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Je pense que Delors était un idéaliste sincère, c’est à dire un homme dangereux, convaincu que l’abandon de la souveraineté française était un acte nécessaire et cathartique - laver la défaite de 40 - qui allait conduire aux dépassements des contradictions nationales et instituer une puissance européenne autonome.
Ce faisant, il a œuvré avec un zèle et un fanatisme tout romain à l’édification de l’Europe. Nous allons connaître l’ironie suprême : faire entrer la nation française dans le tombeau que nous avons construit nous-mêmes, grâce aux Delors, Monnet, Schuman, Pompidou, Giscard, Mitterrand... belle œuvre historique conclue par la dispersion des cendres de la souveraineté dans le grand supermarché transatlantique.
En contraste de ce romantisme franco-européen mortifère, l’attitude des Allemands a été beaucoup plus précautionneuse et réaliste. Ils avaient sans doute compris depuis longtemps que l’UE ne serait jamais rien de plus qu’un cadre économique qu’ils se sont attachés, à partir de l’échec définitif de la politique gaulienne signé par l’entrée de l’Angleterre dans l’Europe (72, trois ans après le départ de De Gaulle), à faire converger le plus possible vers le modèle allemand, grâce à une politique très habile consistant à "masquer" leur intransigeance, sur le plan de la politique monétaire et industrielle, derrière l’illusion diplomatique d’un peuple sorti de l’histoire et des affaires du monde, ployant complaisamment l’échine à chaque fois que nécessaire, se prêtant docilement à tous les diktats mémoriels et autres commémorations symboliques exigés par les sionistes français.
Kohl, qui ne ratait pas une occasion d’affirmer sa "francophilie" pour flatter la vanité française -
http://archives.lesoir.be/helmut-ko...
a ainsi offert à Mitterrand, notre président style pape de la Renaissance (donc décadent) tout ce qu’il demandait en termes d’images symboliques et d’actes confraternels permettant de célébrer le fameux "couple franco-allemand" - qui voulait bien dire, au fion, que l’un était en train de baiser l’autre -, sans jamais rien céder durant les négociations de Maastricht (92) sur la question monétaire et la convergence euro-mark qui était la seule exigence des Allemands.
Or, je remarque que l’Allemagne de la Shoah a, elle, encore le droit à une politique industrielle et migratoire, alors que la France en est réduite à négocier sur le plan international avec une famille de roms.
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