Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Le cas grec, révélateur de la tyrannie européenne et de son principe de "souveraineté limitée"

L’Union européenne se prévaut des plus hautes valeurs. De par la voix de ses dirigeants comme de ceux de ses pays membres elle affirme représenter la démocratie, la liberté et la paix. Pourtant, elle en donne concrètement une image bien différente. Non seulement elle viole ses propres valeurs à de multiples reprises, mais elle développe une idéologie qui se trouve à l’opposé, en réalité, des valeurs qu’elle prétend incarner.

L’Union européenne prétend instaurer des règles communes et des solidarités entre les pays membres, et même au-delà ; les faits démentent tragiquement, et ceci de plus en plus, les idées de solidarité même en son sein. Le budget communautaire, pourtant réduit à moins de 1,25% du PIB, est appelé à se réduire encore.

Ces deux contradictions alimentent la crise à la fois politique et économique que connaît l’UE. Elles en minent les fondements et obscurcissent de manière considérable l’avenir.

Le révélateur grec

Le traitement infligé à la Grèce est un bon exemple de la réalité des pratiques au sein de l’Union européenne ; ajoutons qu’il n’est hélas pas le seul. Mais, il sert de révélateur et il expose l’hypocrisie profonde de la construction européenne.

Rappelons les faits : la Grèce a connu une crise de la dette souveraine au début de 2010, dont les conséquences risquaient d’être coûteuses pour les banques des principaux pays européens qui avaient prêté, en toute connaissance de cause et en raison de taux d’intérêt hautement rémunérateurs, à ce pays. Les différents plans qualifiés « d’aide » à la Grèce n’ont eu pour raison d’être que d’éviter un défaut afin de permettre aux banques privées, essentiellement françaises et allemandes, de se dégager et revendre les titres grecs qu’elles avaient achetés.

Ces plans « d’aide » ont considérablement alourdie la dette. Ils ont eu pour contrepartie des plans d’austérité, mis en œuvre par ce que l’on a appelé la « Troïka », c’est à dire la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ces plans d’austérité ont à leur tour provoqué une crise économique et sociale de grande ampleur en Grèce, avec un taux de chômage de plus de 25%, une paupérisation galopante, et une destruction du système de protection sociale. Cette austérité a été imposée à la Grèce par des équipes d’experts envoyés par la « Troïka » qui sont venu s’installer dans les ministères et qui ont alors dicté leurs conditions.

À bout de force, mais aussi à bout de patience, exaspérés par l’humiliation permanente que représentait la présence des experts de la « Troïka », les électeurs grecs ont, le 25 janviers 2015, envoyés un message très clair : la population refuse l’austérité pour le compte des banquiers de Francfort ou de Paris. En portant au pouvoir une parti de gauche dont le programme promettait de mettre fin à cette austérité, tout en engageant des réformes que les autres gouvernements, tant socialistes (PASOK) que de centre-droit (Nouvelle Démocratie) s’étaient toujours refusées à faire, comme une réforme de l’assiette de l’impôt et de l’administration. Les dirigeants de SYRIZA ont décidé, pour tenter de mener à bien leur programme, de s’allier avec un parti de droite les « Grecs Indépendants ». Il faut ici rappeler que An.El (Ndlr : Ανεξάρτητοι Έλληνες / Anexártiti Éllines, abrégé en ΑΝ.ΕΛ. ou AN.EL) est certes un parti de droite, mais d’une droite que l’on qualifierait de républicaine en France. Ce parti a d’ailleurs de bonnes relations avec Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Il ne s’agit donc pas d’un parti d’extrême-droite comme le bave le triste sire Colombani [1]. Ils auraient pu s’allier avec un parti centriste, explicitement pro-européen (To Potami ou La Rivière) ou avec les débris du partit socialiste, le PASOK. Ils ont fait un choix qui n’apparaît étrange qu’à ceux qui ne comprennent pas l’enjeu de la souveraineté.

Loin de se réjouir de l’arrivée au pouvoir d’un parti, puis d’une coalition, décidé à aborder de front les problèmes structurels de la Grèce [2] qui s’appellent corruption, clientélisme et népotisme, l’Union Européenne n’a eu de cesse que de vouloir casser ce gouvernement, de lui imposer un autre programme que celui sur lequel il a été élu. Ce faisant, elle montre son total mépris de la démocratie dont ses dirigeants par ailleurs se gargarisent. Quelle que soit l’issue de la crise actuelle, que l’on ait un mauvais accord, un défaut, voir une sortie de l’euro de la Grèce, l’attitude odieuse de l’Union Européenne restera dans les mémoires de tous les européens, mais aussi des autres. On découvre ici que l’Union européenne ne se comporte pas autrement que feu l’Union soviétique en imposant une théorie de la souveraineté limitée comme ce fut le cas à Prague en août 1968. Ce faisant, elle montre le peu de cas qu’elle fait de la démocratie. Si une communauté politique n’est plus maîtresse de son destin, il ne peut y avoir de démocratie en son sein. Si l’on en veut une preuve, rappelons cette citation de Monsieur Jean-Claude Juncker, le successeur de l’ineffable Barroso à la tête de la commission européenne : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est l’affirmation tranquille et satisfaite de la supériorité d’institutions non élues sur le vote des électeurs, de la supériorité du principe technocratique sur le principe démocratique.

Lire la suite de l’article sur russeurope.hypotheses.org

Notes

[1] Colombani J-M, « Quels chemins pour les grecs ? », in Direct Matin, n° 1630, 2 février 2015, p.3.

[2] Voir l’article du Ministre des Finances, Yanis Varoufakis

Voir aussi, sur E&R :

 
 






Alerter

7 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • Voila ce qui se passe quant on elit des gouvernements qui font campagne sur le mensonge et sur la vente de reves. Bien sur que SYRIZA savait qu’il ne pourrait pas mettre en oeuvre la politique proposée : ils n’en ont pas les moyens et il le savait. Résultat aujourd’hui ils sont pris entre le marteau et l’enclume et ca ce n’est pas la faute de l’union européenne . Arretons de déresponsabiliser les gouvernements et les peuples qui les élisent en mettant tout sur le dos des institutions ( qui sont loin d’etre parfaites, je vous l’accorde). La grece est en grande partie responsable de sa situation ( je parle de la grece, pas des grecs " de la rue" ).

     

    Répondre à ce message

  • Très bon article.

    Très intéressant, encore une confirmation, par la philosophie du droit, qu’un pouvoir empétré dans ses contradictions n’a plus que la force sur le terrain du réel et la sophistique sur le terrain du discours pour s’imposer.
    Les arguments relevés par Sapir sur la subordination de la souveraineté relèvent, ni plus ni moins d’une sophistique libérale (même opportunisme de l’argumentation, et référence à la "nature" comme principe extérieur et surdéterminant, donc apolitique).

     

    Répondre à ce message

  • Junker, Barroso, Cohn-Bendit, Schulze et tout le reste a Bruxelles, ce sont des trotskyste. Donc, de quoi s’etonner ???!!!! Tant que tout ce beau monde ne sera pas politiquement liquide par les vrais nationnalistes, il n’y aura aucune Europe mais rien qu’un assemblage cahotique mammonique.
    Hitler avait bien prevenu :
    "La democratie n’est que la facade de la ploutocratie"
    Bon et cette derniere est juive et fait marcher les goyims a la trique de ce mensonge ignoble qu’est la chutzpah de l’holocaute. Voyez Vincent, Robert, Erneste et tutti quanti revisionisti ...

     

    Répondre à ce message

  • Ce qui se passe en Grèce est d’une simplicité enfantine mais personne n’en parle car on ne veut justement pas entendre parler de "moralité" ou "d’immoralité" : 1° les Grecs ne paient pas d’impôts directs ou indirects (sauf la taxe sur le carburant à laquelle ils ne peuvent échapper, et encore...) . 2° le gouvernement grec doit donc emprunter à l’étranger, tout en sachant qu’il ne remboursera jamais . 3° Pourquoi les décideurs européens continuent-ils à prêter à la Grèce ? Parce qu’ils touchent des rétro-commissions gigantesques sur les prêts, il n’y a pas d’autre explication . Les maquereaux grecs s’entendent avec les "responsables" européens pour VOLER les contribuables européens . Et personne n’en parle...

     

    Répondre à ce message

  • "Le cas grec est révélateur"... d’une gigantesque arnaque : les politiciens-maquereaux grecs empruntent à l’Europe des sommes colossales dont ils ristournent une partie aux eurocrates : eurocrates et politiciens grecs s’entendent pour VOLER ensemble les contribuables européens .

     

    Répondre à ce message

  • #1172626

    80% des Allemands - comme des européens - veulent cesser toute aide aux grecs, ils ont compris que c’est le tonneau des Danaïdes . Or Merkel et les autres décideurs continuent à "arroser" "la Grèce" à coups de milliards d’euros : la raison est simple : le peuple grec ne voit jamais la couleur de ce fric, il est en fait PARTAGE entre les "décideurs" européens (retro-commissions) et les politiciens grecs , c’est une colossale escroquerie aux dépens des contribuables européens . N’oublions pas que Juncker , président de la Commission , était le grand maître de la fraude fiscale quand il dirigeait le Luxembourg : c’est lui qui organisait "l’optimisation fiscale" - c’est à dire la fraude - des multinationales installées au Luxembourg . Et c’est donc le plus grand escroc en col blanc d’Europe qui préside à ses destinées !...

     

    Répondre à ce message

  • le peuple grec comme le peuple français ont besoin d’une autre politique oJe suppose que le petit paysan grec est pauvre. Il ressemble au petit paysan français. Que les traites europeens soient défendus par les représentants européens, c’est leur role. Ce qu’il manque c’est une vraie politique du pays. Une politique de création d’entreprises et de l’emploi. Comment vivre sans travail !

     

    Répondre à ce message