux et les plannifications majeures.

Les sondages montrent que près des deux tiers de l’opinion publique soutient cette approche et des résultats récents, témoignent que 59 pour cent des médecins soutiennent l’action du gouvernement pour l’établissement d’une assurance santé nationale. La seule chose qui soit nécessaire pour accomplir cette mission est la volonté politique.

Les dispositions majeures du présent projet de loi ne prendront pas effet avant 2014. Bien qu’il nous soit conseillé “d’attendre pour voir” comment se déploient les effets de cette réforme, nous ne pouvons pas attendre, ni nos patients ne le peuvent. Les enjeux sont trop importants.

Nous nous engageons à poursuivre notre travail avec pour but la seule réponse équitable, humaine et financièrement responsable que l’on puisse apporter au désastre de notre système de santé : une assurance santé nationale étendue et meilleure, pour tous et à paiement unique. Pro-single-payer doctors Oliver Fein, M.D. President Garrett Adams, M.D. President-elect Claudia Fegan, M.D. Past President Margaret Flowers, M.D. Congressional Fellow David Himmelstein, M.D. Co-founder Steffie Woolhandler, M.D. Co-founder

Quentin Young, M.D. National Coordinator Don McCanne, M.D. Senior Health Policy Fellow