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La Chanson de Craonne

Les Poilus dénoncent une "guerre infâme"

La Chanson de Craonne (du nom du village de Craonne) est une chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917. Elle est interdite par le commandement militaire, qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes, défaitistes et subversives incitant à la mutinerie [1].

 

 

Les paroles

Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s’en va là-haut en baissant la tête

Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

Refrain

C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr’ les biens de ces messieurs là

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

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49 Commentaires

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  • #1315137
    Le 11 novembre 2015 à 18:39 par Alfredo
    La Chanson de Craonne

    Chanson émouvante car pleine d’esprit français : comique, bravoure, fronde, amour de la vie et des femmes !
    Tout est dit, pas de meilleure définition de l’esprit français !

     

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  • #1315148
    Le 11 novembre 2015 à 18:49 par Mélomane Malin
    La Chanson de Craonne

    la vie m’a fait rencontrer un de ces poilus. Et du haut de ses 90 ans, il n’avait rien oublié. il me disait "y’avait pas grand chose a manger, mais on manquait jamais de gnole.."
    et quand on voit ces images on se dit qu’il est impossible d’y aller a jeun.

     

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  • #1315149
    Le 11 novembre 2015 à 18:58 par Diomède
    La Chanson de Craonne

    C’est très bien de glorifier les mutins, trouillards et autres rebelles, mais il a aussi existé de vrais héros qui ont fait la guerre sans pleurnicher :

    La guerre est la plus forte rencontre des peuples. Alors que commerce et circulation, compétitions et congrès ne font se joindre que les pointes avancées, la guerre engage l’équipe au complet, avec un objectif seul et unique : l’ennemi. Quels que soient les problèmes et les idées qui agitent le monde, toujours leur sort se décida par la confrontation dans le sang. Certes toute liberté, toute grandeur et toute culture sont issues du silence de l’idée, mais seules les guerres ont pu les maintenir, les propager ou les perdre. La guerre seule a fait des grandes religions l’apanage de la terre entière, a fait surgir au jour, depuis leurs racines obscures, les races les plus capables, a fait d’innombrables esclaves des hommes libres. La guerre n’est pas instituée par l’homme, pas plus que l’instinct sexuel ; elle est loi de nature, c’est pourquoi nous ne pourrons jamais nous soustraire à son empire. Nous ne saurions la nier, sous peine d’être engloutis par elle.

    Ernst Junger, La guerre comme expérience intérieure

     

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    • #1315164
      Le Novembre 2015 à 19:15 par Titus
      La Chanson de Craonne

      C’est très bien de glorifier les mutins, trouillards et autres rebelles, mais il a aussi existé de vrais héros qui ont fait la guerre sans pleurnicher




      La chanson de Craonne ne glorifie ni les mutins, ni les rebelles, mais rend compte du quotidien affreux de ceux qui sont allés au front, qui ont vu "l’arrière" festoyer à l’occasion de permissions, et qui sont retournés mourir au front malgré tout.

      Gloire et honneur à tous nos grands-pères ou arrière-grands-pères morts au champ d’honneur et honte à toi, qui n’a connu que la paix et qui se permet de juger nos valeureux et courageux parents (les tiens étaient sûrement restés planqués à l’arrière) !

       
    • #1315291
      Le Novembre 2015 à 22:15 par Dom
      La Chanson de Craonne

      C’est très bien de glorifier les mutins, trouillards et autres rebelles, mais il a aussi existé de vrais héros qui ont fait la guerre sans pleurnicher



      Trouve-nous les membres de ta famille tués, à moins qu’ils ne faisaient partie de ces embusqués des grands boulevards.

      Cette grande boucherie à d’abord été le massacre de toute la paysannerie traditionnelle française et ils étaient des gamins pour la plupart, Ils étaient devenus inutiles et sont morts pour les banquiers et les marchands d’armes.

      N’hésite pas à nous communiquer le résultat de tes recherches, les fiches militaires des décès sont numérisées ici :

      Base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale

       
    • #1315380
      Le Novembre 2015 à 00:06 par SpiritusRector
      La Chanson de Craonne

      @Diomède

      Je suis d’accord avec Ernst.

      Concernant ton message d’introduction cela dit, ne soyons pas trop prompts à porter des jugements de valeurs purement intellectuels sur des gens ayant vécu des situations que nous ne connaissons pas.

      La réalité est complexe, tout héro à sa part égale de lâcheté, et inversement pour le lâche.
      Le plus souvent c’est la vie (par l’expérience et l’éducation) qui décide en effet, quelle part sera révélée chez les uns et les autres.

      A titre individuel, je pense que le bon postulat est de toujours considérer que nous avons ce qu’il faut en nous, mais que si nous ne nous battons pas pour nous révéler dans la difficulté, nous tombons dans l’avilissement de la lâcheté.

      C’est la gloire ou le gouffre, mais les deux ont leurs degrés... Nous nous faisons une bonne idée des derniers niveaux du gouffre...
      Grâce à ces pauvres merdes télévisuelles, cinématographiques, politiciennes, journalistiques et aux autres parasites, tenues par leur voitures, leurs "amis" et leurs mariages bidons, qui sont une extrême minorité numérique mais dont la médiocrité occupe une grande partie de l’esprit et de l’espace virtuel humain...

      Quant à la gloire, certains nous aient aussi à en percevoir les degrés...

      A la fin, chacun a ce qu’il mérite.

       
    • #1315577
      Le Novembre 2015 à 11:50 par Diomède
      La Chanson de Craonne

      Mon message était bien sûr provocateur. S’il se vante, je l’abaisse...

      Le misérabilisme de beaucoup de commémorations n’aurait pas plu à une génération qui n’avait pas l’habitude de se plaindre.

      Une majorité silencieuse a combattu avec dignité et témoigné avec une pudeur qui ne s’y retrouverait pas.

      Polémos est père de toutes choses, disait Héraclite.

       
  • #1315155
    Le 11 novembre 2015 à 19:04 par Erdoval
    La Chanson de Craonne

    Bel hommage à tous nos morts ; bel avertissement à nous tous les vivants jeunes et moins jeunes manipulés par des intérêts mondialisés planqués qui voudraient bien nous voir nous entretuer une fois de plus. Actuellement on nous envoie par bateaux des cohortes de pauvres hères chassés de leurs pays par des intérêts étrangers qui espèrent bien que cela finira par des massacres. A quand la bataille de Calais ?

     

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  • #1315221
    Le 11 novembre 2015 à 20:18 par durandal
    La Chanson de Craonne

    Paroxysme de la guerre industrielle, cette "grande guerre" est une boucherie au sens stricte du terme, mon sentiment est qu’au delà des intérêts macro politique et macro économique de l’époque qui expliquent les convergences qui mènent toujours à un conflit, il existe une volonté, une stratégie délibérée derrière ce massacre. Autrement quelle logique amène une classe dominante à faire massacrer sa main d’œuvre hors des limites de "pertes acceptables" ? Épuisant les forces vives de toute une nation. En y réfléchissant bien, ce qu’on croit être la conséquence d’erreurs tactiques peut selon moi être bien au contraire vu comme le but final : une épuration, un écrémage inversé. Avec la trahison (facile à monnayer) d’une partie suffisante des élites de l’époque, une minorité agissante pousse un peuple au sacrifice inutile. L’absurdité de l’histoire, l’incompétence présumée des généraux de l’époque... autrement dit la version officielle des manuels d’histoire de nos chères têtes blondes doivent pousser le curieux à pencher vers des questionnements a minima. Pour ma part je flaire l’arnaque et mon instinct me dit qu’il s’agissait d’épuiser le sang. Et pour le reste, à qui profite le crime ? Et bien, qui est sorti grand gagnant de ce siècle de fer et de sang ?
    J’ai donc du mal a comprendre l’attitude de jugement des puristes qui n’acceptent pas qu’on critique leur chère "grande guerre" en traitant de lâche ceux qui chantaient ne pas vouloir remonter au front, bien assis derrière son écran dans une époque de paix (branlante), cette fierté de carte postale droitarde ça sent la bêtise crasse, loin d’être anti-militariste ou un pacifiste idiot je ne confond pas héroïsme et aveuglement. Mais visiblement certains n’apprennent pas des leçons de l’histoire et je sais déjà qu’on en reprendra une grande louche, pas sous la même forme mais on va y avoir droit quand même.

     

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  • #1315225
    Le 11 novembre 2015 à 20:21 par adam
    La Chanson de Craonne

    mes condoleances a tous ces braves gars qui sont allés a l’abattoir , en 1914 l’Europe dominaient le monde 1918 , l’Europe est endettée et Israël est créée ...debut de changement de suprématie avènement des États-Unis d’Amérique

     

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  • #1315258
    Le 11 novembre 2015 à 21:20 par andremo
    La Chanson de Craonne

    J’ai 55ans et j’ai encore le souvenir de ma grand mère qui me disait : " tu sais dédé ton grand père chantait craonne quand il avait bu un coup de trop" J’ai compris plus tard pourquoi.
    Je pense encore parfois à lui et toute cette génération de paysans et d’ouvriers qui est allée se faire massacrer pour le seul intérêt de certains banquiers et industriels.
    Je pense aussi à ceux d’en face qui n’en savaient pas plus et qui mourraient de la même façon.

     

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  • #1315450
    Le 12 novembre 2015 à 06:35 par alcalino terreux
    La Chanson de Craonne

    La dernière strophe est remarquable de justesse.

     

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  • #1315638
    Le 12 novembre 2015 à 13:29 par paramesh
    La Chanson de Craonne

    mon grand père m’avait raconté sa guerre comme bidasse dans les tranchées de la marne, puis Verdun. j’avais à peine sept ans mais je m’en rappelle comme si c’était hier, il en parlait comme d’un autre monde, en gros un enfer quotidien : les rats, la vermine, la pluie continuelle qui inondait régulièrement les tranchées avec la boue qui dégueulait entre les planches, et la dedans, il fallait vivre, manger (de la merde) boire le fameux pinard au bromure (pas parce que ça coupe la libido, mais parce que ça rend docile)
    faire ses besoins et dormir dans le froid et l’humidité perpétuelle. ça c’était pendant le repos,
    Les combats c’était le jackpot:prévenus au dernier moment, un coup de gnôle, et les obus,qui déplaçaient des tonnes de boue mélée de barbelés et surtout les mitrailleuses qui fauchaient les types par grappe dès qu’ils sortaient de leur trou,
    et bien sûr le chlore (ce gazage là on n’en parle plus mais quand j’étais petit les anciens gazés de 14-18 on ne pouvait pas les louper, ils faisaient de drôles de bruits.
    et puis la folie, c’était tellement dur et inhumain que tous les jours des types pétaient complètement les plombs (hurlements et actes incontrôlables). et tout ça pour avancer de quelques dizaines de mètres au mieux. quant aux permissions , rarissimes et courtes donc pour lui pas question de voir la famille dans le midi.
    mon grand père qui avait connu les guerres coloniales m’avait dit : je te raconte tout ça parce que cette guerre a été la plus monstrueuse de tous les temps et il ne faut pas l’oublier (le fameux : plus jamais ça) on a vécu pire que des rats dans un égout.et il me disait ça en se marrant (va raconter des histoires pareilles à un minot de nos jours, on va le traumatiser)
    respect infini pour toutes ces gueules cassées car c’étaient des gens comme nous, juste au mauvais moment et au mauvais endroit.

     

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  • #1315798
    Le 12 novembre 2015 à 17:00 par JohnTheFisherman
    La Chanson de Craonne

    Ceux qui traitent de traîtres à la patrie les gens qui chantaient cette chanson sont complètement à côté de la plaque. Toute ma famille étant originaire du nord-est de la France, j’ai des ancêtres qui y sont restés et qui auraient surement préféré ne pas y aller si on ne les avait pas forcés.

    On dirait que certains ne comprennent pas ce qu’est la patrie. La patrie ce n’est pas un gouvernement, un état ou des frontières. La patrie ce sont les gens qui la composent avec leur culture, l’attachement à leur terroir et le sentiment d’appartenir à un ensemble.
    Aussi, quand on envoies ces mêmes personnes à la boucherie, alors qu’eux-mêmes ne courraient aucun danger, c’est comme s’attaquer à la patrie.

    Vous voulez créer une patrie qui ne sera jamais soumise et attaquées par des éléments extérieurs ? Facile, vous formez toute la population à l’indépendance (alimentaire, technologique, entreprenariale), vous leur donnez à tous une solide formation militaire et une formation à la guérilla, vous leur laissez leurs armes de formation et des munitions, ou mieux, vous les laissez faire des coopérative municipales où ils peuvent produire ce qu’ils veulent selon leur besoin.
    Eh bien je peux vous assurez que personne, aucun état, aucune "élite" n’essaiera et ne sera capable de ne serais-ce qu’importuner cette patrie.

    Je pense que les dizaines de milions de personnes qui constituent une patrie seraient prêt à se défendre sans qu’on leur demande, mais exiger d’une population qu’elle se sacrifie pour préserver des intérêts abstraits, pour une entité abstraite et pour sauvegarder une indépendance et une liberté réelle qu’ils n’ont pas, c’est un peu gonflé, et moi en tout cas, jamais je ne m’y plierai. Ce n’est pas une question de courage ou de lacheté, c’est juste une question de bon sens quand on regarde objectivement dans quel société on vit.
    L’usine Allemande ou l’usine Française, après tout quelle différence pour l’ouvrier à cette époque.
    Une patrie ou une civilisation ne résiste pas pas les sacrifices d’une population esclave, mais pas l’attachement au terroir et la culture de sa population.
    Avec toutes les années de présence occidentale, les chinois sont restés chinois, les indiens, indiens et les africains, africains (et même fortement éthnique pour ces derniers malgré les découpage abstrait des nations africaines par l’occident). La seule chose qui a soumis ces peuples, c’est le fétichisme de la marchandise.

     

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