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L’Europe aux périls de l’euro

La crise grecque est devenue désormais une crise de l’Union européenne. Quelle que soit son issue, les fondements mêmes de l’UE ont été durablement ébranlées.

La prolongation de la réunion de l’Eurogroupe, censée se terminer samedi 11 juillet et qui a été étendue au dimanche 12, l’annulation du sommet européen des chefs d’États et de gouvernements, sont des signes évidents de l’ampleur et de la profondeur de cette crise. Elle n’aura probablement pas de vainqueur, à moins que l’on en passe par les conditions posées par l’Allemagne, mais les vaincus seront nombreux. Et, au premier plan, les fanatiques de la construction européenne, les talibans de l’euro. Car, la cause réelle, la cause évidente, de cette crise ce n’est pas le problème de l’endettement de la Grèce, mais c’est le fonctionnement de la zone Euro, qui dresse les peuples les uns contre les autres et qui ranime les pires des souvenirs de l’histoire européenne. Si l’Union européenne et l’Europe sont deux choses différentes, aujourd’hui, ce qui se joue à Bruxelles n’est plus seulement la Grèce ou l’euro, c’est l’avenir de l’Europe et l’existence même de l’Union européenne.

 

La responsabilité de l’Euro

Il est désormais évident pour l’ensemble des observateurs que la cause profonde de cette crise est à chercher dans le fonctionnement de la zone euro. On l’a déjà écrit à de multiples reprises dans ce carnet. Le projet de création d’une monnaie unique, sans assurer dans le même temps les conditions tant économiques qu’institutionnelles de la viabilité de cette monnaie, ne pouvait qu’entraîner un désastre. Il fallait se résoudre à une « union de transfert ». On ne l’a jamais fait. Si, dans des pays fédéraux comme l’Inde, l’Allemagne ou les États-Unis une même monnaie fonctionne en dépit des divergences parfois extrêmes qui existent entre les territoires composant ces pays c’est avant tout parce qu’existent des flux de transfert importants. Ceci n’a pu être mis en place au sein de la zone euro, en raison de l’opposition de nombreux pays mais, par dessus tout, en raison de l’opposition totale de l’Allemagne.

Beaucoup de ceux qui écrivent en faveur de l’Euro se lamentent alors sur ce qu’ils appellent « l’égoïsme allemand » [1]. Ils ne prennent jamais la peine de chercher à mesurer ce que coûterait à l’Allemagne le financement de ces flux de transfert. Le calcul a été présenté dans ce carnet [2]. Il se montait alors autour de 260 milliards d’euros par an, sur une période de dix ans, et ce uniquement pour aider les 4 pays du « Sud » de la zone que sont l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce. Sur cette somme, on peut penser qu’environ 85% à 90% serait fourni par l’Allemagne. On aboutit alors à un prélèvement sur la richesse produite en Allemagne compris entre 8% et 9% du PIB. Une autre source estimait même ce prélèvement à 12% [3]. Il est clair qu’imposer un tel prélèvement à l’Allemagne détruirait son économie. La question donc n’est pas que l’Allemagne ne veuille pas (ce qui est un autre problème) mais avant tout qu’elle ne peut pas supporter de tels prélèvements.

Lire la suite de l’article sur russeurope.hypotheses.org

Notes

[1] Voir Michel Aglietta, Zone Euro : éclatement ou fédération, Michalon, Paris, 2012.

[2] http://russeurope.hypotheses.org/453

[3] Patrick Artus, « La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l’Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui », NATIXIS, Flash-Économie, n°508, 17 juillet 2012.

 
 






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15 Commentaires

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  • #1227235
    Le 12 juillet 2015 à 18:09 par Anonyme
    L’Europe aux périls de l’euro

    Ce sont ceux qui ont trafiqué et ceux qui savaient que les comptes de la Grèce étaient faux qui devraient payer la dette pourquoi personne n’en parlent de ceux là. ...

     

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    • #1227325
      Le Juillet 2015 à 20:24 par RSS
      L’Europe aux périls de l’euro

      Dans l’échelle des responsabilités, vous trouvez :

      1.1 le gouvernement grec de l’époque
      1.2 Goldman Sachs
      2.1 De 1979 à 1984, Ernest Glinne dirigeait, socialiste, dirigeait la Communauté Economique Européenne
      2.2 L’ensemble des présidents des 10 pays : RDA, Belgique, Dan., France, Irlande, Italie, Luxemb. P. Bays, RU
      2.3 L’aval des ministres des finances de ces 10 pays.

      Il est vrai que Goldman Sachs n’est pas à son premier coup d’essai en matière de dissimulation d’informations, son nom revient systématiquement dans toutes les affaires louches avec HSBC + le trident du diable = FMI / BCE / FED.

       
    • #1227378
      Le Juillet 2015 à 21:59 par RSS
      L’Europe aux périls de l’euro

      Dans l’échelle des responsabilités, vous trouvez :

      1.1 le gouvernement grec de l’époque
      1.2 Goldman Sachs
      2.1 De 1979 à 1984, Ernest Glinne dirigeait, socialiste, dirigeait la Communauté Economique Européenne
      2.2 L’ensemble des présidents des 10 pays : RDA, Belgique, Dan., France, Irlande, Italie, Luxemb. P. Bays, RU
      2.3 L’aval des ministres des finances de ces 10 pays.

      Il est vrai que Goldman Sachs n’est pas à son premier coup d’essai en matière de dissimulation d’informations, son nom revient systématiquement dans toutes les affaires louches avec HSBC + le trident du diable = FMI / BCE / FED.

       
    • #1227487
      Le Juillet 2015 à 01:35 par Chrétien Evangeliste ni Catho ni Protestant
      L’Europe aux périls de l’euro

      Sans parler des Allemands qui doivent aux Grecs, au moins le double de la dette Grecque en dommages de guerre. Qu’ils remboursent les grecs !!!

       
  • #1227250
    Le 12 juillet 2015 à 18:38 par Antivol
    L’Europe aux périls de l’euro

    Pourquoi je comprends rien, snifff
    Il y a eu un référendum, le peuple dit non, et le résultat c’est oui en pire encore.
    Pourquoi avoir fait un ref. alors ?? en plus ça doit coûter grave un référendum
    Si quelqu’un peut m’expliquer le paradoxe j’en saurais gré.

     

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    • #1227572
      Le Juillet 2015 à 09:40 par obrasley
      L’Europe aux périls de l’euro

      Referendum ca ne veut plus rien dire pour nos gouvernants
      Les grecs ont dit Non aux mesures d austérités proposées par notre belle Union Euro...lol
      En 2005 le peuple Français a rejeté le Traité Européen mais Sarko nous l a glissé deux ans après avec le traité de Lisbonne.
      Alors la voix du peuple, ils s en tapent le coquillard.
      Les grecs recevront 50Milliards et les Français donneront 18Milliards dans cette histoire

       
    • #1227616
      Le Juillet 2015 à 11:19 par Louis Delga
      L’Europe aux périls de l’euro

      L’indifférence des politiques face au "NON" du référendum grec nous démontre encore que la notion de démocratie est illusoire. Ces lobbyistes financiers corrompus à la tête des nations occidentales se moquent éperdument de l’avis et du bien-être des individus. Seules comptent leurs ambitions égoïstes et démentielles pour asseoir une domination toujours plus prononcée. Le peuple ne prendra jamais le pouvoir que par la force...

       
  • #1227267
    Le 12 juillet 2015 à 19:01 par Marcorèle
    L’Europe aux périls de l’euro

    je ne partage pas la conclusion où Sapir étale sa foi en un possible esprit européen de solidarité qui permettrait le démontage en douceur de l’union européenne . L’union européenne dans ses institutionsest le fruit d’une construction ultra libérale où prime les intérêts à court terme. Vous imaginez deux secondes que ces gens à Bruxelles tout à coup touchés par la Grâce de L’Esprit Saint vont s’entendre pour découdre ce quiest leur seul raison de vivre ? Le pire c’est Hollande qui veut maintenir la Grèce dans l’Euro dans des années d’austérité avec une dette exponentielle au nom d’une solidarité européenne qui n’a jamais existé quel faux cul ! Oui je préfère encore le cynisme de Merkel . L’Union européenne a été taillé pour lAllemagne c’est àprendre ou à laisser

     

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  • #1227273
    Le 12 juillet 2015 à 19:08 par la pythie
    L’Europe aux périls de l’euro

    Allons, monsieur Sapir, cette crise ne vous rappelle pas la crise japonaise des années 90 ? à l’époque, nos amis américains avaient miné et détruit durablement le système financier nippon ; ce dont ce pays n’est toujours pas remis depuis...et aujourd’hui, c’est le tour de l’Europe : le cheval de Troie grec est chargé d’ébranler la crise de confiance des obligations grecs dans le but de détruire le système bancaire et financier européen ( allemand et français, surtout )...sachez, par exemple, que l’Allemagne dispose de centaines de milliards d’euros de bons du trésor hellène ; et un défaut grec coulerait la Deutsch Bank dès demain matin...

     

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    • #1227434
      Le Juillet 2015 à 23:45 par fautqueçachange
      L’Europe aux périls de l’euro

      Merci pour cet éclairage auquel je souhaiterai ajouter le 11 septembre comme principale attaque américaine contre le danger euro qui s’est très vite séparé vers le haut de la parité du dollar. Bien qu appartenant à l’’élite communautaire, DSK a du en faire les frais pour avoir défendu l’euro à la tête d’une structure majeure du système financier mondiale d’ obédience américaine.

       
  • #1227283
    Le 12 juillet 2015 à 19:17 par Eric
    L’Europe aux périls de l’euro

    ’Pour de nombreux dirigeants dans les pays de l’union européenne l’Euro n’est pas un instrument, c’est une religion, avec ses grands prêtres et ses excommunications."

    Il en va de même du capitalisme. C’est parce qu’ils sont des adeptes de la religion capitaliste, religion satanique, que des dizaines de millions d’individus souhaitent travailler pour des multinationales.

     

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  • #1227410
    Le 12 juillet 2015 à 22:40 par chibani84
    L’Europe aux périls de l’euro

    C’est une séquence qui va compter. L’Euro est en état de mort clinique. Glasco 4. Le cadavre grec ne suffira pas à sa survie. La réaction du peuple grec et de ce qu’il reste de ses corps intermédiaires sains est possible. Salutaire. Sinon convoquer les pleureuses. Et vu le régime des mesures imposées comme représailles, va falloir s’attendre à l’augmentation des suicides, des maladies, de la famine ? Le tiers monde gagne le continent européen. Et bien sûr il faudrait continuer béatement à avaler le projet indépassable de prospérité et de paix... Wait and see tout ne se joue pas dans les cabinets climatisés. Le goudron et les plumes pour le sayed. Un peu comme si BHL était président. Aux armes citoyens...Si le parlement grec vote les mesures iniques, la trahison sera complète.

     

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  • #1227559
    Le 13 juillet 2015 à 07:42 par chibani84
    L’Europe aux périls de l’euro

    Vous avez aimé l’UE, vous allez adorer le 4° Reich... Le sayed au grand père esclavagiste va s’allier aux anciennes raclures : la Droite du démissionnaire Samaras et aux crapules de ce qu’il reste du PASOK. Il va devoir abandonner ses anciens alliés d’une partie de l’extrême gauche et de la totalité des souverainistes. L’EU nous rejoue les condominiums hanséatiques...C’est le quasi retour au Moyen Age. Et avec les protestants swap, les grecs vont goûter aux joies de l’avenir et de la charité que leur réservent les touchés par la grâce. Au deuxième degré, les aboiements et les faux airs d’indignation du maçon Mélanche, l’éclate !!! Presque du Dieudonné...

     

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  • #1227725
    Le 13 juillet 2015 à 14:27 par lebelge
    L’Europe aux périls de l’euro

    Je crois qu’il est grand temps de voir les choses en face. Ce qui se passe avec la Grèce est une opération de racket avec violence des milieux financiers sur le peuple grec, qui assurément se poursuivra aux autres pays une fois la Grèce matée. La proposition avancée cette fois par l’Europe, la troïka… n’est pas des moindres et revient presque à une mise sous tutelle de la Grèce. Il y a l’enfumage pour justifier cette violence : l’augmentation de la TVA, l’élargissement de la base imposable, une stabilisation du système des pensions … ça OK. Et il y a le véritable objectif : La Grèce va aussi devoir intensifier les privatisations ! Nous y voilà. C’est le véritable but. C’est comme l’Huissier qui vient chez toi et te prend tes meubles à une valeur qu’il fixe lui, pas ce qu’ils valent vraiment. Et comme par enchantement, une fois les privatisations faites, tout se résoudra comme par un coup de baguette magique et la valeur des biens privatisé s’envolera évidemment au profit de la grande finance, pas du peuple, on comprend bien. C’est du vol pur et simple car toute privatisation si nécessaire devrait se faire lorsque le redressement économique est effectif, de sorte que ces biens soient vendus à leurs vraies valeurs.

     

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  • #1227753
    Le 13 juillet 2015 à 15:07 par lebelge
    L’Europe aux périls de l’euro

    A mon avis l’union européenne et l’euro ne sont qu’une étape, inévitablement mouvementée, vers l’instauration d’un marché transatlantique installé dans la discrétion. L’union européenne est programmée pour se saborder au profit d’une zone de libre-échange USA-UE, avec les mêmes règles économiques, et à terme la même monnaie : le dollar ! Dans 10 ans, l’euro aura disparu au profit du dollar. Pour les naïfs qui n’auraient pas encore compris, si on exige comme actuellement que tous les pays de l’union européenne se convertissent à terme à l’euro, alors tout naturellement à terme tous les pays de l’union transatlantique (cad nous) se convertiront au dollar, oui ou non ? Et on ne sera plus dépendant de la BCE (qui est déjà Goldman Sachs) mais de la banque centrale américaine. Les grecs on fait une erreur en souhaitant rester dans l’euro. Ainsi leur bourreau, la grande finance internationale, a pu constater, après le tabassage de l’austérité, que le syndrome de Stockholm fonctionne bien, cad que les victimes se prennent d’empathie pour leur bourreau. Et donc, ils montent les enchères puisqu’ils savent que les Grecs ne voudront pas quitter la galère de l’euro qui les mène à l’esclavage. Et l’esclavage est proche puisqu’il s’agit de tout privatiser en bradant les prix. La réalité c’est qu’il n’a jamais été question d’exclure la Grèce de l’euro puisque l’euro est un instrument de conquête et de soumission des peuples, pas un instrument sensé améliorer l’économie, c’est évident. Imaginez la Grèce sortir et se rapprocher de la Russie alors qu’elle contrôle l’accès à la mer noire et que les russes contrôlent maintenant la Crimée. Impensable !! Si la Grèce sortait, le nouvel ordre mondial serait mis en échec. Il est absolument évident que si la Grèce sort alors toute l’union européenne s’écroule. En effet, celle-ci ne fait que créer des désordres en Europe et ruine nos économies et pire, nous pousse à partir en guerre contre la Russie. Les eurocrates veulent-ils que l’UE s’écroule ? Non évidemment. Donc les Grecs seraient bien inspirés de sortir de l’euro MAINTENANT sinon leur calvaire se poursuivra pendant encore des années avec comme résultat une dépopulation massive et un pays qui ne leur appartiendra plus. En réalité ce n’est pas comme on dit les grecs qui ont dupés l’Europe mais l’Europe qui a dupé la Grèce sur ses vraies intentions. Il faut maintenant qu’ils sortent en vitesse.

     

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