Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Le Canapé Révolutionnaire

Le Parti du jeune postier compte plus d’élus enseignants d’un certain âge que de prolétaires. Avant de faire la révolution, la LCR a devant elle un long chemin, jusqu’à la rénovation promise. Et qui passe par le plateau de Drucker.


Difficile d’y voir clair chez les élus LCR. Sur 186 listes présentées aux municipales, 99 ont réussi à faire pénétrer un ou deux conseillers dans les mairies. Mais sur l’ensemble, seule une petite cinquantaine sont vraiment estampillés « LCR ». Les autres, issus de listes communes, s’éparpillent entre « alters » (-mondialistes, -natifs), partisans de la décroissance, écolos convaincus, membres du Parti des travailleurs, etc. Pourtant, au siège de la Ligue, on parle de victoire. Pour la première fois, le parti trotskyste a vraiment joué la carte des élections locales, à la hauteur de ses petits moyens. Olivier Besancenot s’est déplacé un peu partout pour soutenir les candidats et ça a payé. Du coup, on peut enfin voir qui sont les militants de ce parti pas comme les autres. Et là, surprise ! A l’envers des idées reçues : ses élus ressemblent beaucoup… à ceux des autres partis, justement.

Chercher l’ouvrier
« Eh oui !, reconnaît Olivier Martin, responsable de la carte électorale de ce scrutin à la LCR, même si la Ligue est une formation particulière, de ce point de vue, on ressemble aux formations classiques. » Résultat : aux deux tiers, les élus ne sont pas des ouvriers en colère brandissant leur piquet de grève, mais des enseignants ou des employés de la fonction publique entre 45 et 60 ans. Bien sûr, à Montigny ou à Ostrevent dans le Nord par exemple, on trouve aussi quelques cheminots. Quelques professions libérales émaillent également le tableau, comme le trublion du conseil de Clermont, Alain Laffont, médecin de formation. Mais sur l’ensemble, seuls deux ouvriers sont parvenus à entrer dans les conseils municipaux : Gérard Prévost, à Louviers, ouvrier chez Renault, et surtout Eric Rudwill, à l’origine de la bonne surprise de la Ligue à Quimperlé, ouvrier chez Nestlé. « Là, le conflit social a clairement joué en notre faveur », analyse-t-on d’ailleurs au siège.

Dur, dur d’être mainstream
Malgré tout, les grands discours sur l’ouverture du parti aux jeunes des quartiers populaires et aux personnes « issues de la diversité » attendent leur concrétisation. Le « nouveau parti » décidé au Congrès de janvier dernier est, paraît-il, en marche. Mais le temps presse et les signes de changement manquent : la LCR a promis qu’elle ferait sa révolution d’ici la fin de l’année. Est-ce pour donner un coup d’accélérateur au recrutement des nouveaux militants qu’Olivier Besancenot a décidé de la jouer mainstream en acceptant l’invitation de Drucker à Vivement dimanche, en mai prochain ?

Anna Borrel

Source : http://www.marianne2.fr