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L’antiracisme contre les libertés

Bref éclairage sur le plan d’action de Manuel Valls

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Le gouvernement Hollande sort une nouvelle fois l’artillerie pénale dans ce qui semble être devenu sa priorité expresse : la lutte contre le racisme, plus particulièrement l’antisémitisme. Si l’intention est évidemment louable, la méthode utilisée met sérieusement à mal les libertés publiques.

Cet activisme sur le front des valeurs républicaines, qui tranche singulièrement avec une passivité manifeste sur la question de la défense des travailleurs, est lourd de conséquences. Le plan de l’exécutif, qui prévoit notamment de sortir les injures racistes et antisémites du droit de la presse, relativement protecteur, pour en faire un délit à part entière a suscité l’inquiétude des associations de défense des droits de l’Homme. Il sera désormais possible d’envoyer quelqu’un en prison, éventuellement en procédure accélérée, pour des propos jugés racistes. Le procédé est identique à celui employé dans la lutte contre le terrorisme : criminaliser les paroles ou les idées jugées incompatibles avec les valeurs de la République. Avec un risque similaire : créer purement et simplement un délit d’opinion.

En panne de légitimité « socialiste » au moment du passage en force de la loi Macron, sans doute la réforme la plus libérale votée sous la Vème République, le Garde des Sceaux annonçait un énième projet de loi contre le racisme et l’antisémitisme. La mécanique est bien rodée : surfer sur l’émotion collective provoquée par un événement dramatique pour faire passer une nouvelle loi liberticide. La dernière en date ne fait pas exception. La profanation d’un cimetière juif de Sarre-Union par cinq mineurs, qui ont saccagé 250 tombes, ainsi que les agissements de certains supporteurs de Chelsea, qui ont empêché un homme noir de monter dans le métro, ont servi de prétexte à un énième durcissement pénal. Annoncé à Créteil, lieu hautement symbolique, le nouveau projet de loi de l’exécutif fait des actes racistes et antisémites des circonstances aggravantes dans de multiples infractions. Il crée en outre une plateforme dédiée aux personnes victimes de ces actes et donne la possibilité à celles-ci de se regrouper et d’agir ensemble.

La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, décrétée par François Hollande « grande cause nationale » après les attentats du mois de janvier, faisait déjà l’objet d’une priorité expresse : par sa circulaire du 12 janvier 2015, Christiane Taubira avait demandé aux procureurs de la République de « faire preuve d’une extrême réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs d’infractions racistes ou antisémites » en insistant pour qu’une réponse pénale « systématique, adaptée et individualisée » soit apportée à chacun de ces actes. En clair : tolérance zéro pour ce type d’infraction, attitude qui contraste singulièrement avec le traitement réservé à la délinquance classique, un champ largement délaissé par le gouvernement.

Le nouveau plan de l’exécutif consacré à la lutte contre le racisme est doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros sur 3 ans, ce qui peut surprendre en ces temps de disette budgétaire. Mais le volet préventif est ambitieux : « communication offensive » pour inculquer dès le plus jeune âge les valeurs de tolérance avec une batterie de mesures pédagogiques dans les écoles et des campagnes d’affichage, mise en place d’une instance opérationnelle de lutte contre le racisme et l’antisémitisme dans chaque département, création d’une « unité nationale de lutte contre la haine » sur Internet, aide accrue aux victimes et renforcement de la sécurité des lieux de culte, des écoles et des points de rassemblements juifs.

Si l’intention de lutter contre le racisme est louable, on peut s’interroger sur sa finalité. Et sur cette question, les dérives de la lutte antidjihadiste sont riches d’enseignement : pour simplement avoir refusé la minute de silence après les attentats de Charlie Hebdo ou avoir posté un message provocateur sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes – parfois des collégiens – ont été inculpées d’« apologie du terrorisme », innovation juridique de la loi Cazeneuve votée en novembre dernier, passible de 7 années d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. Ces excès ont suscité l’inquiétude des associations de défense des droits de l’Homme. Et pour cause : nul futur terroriste derrière les barreaux mais de simples citoyens déclarés coupables d’avoir déserté la mobilisation générale pour la « guerre contre le terrorisme ». De façon similaire, on peut craindre que l’accusation d’antisémitisme serve à criminaliser l’opposition à la politique israélienne ou à la soumission de la France au lobby pro-israélien, surtout quand on entend Manuel Valls décréter que la « haine du juif » se nourrit de l’antisionisme. Dominique Reynié, politologue assermenté au micro de France Inter, identifiait même le Front de gauche à un « foyer d’expression de l’antisémitisme ». Les électeurs de Marine Le Pen et les Français musulmans, victimes de la politique mondialiste du gouvernement socialiste, étaient pour l’occasion mis dans le même sac. Et sans surprise, la réponse consistant une fois de plus à museler Internet, en particulier les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos où « se retrouvent ces publics-là ».

« Touche pas à mon pote » ou l’éternel retour de la question sociétale en lieu et place de la question sociale. L’antiracisme est devenu le seul marqueur de gauche d’une politique totalement acquise au libéralisme économique et aux effets collatéraux redoutables : durcissement des clivages intercommunautaires, stigmatisation des Français dits « de souche » et réduction de la liberté d’expression publique. La lutte légitime contre l’antisémitisme est parfois le masque d’une défense du sionisme. Dénoncer la mainmise de la finance internationale sur l’économie française, contester le pouvoir des banques, ou encore défendre la cause des peuples opprimés par l’impérialisme sioniste ou étasunien vaut excommunication. Le vrai antisémitisme est très minoritaire en France, comme le montrent les études d’opinion, mais il pourrait bien se développer à la faveur de ces campagnes à répétition qui visent à criminaliser indirectement l’expression d’opinions ou d’analyse contestataires de l’ordre dominant. Elles finiront à force de durcissements par ne laisser au citoyen que deux options : se soumettre ou devenir un délinquant d’opinion.

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  • #1166558
    Le 19 avril 2015 à 19:54 par jean
    L’antiracisme contre les libertés

    Pour répondre à un des propos du début du texte de l’excellent Mr Bourgoin, je me permettrais de dire que, non, l’intention n’est pas louable. Sincère ou manipulé, vrai ou faux, anti ou pro, le racisme n’est la supercherie numéro un du système mais plutôt l’un de ses combats les plus exclusifs, l’une de ses raisons d’exister les plus fondamentales ; il est l’une des composantes du génome capitaliste. Le racismeantiracisme n’est un masque de la marchandise ; il est à l’instar de la droite et de la gauche un de ses visages. Quiconque lutte pour le racisme ou contre le racisme est un valet du capital.

     

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    • #1166885
      Le Avril 2015 à 10:14 par pou
      L’antiracisme contre les libertés

      Rassurez-vous ami, on a bien compris qu’est raciste celui qui se plaint d’envahissement, antisémite celui qui se plaint de vampirisation, xénophobe celui qui se plaint d’évincement. On a bien compris qui est aux manettes, comment et pourquoi. Aucun doute là-dessus...

       
  • #1166571
    Le 19 avril 2015 à 20:26 par Mojo Risin
    L’antiracisme contre les libertés

    A quand des vidéos de formation ?
    Je ne suis pas sûr que tous les posteurs se rendent bien compte de ce que cette loi permet. Il va y avoir une vague de mise en examen, médiatisée, des exemples choisis sur certains forums etc.

     

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  • #1166585
    Le 19 avril 2015 à 20:49 par Patrick O. R.
    L’antiracisme contre les libertés

    Je vous ai écrit cela car vous m’avez accompagné depuis de nombreuses années, dans la prison à ciel ouvert qui a été édifié autour moi depuis que j’ai publié cet ouvrage, qui ne parle que de la Bible expliqué par la Bible du commencement jusqu’à la fin.
    Et j’ai juste un petit cadeau pour toi Alain : tu es brave, tu es un homme exceptionnel, un patriote courageux, et tu fais un travail énorme. Seulement sur la question de l’Ancien Testament tu as tout faux, alors arrête de blasphémer. Puisse le Seigneur te faire la grâce de la repentance, car ici il s’agit non pas de sauver la France, mais ton âme.
    J’espère que vous avez tous compris que nous y sommes !
    Apocalypse 13:15 " Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués.".

     

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  • #1166748
    Le 20 avril 2015 à 00:28 par listener
    L’antiracisme contre les libertés

    Le résultat, c’est que le racisme sera maintenant synonyme de liberté. Etre raciste, ce sera être un homme libre ! Beau résultat ! Le racisme qui n’était qu’un sujet de conversation pour érudits salonnards du 19ème siècle (le cercle Comte de Gobineau), va devenir l’étendard de la liberté d’expression et de la liberté tout court. Crétins.

     

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  • #1166843
    Le 20 avril 2015 à 08:34 par ouf
    L’antiracisme contre les libertés

    Ce monsieur est clairement atteint de monomanie pathologique. Étant données les responsabilités dont il a été investi, il conviendrait de le soumettre à un examen psychiatrique poussé avant que son état ne devienne un danger pour le Pays.

     

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  • #1166852
    Le 20 avril 2015 à 08:56 par loco
    L’antiracisme contre les libertés

    Semble atteint de donquichottisme aigu, ce qui est normal quand Sancho Pança est aux manettes et qu’on est espagnol. Les moulins à vent du rassisse et de lanticémitisse l’obsèdent au point de ne le plus laisser descendre de sa haridelle. On dirait le pupitre et le micro auquel il s’agrippe en permanence, comme devenus des excroissances intégrantes de son individu ; des accessoires indispensables au service d’une névrose en phase frénétique. Il est comme vissé à ces meubles et doté d’inépuisables ressources en postillons aux propriétés inquiétantes. Il est regrettable qu’il n’ait retenu du Français, que le vocabulaire consacré aux menaces, aux insultes, à la coercition, à la manipulation et à la trahison.

     

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  • #1167031
    Le 20 avril 2015 à 13:46 par ggrl
    L’antiracisme contre les libertés

    L’antiracisme : la nouvelle diversion après le mariage pour tous. Méfiez-vous petits politiques, les gens que vous humiliez ont la mémoire tenace.

    J’en profite pour saluer le travail phénoménal du site, même si je ne suis pas entièrement d’accord avec tous les articles. Respect.

     

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  • #1167167
    Le 20 avril 2015 à 16:39 par Fred
    L’antiracisme contre les libertés

    ... la bonne vieille technique de l’écran de fumée, déjà pratiquée en début de mandat présidentiel avec du bla-bla sociétal (égalité des sexes, mariage pour tous...) et de la production législative à mille lieues des préoccupations économiques d’une majorité de françaises et de français ; cette fois, on nous ressort l’antiracisme (pour la poignée de militants de SOS-Racisme qui y croient encore et qui vont finir par se compter sur les doigts d’une main...), mais surtout, l’an-ti-sé-mi-tisme, en tentant d’accréditer l’idée qu’on est en train de reconstituer le ghetto de Varsovie en France au prétexte que des propos et des écrits irresponsables circulent sur la toile (internet est un tout-à-l’égout, ce n’est pas nouveau, même s’il n’est pas que cela, en aucun cas il ne doit servir de thermomètre, l’instrument est tout, sauf fiable). La réalité, c’est que de moins en moins de citoyens mangent de la purée en regardant la télé, et ça, ça pose problème à notre classe politique, de droite, de gauche ou d’extrême centre : imaginons que la lobotomie télévisuelle n’agisse plus, que les citoyens boudent les urnes (ce qu’ils ont commencé à faire lors des trois derniers scrutins) et se mettent à aller s’informer ailleurs qu’aux sources officielles, lassés des discours caricaturaux, des analyses à deux balles et du faux clivage droite/gauche auquel plus personne ne croit ... "... et là, Chef, on a un problème, après les urnes, je crois qu’ils boudent Pujadas, Canal +, BFM-Machin, Télé-Truc ... etc ...Qu’est-ce qu’on fait Chef ? La boîte à cons (la télé), ça ne fonctionne plus, c’est internet maintenant ". La solution ? Tout simple : surveiller et punir sur Internet. "Bah ouais Chef, mais on a quand même défilé, en janvier dernier, avec nos badges "Je suis Charlie"... la liberté d’expression, tout ça, on en fait quoi ?". Tout ça nous promet de la langue de bois format baobab et de la gestion de contradictions niveau Bac + 20 ....

     

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  • #1168130
    Le 22 avril 2015 à 01:50 par Pierre Ghi
    L’antiracisme contre les libertés

    Le peuple de France n’a plus la liberté de ne pas être raciste ni celle de ne pas être antisémite.
    La Valls des étiquettes prend fin pour tous les goyim de la république française.
    Bientôt, c’est la distribution des étoiles avant la rafle des non-juifs et leur déportation vers les camps de travail ou vers les camps de la mort.
    Avec les pharisiens, l’histoire ne fait que se répéter, seules les victimes diffèrent, pas leur ethnie.

     

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  • #1170021
    Le 24 avril 2015 à 19:20 par Nicolas Cuchet
    L’antiracisme contre les libertés

    Je rêve d’une liberté d’expression à l’américaine, où on peut exprimer ses idées politiques, même les plus extrêmes.

    Je remercie Alain Soral ainsi que les webmasters (webmestres) de ce site internet.

     

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