Hier, François Hollande a fait sa première conférence de presse. Une nécessité pour fixer un cap clair à son action, que les Français peinaient à comprendre. S’il a réussi à remettre de la perspective à son action, pas sûr que sa ligne social-libérale lui permette d’entamer une véritable reconquête.
Une véritable cohérence
Cette conférence de presse a eu un vrai mérite pour l’équipe au pouvoir, à savoir expliquer la cogérence de son action depuis le mois de mai. Et à dire vrai, une véritable cohérence s’en dégageait. Alain Duhamel disait hier matin qu’il pensait que François Hollande avait commencé son mandat avec des mesures socialistes, puis qu’il avait viré social-démocrate avec son budget d’austérité avant de passer carrément social-libéral en acceptant les conclusions du rapport Gallois.
Mais ce n’est pas l’impression que la conférence de presse laissait. Françoise Fressoz du Monde a bien résumé la situation en affirmant que « Hollande assume enfin l’hollandisme ». En fait, ce président à la fermeté un peu surjouée a totalement assumé son social-libéralisme refusant d’admettre le moindre virage. Et pour être honnête, la mise en perspective de ses promesses de campagne et de la politique menée depuis six mois semblait finalement très cohérente.
Le président a commencé par rappeler les mesures de justice prise dès le début du mandat : la baisse de la réumération des ministres et des patrons du service public, la création d’emplois dans l’éducation, les hausses de l’allocation de rentrée et du SMIC, le retour de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler jeune. Dommage que personne ne l’ait repris sur la hausse du SMIC, en lui rappelant qu’il a été trois fois moins généreux que Chirac en 1995.
Bricolages dans un cadre néolibéral
Mais ce qui frappe dans cette conférence de presse c’est l’absence totale de remise en cause du cadre économique qui nous a mené dans l’impasse dans laquelle nous sommes et la proximité avec l’équipe précédente sur un certain nombre de sujets : baisse du déficit public à 3% en 2013, camisole budgétaire, baisse du coût du travail financé par une augmentaiton de la TVA et baisse des dépenses publiques. Sur tous ces sujets, quelle différence entre PS et UMP ?
Le président de la République s’est ainsi fixé trois priorités pour son action : la réorientation de l’Europe, le désendettement et la compétitivité. Un peu de recul permet de voir à quel point cet agenda est peu social. Et cela est d’autant plus vrai que la réorientation de l’Europe est totalement dérisoire, Paul Krugman ayant qualifié le plan de croissance de juin « de pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge ». Désendettement et compétitivité sont aujourd’hui l’agenda de la troïka européenne.
En fait, François Hollande refuse de remettre en cause cette union monétaire désastreuse, qui impose une politique unique pour des pays trop différents, il ne remet pas en cause la politique monétaire (au contraire de la Grande-Bretagne), il refuse le protectionnisme avec des pays où les salaires sont 5 à 10 fois plus bas, se condamnant à voir progresser le chômage et se poursuivre les délocalisations, laissant Arnaud Montebourg s’agiter en disant être au côté des travailleurs.
Bien sûr, il reste les réformes dites de société pour se démarquer de la droite, mais là encore, le courage n’est pas le fort du président. S’il va de l’avant sur le mariage pour tous, on peut se demander si ce n’est pas seulement parce que les sondages indiquent qu’une majorité des citoyens y est favorable. En effet, son refus d’envisager un référendum sur le droit des étrangers marque une forme de recul qui s’explique sans doute par l’opposition d’une majorité de la population.
Bref, il y a bien une cohérence dans son action : l’adaptation à la marge de la mondialisation néolibérale où quelques mesures sociales donnent à peine le change. Mais est-ce vraiment surprenant de la part du fils politique de Jacques Delors et Lionel Jospin ?