Egalité et Réconciliation
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Le pion, la brute et le truand

À l’heure où la déroute de l’Éducation Nationale est, à juste titre, sous risée soralienne, il semble utile de faire un point sur les raisons d’une telle débâcle. Nous proposons ici un rappel non exhaustif, mais essentiel, des causes de la décadence.

Le pédagogisme destructeur de la transmission et de l’autorité

 [1]

Origines

Si on a coutume d’attribuer à l’utopisme soixante-huitard la responsabilité de la dérive idéologique pédago, il faut en situer la source en amont, à la mise en pratique d’un ensemble de disciplines réunies sous le nom de sciences de l’éducation. La première chaire en la matière est créée en 1887 à la Sorbonne sous l’impulsion de Jules Ferry ; Gaston Marialet en sera, quelques années plus tard, le théoricien essentiel. Cette nouvelle approche de l’enseignement se développe sous modèle étasunien et s’inspire en particulier des travaux du philosophe pragmatique John Dewey dont la mise en œuvre conduit, un demi-siècle plus tard, au constat d’un « illettrisme fonctionnel » qui touche 60 millions d’américains [2].

Chez nous, l’influence de cette nouvelle idéologie se prolonge par étapes politiques successives. En 1947, le plan Langevin-Wallon, inspiré par un projet de la Fédération de l’éducation de la CGT, entend jeter les bases de l’école unique mais, de façon incohérente, préconise parallèlement l’adaptation de l’enseignement à la « structure sociale » de celui qui apprend. Ce prisme de resserrement sur le statut de l’élève et les exigences de ce dernier ne cesse alors d’étrangler les ambitions d’enseignement. En mars 1968, à Amiens, où un colloque réunit la crème de la sphère éducative et ouvre grand les portes aux ravages futurs, un intervenant déclare : « on tente de leur transmettre un patrimoine qui leur est indifférent, à travers des modèles qu’ils rejettent, à l’aide d’un système hiérarchique que leur bon sens et leur dignité ne peuvent tolérer ». Une bonne révolte là-dessus et c’est parti.

Dérive post soixante-huitarde

Dès lors, l’élève devient l’objet unique de toutes les obsessions masturbatoires de la pensée pédago. Alors qu’il ne demande que simplicité, clarté, enthousiasme, règles et autorité, les rénovateurs de tous poils vont s’employer à remuer les tréfonds de la psychologie pour imposer leur science d’universitaires à une réalité qu’ils ne fréquentent pas. C’est la fête au behaviorisme, pragmatisme et autre constructivisme, principaux laboratoires de la destruction de la transmission des savoirs et de la fonction autoritaire de l’enseignant. Il ne s’agit pas ici de développer la pensée des différentes écoles, la démarche serait trop longue et le lecteur en besoin de complément saura très bien s’y employer. Disons, simplement, que tout est désormais conditionné par la centration sur l’apprenant, nouveau terme pour désigner un élève en sucre qu’il ne faut surtout pas tétaniser de peur de le voir bouder l’institution.

Le savoir et les matières sont devenus simples prétextes à la formation des comportements en vertu d’une intégration en société, les compétences s’acquièrent par le jeu et le laisser-faire, l’élève doit s’épanouir dans un cadre de liberté observée, la réflexion et la capacité d’analyse sont reléguées au second plan à l’avantage d’une pédagogie qui prône l’action et la découverte par tâtonnement. Le fond n’a plus d’importance, seule la forme compte. Bourdieu met la sienne en fustigeant l’enseignant considéré comme véritable suppôt de l’ordre établi au nom du concept de reproduction. En 1971, l’inspecteur général De Rouchette établit un plan de rénovation qui repose sur la valorisation des notions de « liberté, spontanéité, créativité » de l’apprenant alors que le prof lui « doit expliquer le moins possible, parler peu …, être un observateur privilégié ... à l’écoute du groupe-classe … ». C’est fini, la suite ne sera qu’entêtement et multiplication de réformes politiques inutiles pour essayer de colmater les brèches qui, au fil du temps, ne cessent de révéler le massacre entrepris. Malgré le constat d’échec, rien ne change, on s’embourbe définitivement, la loi Jospin du 10 juillet 1989 insiste : « c’est à l’école de s’adapter à l’élève et non l’inverse ». Pour le coup c’est réussi, des dizaines d’établissements de ZEP vont s’adapter au lascar inculte, et non l’inverse.

Situation actuelle

Conséquences aujourd’hui ? Un vrai bordel. Le prof, s’il n’est pas dissident et sévèrement burné, ne contrôle plus rien et se voit réduit au simple rôle d’animateur-surveillant d’un cours vidé de substance première. Les programmes sont amputés, certaines matières carrément menacées. Maintenir le calme de la classe semble une véritable prouesse et suffit à susciter l’admiration. Si le cours est silencieux, c’est un bon. On a connu plus noble ambition. Et si celle-là répond à la volonté archaïque de transmettre et faire penser, faut se débrouiller tout seul et tenir la porte fermée. De l’autre côté, une part importante d’élèves ne se rend absolument plus compte de ce que signifie la vie en établissement scolaire. Incivilités, grossièretés, bruits et bagarres - « mais M’sieur on s’amuse » - les faits divers se multiplient sans que la population ne soit au courant du quart de ce qui se passe entre les murs. Chez nombre d’entre eux, le niveau de culture générale est nul, la curiosité inexistante, le goût de l’effort et du mérite remplacé par l’appât du gain immédiat et la référence égocentrique. La sensiblerie gaucho-pédago non seulement ne fut d’aucun secours dans ce marasme éducatif mais alimenta, qui plus est, la certitude revendicatrice d’une jeunesse gâtée qui s’engouffra dans cette relation unilatérale créée au nom de la liberté de l’enfant. Au niveau scolaire, la suppression des notes, l’auto-évaluation et les corrections laxistes encouragées par les directives officielles sont, entre autres, les signes ultimes d’une déchéance annoncée.

Alors oui, à l’instar d’Alain Soral, on peut se foutre de la gueule du prof socialo-trotskard qui, totalement inconscient de sa filiation, vient couiner contre une idéologie dont il est pourtant direct héritier. Piètre rejeton de la dérive pédago qui ruina une Éducation Nationale désormais sans défense, l’animateur bobo, totalement aveugle et incapable de la moindre remise en question, fut le petit pion de l’échiquier libéral.. En bon sparring partner, il laissa alors le champ libre à ses nouveaux maîtres, « c’est bien petit, tu peux y aller, tu prends ton club hip-hop sous le bras et tu te casses, on s’occupe du reste ». Vient alors le temps de …

L’éducation considérée comme un service rendu au monde économique

Cette évolution déliquescente est parallèle à l’émergence de la nouvelle oligarchie financière qui s’installe à travers monde au commandement de toutes les instances dirigeantes. Alors que les pédagomanes s’emploient à ruiner l’école, une hyperclasse sans frontières impose ses ambitions économiques en envahissant le terrain politique au détriment des souverainetés nationales. La jonction des deux tendances s’effectue sans heurt par l’aspiration facile de l’une par l’autre. Dès lors, l’ogre européiste et mondialiste n’a plus qu’à se baisser pour dévorer les miettes d’un système considéré naguère comme l’un des plus performants de la planète.

L’expérience empirique au détriment du savoir et de la réflexion

L’éducation est ainsi devenue le tube à essai d’expériences diverses dont l’unique prétention est de pré-formater les jeunes générations aux exigences du nouvel ordre. Dans le prolongement de la destruction précédente, l’enseignement ne consiste plus aujourd’hui en un tout homogène issu d’une progression cohérente qui tendrait à l’acquisition d’une formation culturelle solide ainsi qu’à l’épanouissement intellectuel, mais en la seule réalisation d’activités rendant le futur travailleur conforme aux lois du marché. Tout apprentissage est désormais conditionné par la sacrosainte compétence. Celle-ci est évaluée selon des tâches segmentées, d’inspiration empirique et dont le but est la projection en contexte professionnel. À titre d’exemple, citons quelques mises en situations recommandées par le CECRL [3] qui soulignent bien la visée fonctionnelle de ces exercices sans réflexion : « remerciements de l’employé », « se renseigner sur la durée du préavis », « comprendre et suivre les règles d’embauche », « communiquer de façon appropriée avec les supérieurs » « présider une réunion », « donner son accord sur l’achat ». On est ici en respect total du cadre des recommandations de la Commission des Communautés Européennes, principal organe exécutif de l’UE, qui entend conditionner les enseignements à « la compréhension des besoins des employeurs » et à l’accroissement « de l’employabilité de l’apprenant ».

Conditionnement au nomadisme

L’enjeu dépassant les frontières, tout cela s’organise évidemment sans consultation et au mépris des institutions nationales. Élèves et étudiants de tous âges sont désormais envisagés comme le réservoir d’une main d’œuvre variée et l’éducation considérée comme la première formation à l’idéal oligarchique du nomadisme des populations. Les compétences se standardisent, les programmes se vident de leur substance culturelle nationale, les certifications deviennent européennes et on découvre l’anglais dès la maternelle. Ce conditionnement est double puisqu’il consiste d’une part, comme le démontre Pascal Bernardin dans Machiavel pédagogue, en une réforme psychologique des jeunes esprits préparés désormais à la mobilité pour raisons de profit et, d’autre part, en l’obligation de s’adapter toujours et partout aux besoins du marché par le biais d’une formation sans fin : « l’éducation et la formation sont considérées comme des investissements stratégiques » (rapport de l’ERT de 1989). À la manière d’une entreprise, l’enseignement se met donc au service de l’économie mondialiste et se doit d’être rentable à terme en fournissant des exécutants nomades et redevables des apprentissages reçus.

En application de cette perspective de travail sans frontière, l’UE a, d’ailleurs, déjà mis en circulation les premiers papiers d’identité pour travailleur apatride en devenir. Ainsi, le Curriculum vitae Europass, le Passeport de langues et l’Europass Mobilité, entre autres, sont-ils destinés à garantir l’identification du porteur en période de transhumance surveillée. La décision du 15 décembre 2004, n° 2241/2004/CE, du Parlement Européen et du Conseil est en ce sens très claire : « Une meilleure transparence des qualifications et des compétences facilitera la mobilité dans toute l’Europe à des fins d’éducation et de formation tout au long de la vie, contribuant ainsi au développement d ’un enseignement et d’une formation de qualité (NDLR : tu parles ...), et facilitera la mobilité à des fins professionnelles »

Business et lobbyisme

On l’aura compris, les structures nationales sont totalement exclues des nouvelles politiques d’éducation. Mais il serait résolument naïf de penser que ces dernières sont la seule œuvre de politiciens réunis en commissions indépendantes à Bruxelles ou Strasbourg. Les différents lieux décisionnaires sont désormais le terrain de chasse de lobbys puissants qui soumettent les dirigeants de la classe politique à leurs exigences et manipulations. De ce fait, le domaine éducatif n’est plus seulement aujourd’hui que l’antichambre du marché mais un marché en soi dont le libéralisme oligarchique fait ses choux gras. Il est, ainsi, très fréquent que derrière la directive d’une institution européenne se cache l’intérêt lucratif d’un groupe aux aguets du filon.

Si les lobbys sont nombreux à vouloir s’engraisser aux frais du contribuable, l’un d’entre eux, La Table Ronde Européenne (ERT), est très représentatif de cette soumission du politique au financier. Ce think tank de très grande influence ne représente pas les intérêts d’un seul clan mais rassemble les dirigeants des 47 entreprises européennes les plus puissantes dont celles consacrées à la fabrication informatique, à l’exploitation des nouvelles technologies ou à la diffusion des didacticiels. Ce total lobby agit par le biais de diverses commissions organisées en domaines de réflexion dont les propositions sont autant de pressions destinées à déterminer l’inflexion des choix politiques. Ce glissement de pouvoir décisionnel conduit à des situations invraisemblables et c’est sous la présidence de Stéphane Carolis, alors PDG de Petrofina, que le groupe Éducation de l ’ERT entreprend sa prise de pouvoir de la sphère éducative. Ainsi, lorsque la Table Ronde prétend que « le marché des logiciels éducatifs offre un potentiel significatif de croissance économique » et que « tous les individus qui apprennent doivent s’équiper d’outils pédagogiques de base, tout comme ils ont acquis une télévision », la Commission Européenne obtempère et affirme que l’industrie nouvelle « doit vendre ses produits sur le marché de l’enseignement que régissent les lois de l’offre et de la demande ». Ouvrant les voies de la privatisation, l’OCDE, complice permanente des attaques lobbyistes, va plus loin et prétend que l’utilisation des nouvelles technologies conduit à une remise en cause de l’utilité même de l’enseignant : « L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants, mais doit être assuré par des prestataires de services éducatifs ... il semble que les enseignants encourent le risque d’être les laissés-pour-compte dans le développement du marché des technologies de l’information. ". Quant à l’enseignement traditionnel, l’OCDE ne cache pas ses intentions et suggère qu’à terme, il ne soit destiné qu’à « assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer de progresser » Suprématie des compétences empiriques et fonctionnelles au détriment de la réflexion, de la transmission du savoir et de la culture, préparation au nomadisme au nom d’un investissement stratégique, emprise des lobbys sous bénédiction européenne, l’Éducation Nationale ne signifie aujourd’hui plus rien. Vidée de sa vocation première, elle n’est plus désormais qu’un service rendu à la brutalité oligarchique mondialiste par le biais des normes européennes. Tout cela, évidemment, s’est mis en place sous les yeux du prof bobo-collabo dont la capacité de recul se calcule en centimètres. Bien loin d’une quelconque réaction résistante à ce nouveau système éducatif, il l’entretient, en bon idiot utile, et court tête baissée aux rassemblements du Réseau d’Éducation Sans Frontière où on le voit, larbin ridicule, défendre l’intérêt qu’il prétend combattre. Gentil toutou. Après la ruine la tapine, manque plus que la laisse et le nez rouge, alors oui et encore oui, de se foutre de la gueule il est permis.

La corruption

Le thème n’est jamais abordé. Il correspond pourtant à une réalité. La magouille existe, le privilège et le copinage aussi. La sphère éducative étant devenue vulnérable et poreuse, elle n’a pas résisté au développement de comportements qui parasitent son bon fonctionnement. Ces derniers sont de diverses natures que nous répertorions en trois catégories [4].

La corruption par dégradation.

Elle correspond au non-respect des obligations morales liées à la fonction exercée. Le postulat est simple : être membre de l’Éducation Nationale suppose une responsabilité soumise à une éthique et située au carrefour de nombreux enjeux fondamentaux qui vont du développement personnel de l’élève à la formation d’une jeunesse qui fera la France de demain. S’il y a manquement à cette responsabilité déontologique à laquelle est tenu le fonctionnaire du système en question, la référence morale est dégradée, l’activité corrompue. Que ce soit par négligence volontaire ou convenance personnelle on assiste alors à des situations intolérables qui ne font l’objet d’aucune sanction. Cela n’a rien de surprenant puisque que le point essentiel du respect déontologique intrinsèque à la fonction n’est jamais abordé dans la formation des personnels de l’EN, on ne voit donc pas comment, a posteriori, il pourrait être reproché. Là où le système échoue, on tolère, contourne ou falsifie.

Une prof se fout éperdument de son métier et se contente de faire de la garderie, on accepte pendant trente ans qu’elle fasse recopier le livre pendant des heures. Une autre se fait bordellée depuis toujours et par toutes ses classes, elle est incompétente et refuse de se remettre en question, on lui suggère alors un poste annuel sur une île du pacifique où, inutile, elle accompagnera une mission à vocation scientifique. Un autre qui ne tient pas ses élèves va être inspecté, qu’à cela ne tienne ! on cache les perturbateurs, on les dispense du fameux cours et l’image du collège est sauvée. Ces quelques exemples ne sont que l’illustration de nombreux cas privilégiés rendus possibles par la tolérance des responsabilités morales corrompues.

La corruption par cooptation

La traditionnelle quoi. Je t’aime bien, le poste se libère, tu n’as ni le niveau, ni le titre qui correspond, c’est pas grave, passe moi le dossier, on va se débrouiller, merci je m’en souviendrai et je te fais les pompes en repartant. Le phénomène est très fréquent et rendu possible, entre autres, par la mention, très utilisée, de faisant fonction de. Oulahup Barbatruc, cette magouille de Polichinelle a ainsi permis à une ancienne professeur de langue, devenue très vite formatrice, de s’installer au poste d’inspectrice sans en avoir le diplôme officiel. Elle effectuera à ce titre des visites en collège où elle n’a, d’ailleurs, jamais enseigné, son avis comptera et elle ne manquera pas en retour d’ascenseur de faire appliquer des consignes drastiques et souvent insensées qui viennent de plus haut. Même cas de figure pour cette CPE aux dents longues qui s’improvise du jour au lendemain principale adjointe d’un établissement spécialisé pour handicapés. Certains carriéristes de la tangente ne perdent pas de temps et malgré une expérience de professorat inférieure à cinq ans se retrouvent avant la trentaine à la tête d’un établissement scolaire sans avoir à justifier de qualification. D’autre voies de privilèges existent et reposent sur l’unique copinage. Tu veux arrondir les fins de mois, pas de problème mon pote, à partir de lundi tu seras formateur. La formation inutile se répètera à longueur d’années sans jamais reposer sur un travail sérieux et ne durera que quatre heures au lieu des sept grassement rétribuées. Pas de problème, le type ne sera jamais inquiété. Certains avantages s’obtiennent dans l’ombre, allez donc savoir quelles en sont les compensations. Ce qui est sûr, c’est qu’en ce domaine les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

La corruption institutionnelle

Elle est la plus grave car, en plus de renvoyer aux deux cas précédents, elle consiste en l’utilisation lucrative et volontaire d’une structure d’État sans y apporter aucune contribution professionnelle en échange. Il s’agit là purement et simplement de truanderies qui ne peuvent voir le jour sans l’intervention d’une figure politique trahissant ses propres institutions à la faveur de l’enrichissement. C’est le cas de corruption le plus coûteux puisqu’évidemment, il concerne des postes de la partie pyramidale supérieure qui donnent droit à de fortes rémunérations. Rien de cela n’est jamais révélé au grand jour et fait seulement l’objet d’enquêtes discrètes réalisées en interne avec indication d’en limiter la divulgation. Le hic c’est qu’il y a toujours des fuites permises par des gens consciencieux dont le rôle fonctionnaire a encore un sens. Petit clin d’œil anonyme, merci encore.

L’affaire des inspecteurs de l’académie de Paris ne remonte pas à hier et se trouve sous perpétuel étouffement. Ces derniers sont directement nommés par décret présidentiel sans que diplôme ne soit requis et sans l’approbation d’une quelconque commission qui accréditerait la validité de la nomination. Aucun critère de choix n’est établi et l’affectation sur poste n’est même pas déterminée par un besoin professionnel réel et précis. En 2009, la Cour des Comptes précise quant à cet incroyable procédé : « Ces nominations ne sont assujetties à aucune condition : n’importe quelle personne peut être nommée dans ces fonctions, qu’elle ait ou non obtenu un diplôme, qu’elle ait ou non déjà exercé dans la fonction publique, qu’elle ait ou non acquis une expérience professionnelle dans le domaine de l’éducation, et quels que soient son âge ou la nature des fonctions précédemment exercées. Ces nominations dépendent uniquement de la volonté politique : elles ne sont en rien justifiées par un quelconque besoin de recrutement »

Aucun texte réglementaire n’existe donc pour déterminer les conditions de nomination, d’avancement ou de rémunération de ces inspecteurs. À titre indicatif, leur salaire net moyen, est de 4500 euros mensuels. Ces postes se sont multipliés alors que les personnes nommées ne remplissent aucune fonction. Certains ne disposent même pas de bureau et de lignes téléphoniques. L’intérêt à occuper un tel poste ne réside donc que dans le seul profit financier injustifié qui s’ajoute à des rémunérations conséquentes relatives à la véritable activité que les inspecteurs occupent par ailleurs. Parmi eux, on compte, entre autres, des conseillers à la présidence de la République, des chefs de secrétariats ministériels, des conseillers régionaux ou des élus syndicaux de l’EN ! La Cour des Comptes stipule qu’au terme d’une année : « Les périodes d’inactivité correspondent à la perception de rémunérations qui peuvent être globalement estimées à environ 775.000 € ». Il est bon de rappeler qu’il s’agit là d’argent public. Tout cela est connu et prouvé mais ne conduit à aucune sanction. Étrangement notre prof trosko-bobo, pourtant empreint de justice sociale, ne s’insurge jamais contre de telles pratiques. Bizarre non pour une personne si encline à l’abolition des privilèges, au lyrisme révolutionnaire et à la défense de l’opprimé ? Là encore, y’a de quoi se gausser. Obnubilé par la préservation de ses droits, il préfère vociférer en cortèges de mascarades que Sarko est foutu puisque lui et ses potes sont dans la rue. Il résume à l’argent et aux déboires de sa condition les seules raisons de la débâcle ignorant par incapacité à réfléchir que les principaux motifs de la faillite sont ceux développés dans cet article. Il est vrai qu’il est toujours plus facile de dire que c’est la faute des autres que de s’élever au mea culpa. Totalement inapte à remonter en amont de la débâcle, il se montre incapable d’envisager une remise en question des comportements qui passerait en interne par l’organisation d’une résistance aux véritables fossoyeurs de l’éducation.

Conclusion

À bien y regarder, les trois points développés dans cet écrit, ne relèvent pas des classiques revendications financières ou sociales. Celles-ci réduisent le débat à des luttes qui ne concernent en rien le cœur du problème. Ainsi que nous l’avons démontré, les vraies causes de la débâcle renvoient fondamentalement à la raison, à la morale et au courage politique. Le contre-point aux arguments présentés repose, en effet, sur le retour à la transmission du savoir, de la culture et de la réflexion par un enseignant disposant d’une véritable autorité, sur l’éradication du parasitisme financier orchestré par l’oligarchie dirigeante et sur la liquidation des copinages en tous genres. C’est en s’attaquant honnêtement à cette triple gangrène que l’Éducation Nationale pourra réellement prétendre retrouver la dignité que le pédago, le collabo et le corrompu n’ont eu cesse de bafouer à leur profit.

Ruben Azahar E&R Rhône-Alpes

Notes

[1] La trame chronologique utilisée ici est celle présentée par Henri Nivesse dans son article Les fondements idéologiques du pédagogisme paru dans le numéro 11 des Cahiers de l’éducation.

[2] Ce phénomène a été souligné par Liliane Lurçat dans La destruction de l’enseignement élémentaire fait partie de la "destruction du monde", présenté en conférence le 19 mai 2001 à la Sorbonne.

[3] Le CECRL est le programme de réforme générale de l’enseignement des langues en Europe.

[4] Tous les exemples cités dans cette partie de l’article sont vérifiables et correspondent à des cas réels

 
 






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  • #21163
    Le 7 juin 2011 à 00:20 par Jiss
    Le pion, la brute et le truand

    article très bien écrit et pour illustrer cet article, on pourrait proposer le fim de Marco Ferreri "PIPICACADODO" avec Robert Benigni, instituteur poète dans les années 79 qui rejette les textes sacro-saints de la pédagogie et se livre dans sa classe à plein d’expérience.

     

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  • #21416
    Le 7 juin 2011 à 22:15 par ANTIRIPOUX
    Le pion, la brute et le truand

    Machiavel pédagogue – Ou le ministère de la réforme psychologique
    Pascal BERNARDIN
    Éd. Notre-Dame des Grâces, 12/1995, 189 p

    Pascal BERNARDIN : ancien élève de l’École Polytechnique, a enseigné les maths dans le privé, en classe préparatoire aux concours des écoles de commerce.

    Résumé :
    Quelles sont les raisons profondes de la crise de l’école ? Faut-il y voir une tare inscrite dans les gènes de notre société et de son système éducatif ? Ou doit-on conclure à une redéfinition du rôle de l’école et de ses priorités ? Nos enfants sont-ils condamnés à l’ignorance et à l’illettrisme ?

    De nombreux parents et enseignants, témoins stupéfaits de la révolution en cours, s’interrogent sur les mutations profondes qu’a subi et que subit encore notre système éducatif. Mais aucun gouvernement, tant de droite que de gauche, ne les a jamais éclairés en exposant les fondements idéologiques de ces réformes et en faisant ressortir leur cohérence et leurs objectifs.

    Les réponses à ces interrogations existent pourtant : la philosophie générale de la révolution pédagogique est exposée sans détour dans les publications des organisations internationales (Unesco, OCDE, Conseil de l’Europe, Commission de Bruxelles… ). S’appuyant sur ces textes, l’auteur montre dans cet ouvrage qu’aujourd’hui l’objectif prioritaire de l’école n’est plus de donner aux élèves une formation intellectuelle ni de leur faire acquérir les savoirs élémentaires. Au terme d’une redéfinition du rôle de l’école, celle-ci devient le véhicule d’une révolution culturelle et éthique destinée à modifier les valeurs, les attitudes et les comportements des peuples à l’échelle de la planète. Les techniques de manipulation psychologique, qui ne se distinguent guère des techniques de lavage de cerveau, sont utilisées à tout niveau. Les élèves en sont naturellement les premières victimes. Mais les enseignants et le personnel administratif (directeurs, etc.) ne sont guère épargnés.

    Cette révolution silencieuse, antidémocratique et totalitaire, veut faire des peuples des masses ignorantes et soumises. Elle illustre de manière exemplaire la philosophie manipulatoire et dictatoriale qui sous-tend le Nouvel Ordre Mondial et les modes d’action subtils et indirects, mais d’autant plus puissants, qu’il utilise. Aussi cet ouvrage pourrait-il s’intituler Abrégé d’esclavagisme

     

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  • #21522
    Le 8 juin 2011 à 10:55 par Nourdine78
    Le pion, la brute et le truand

    Il faudrait ajouter a cela que les matieres ont été imposées arbitrairement pour enseigner aux eleves des dogmes qui ne disent pas leur nom et tout cela sous couvert d’une liberté de penser et des petites paquerettes.
    Les notes quand elles sont conservées servent a recompenser celui qui a le mieux avalé le cours. Cela va a l’encontre du soit disant role de l’école qui serait de developper un quelconque sens critique. Un prof a moi nous disait meme qu’il fallait "ingurgiter" le cours.
    On apprend chaque matiere de maniere analytique, ce qui empeche une totale comprehension synthétique du monde. Mais peut importe, comme il a été dit dans l’article, le but de l’Education Nationale est d’enseigner les nouveaux dogmes a travers un savoir falsifié, d’elever les "apprenants" a l’appat du gain (en les incitant a écouter La Fouine, ce grand poete), au nomadisme et a la soumission par l’inculture et le "larbinisme".
    Resultat ? Un éducation a la ramasse et des futurs individus pas foutus de reflechir par eux meme, qui assimilent les faux savoirs et qui se croient plus malins que les autres parce que "ouhlala j’ai un BAC S" mais avec une conscience d’huitre. Et encore l’huitre ne passe pas ses journées devant Secret Story ou Glee, pendant que son systeme s’écroule.

     

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  • #21632
    Le 8 juin 2011 à 23:42 par nena
    Le pion, la brute et le truand

    Ah Ruben !
    Vous y allez un peu fort parfois, ici sur le petit prof dépité et désarmé face à l’étendue du travail et du désastre : quand les uns lui appuient la tête sous les eaux, les autres le tirent par les pieds. Ah oui, je me reconnais dans la prof gaucho, bobo un peu sans doute, insultée à l’occasion, collabo le moins possible, sensible certainement. Il faut être un peu tout ça pour faire ce métier ( ce qui explique qu’à l’occasion on puisse participer à des manifs du RSF ) et continuer à lutter parce qu’on y croit à l’enseignement à l’éducation. Un peu facile la cible du prof, et ce n’est pas l’aider de faire mine de comprendre et d’approuver, comme l’a fait Soral à Lyon, le p’tit jeune, déjà désabusé et semi- dépressif qui préfère glander dans la rue ou chez lui plutôt qu’aller à l’école où de toute manière il n’apprendra rien. Quel est le projet ? Finalement, on n’est pas loin du divisé pour mieux régner !
    nena

     

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  • #21633
    Le 8 juin 2011 à 23:45 par nena
    Le pion, la brute et le truand

    Ruben, l’article est bien quand même !

    nena

     

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  • #21776
    Le 9 juin 2011 à 20:44 par Ock
    Le pion, la brute et le truand

    Je pense qu’il y a d’autres facteurs qui ménent à l’abrutissement des élèves, tell que :

    - la culture contre productive qui leur ai enseigné par le biai des media et qui devient un facteur d’integration et defini une nouvelle norme de comportement. Il n’est absolument pas de bon ton de démontrer son goût pour l’apprentissage, d’être motiver ou d’avoir de la compassion pour autrui. Faire ouvertement preuves de ces qualitées peuvent amener ou l’ostracisation ou du moins.
    - la consommation continue de drogues et de nourritures de mauvaises qualités qui nuisent
    - le silence total qui sur des mèthodes qui permettent à l’élève d’apprendre à apprendre.

    Il y a un auteur très intéressant qui traite du manque de résultats qu’offre les ècoles et même des résultats contre-productifs (dans son cas, il traite du système scolaire amèricain), John Taylor Gatto, son livre de référence est Dumbing us down.

     

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  • #23304
    Le 14 juin 2011 à 17:07 par Moh
    Le pion, la brute et le truand

    C’est du lourd.

     

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  • #24294
    Le 17 juin 2011 à 09:56 par Eisbär
    Le pion, la brute et le truand

    Excellent article mais qui ne traite qu’une partie du problème et qui omet d’autres facteurs comme par exemple l’irresponsabilité croissante des parents qui ne s’occupent plus du tout du devenir de leurs enfants et qui considèrent, eux les premiers, l’enfant avec de plus en plus de désinvolture ou d’intérêt servile ce qui revient au même.

    Autre point totalement absent dans cet article, le fait que les nouvelles technologies, à commencer par la télévision ont supplanté dans l’esprit de chacun l’Ecole comme source de savoir. La civilisation de l’écran qui permet d’absorber passivement une culture de masse, une bouillie facilement digeste à dose massive détruit les facultés nécessaires inhérentes à l’apprentissage dialectique, transactionnel et aussi livresque. On pourrait parler de la part que prend le rock ou Hollywood dans l’abêtissement global de biens des cerveaux modernes.

    Certes, tous ce qui est écrit ici sur les méthodes 68-ardes est juste, idem en ce qui concerne leur rôle d’idiotes utiles du libéralisme consumériste. Cependant le niveau de conscience et d’intelligence ne s’est pas effondré que de manière générationnelle, il s’est effondrée collectivement. Quid du niveau culturel et du niveau de réflexion de nos anciens avides, tout autant que la jeunesse, des niaiseries prodiguées par la culture de masse véhiculées par écrans omniprésents ?

    Plutôt qu’une critique à charge de l’enseignement, il eut été à mon avis intéressant de mettre en perspective le déclin du rôle de l’Ecole avec l’ascension de la culture de masse véhiculée par la technologie de l’écran qui peu à peu s’impose de manière unilatérale sur les consciences de toutes les générations.

    Et de poser cette question en guise de conclusion : Combien de modernes sont prêts aujourd’hui à se séparer leurs TV, leurs PC ou leurs smartphones afin d’entreprendre le laborieux chemin qui mène à la connaissance par le livre ?

     

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  • #33938
    Le 28 juillet 2011 à 13:30 par orvalus
    Le pion, la brute et le truand

    Je suis d’accord avec le constat mais je suis pessimiste sur les possibilités de changement Imaginons qu’on fasse preuve de volontarisme politique et qu’on réforme les structures de l’éducation nationale afin de créer les conditions d’un véritable retour à l’autorité et la transmission du savoir, je ne vois pas ou on va trouver les professeurs qui auront la mentalité adéquate. C’est comme vouloir rechristianiser la France avec des curés qui ne croient plus en Dieu . Une fois que les mentalités ont évolué il est trop tard , on ne peut plus revenir en arrière !

     

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  • #89901
    Le 24 janvier 2012 à 01:29 par youssef
    Le pion, la brute et le truand

    CE qui a changé, en fait, c’est que la baisse du niveau a atteint même les lycées chics des grands villes, avant cela, ca ne dérangeait pas grand-monde que le petit peuple se fracasse contre les méthodes d’apprentissage globale de la lecture,par exemple...

     

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