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Les médias français malades du sionisme – Entretien avec Dimitri Korias

Propos recueillis par Monika Berchvok pour Rivarol

Depuis dix ans, vingt ans, par petites touches de plus en plus visibles, de plus en plus fréquentes jusqu’à devenir omniprésentes, le sionisme a envahi la télévision au point de la rendre malade. Inconscients du poison auquel ils sont quotidiennement exposés, beaucoup sont contaminés à leur insu par cette obsession : la défense d’Israël et de la communauté, juive ou non, qui soutient sa politique de colonisation et d’apartheid.

 

Détourner toute marque d’antisionisme en antisémitisme, avec la facilité qu’apporte le rappel constant de la Shoah, est la voie sournoise et récurrente de la propagation de ce fléau. Trier les bons et les mauvais humoristes, désigner l’intellectuel fréquentable et celui qui ne l’est pas, sélectionner ceux qui auront droit ou non à la liberté d’expression : voilà quelques-uns des symptômes qui frappent ceux qui sont touchés par cette étrange maladie.

Pour combattre le mal, il faut le reconnaître, que son éruption actionne une crécelle invisible, afin que ceux dont les yeux sont fixés sur la petite lucarne puissent échapper à ses effluves toxiques.

Dimitri Korias est rédacteur pour Égalité & Réconciliation, chroniqueur de l’émission de radio On nettoie l’info et auteur de l’ouvrage La Télévision malade du sionisme.

 

 

Rivarol : Comment les réseaux sionistes ont-ils pris pied dans les médias français ?

Dimitri Korias : Question historique dont la réponse précise se dissout dans les limbes du passé. Pour rester dans le factuel vérifiable, c’est la création des agences de presse contrôlées par deux juifs européens – dont l’un français – qui inaugure la constitution de ce qu’on peut effectivement appeler un réseau sioniste.

Charles-Louis Havas, face à la concurrence des cinq Rothschild, déjà implantés sur cinq pays, et ayant établi un réseau d’échanges d’informations entre leurs établissements bancaires et financiers (la vitesse devenant primordiale dans ce sport qu’est de la spéculation), développera le premier réseau européen de traduction puis de fourniture d’informations.

Deux siècles plus tard, les grands journaux et les principaux magazines sont toujours nourris au sein des « agences de presse », au nom neutre et inoffensif, et qui ne sont plus que trois (AP, Reuters, AFP, on met de côté les agences chinoise et russe), à dominante anglo-saxonne, de tendance occidentaliste et pro-sioniste.

En France, l’AFP qui détient un monopole est une agence publique. Pourtant, elle est la fille d’Havas, et le reliquat de cette ascendance est un parti pris oligarchique – et cela inclut le sionisme –, ce qui n’exclut pas d’être « de gauche ». Cela n’empêche pas les ultra-sionistes de hurler lorsque l’AFP diffuse une dépêche soi-disant pro-palestinienne. Mais comme dans le reste de la presse, on peut dire que l’inclination sioniste est majoritaire.

Les réseaux sionistes n’ont dont pas à proprement parler pris pied dans les médias français, ils les ont tout simplement chapeautés, que ce soit par le biais de la puissance bancaire ou par celui des agences de presse. Ils ont constitué un méta-média, un média au-dessus des médias. Ensuite, le contrôle de l’information s’est fait tout seul, par le haut, le flux coulant du haut vers le bas. Nous vivons dans la préférence sioniste depuis deux siècles du fait de cette Histoire.

 

Qui sont les journalistes les plus influents de la « sionistephère » ?

Aujourd’hui, comme dans le monde scientifique, on ne peut plus parler de personnes, mais de collectif(s) – plus ou moins organisés – ou de réseau(x), éventuellement de sous-réseaux. Paradoxalement, si les personnalités sionistes ou prosionistes sont l’objet de moqueries de la part des lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs des médias – je pense à Lévy ou Finkielkraut, appelés familièrement « BHL » et « Finky » – ce ne sont que les représentants d’une force d’influence, et ils ne pourraient pas tenir 24 heures sans elle. Ainsi l’émission communautaire de Finkielkraut sur France Culture, pourtant station de service public français.

Cette base arrière plonge ses racines dans l’univers médiatique mais aussi bancaire. À chaque échelon, chacun (qu’il soit sioniste ou pas) a une raison de médiatiser Finky ou BHL, de reprendre une phrase de Zemmour, d’inviter ou de se faire inviter par Moati, quand il disposait de la case politique sur France 5.

Les sionistes des médias ne sont pas suffisamment nombreux par rapport aux non-sionistes pour occuper toute la planète média, dite aussi médiasphère. Il leur faut des complicités, des soumissions. Pour cela, le renvoi d’ascenseur, ou échange de bons procédés (« tu parles de mon livre dans L’Obs et je t’invite dans mon émission TV ») est la norme en vigueur. Il permet de pratiquer la préférence communautaire, au détriment de la communauté nationale ou de la compétence.

Le réseau de BHL a été très bien décrit, dans son fonctionnement intestin, par l’ex-journaliste de L’Obs Aude Lancelin. BHL est influent parce que Pivot l’a invité un nombre incalculable de fois, sous prétexte qu’il était télégénique et qu’il faisait de l’audience. Mais Apostrophes ne faisait pas d’audience. C’est la maison Grasset qui a poussé son poulain, et de ces arrangements politico-commerciaux sont nés les sionistes d’influence télévisuelle.

Aujourd’hui, plus que BHL, qui se trompe à peu près sur tout mais qui délivre son catéchisme sioniste, c’est Zemmour qui tient la corde. Il incarne très exactement la ligne dominante, soit un positionnement libéral, de droite, sioniste évidemment, mais patriotique. La nouveauté – ou l’évolution darwinienne – par rapport à BHL, qui est un antipatriote notoire.

Certes, BHL, qui n’est pas journaliste, n’entre pas dans le cadre de la question, mais sous le prétexte de livres et d’articles de « journaliste », notamment dans Le Monde, il figure en très bonne place dans les médias.

 

Comment fut mis en place l’amalgame « antisioniste = antisémite » sur la question palestinienne ?

Tout est parti du durcissement de la politique d’Ariel Sharon en 2000, au cours de la seconde Intifada (révolte palestinienne), lorsqu’il a visité l’esplanade des Mosquées.

Mais c’est en mai 2004 que l’armée israélienne a attaqué la bande de Gaza et la résistance palestinienne. C’est la traduction militaire de la provocation sharonienne. On constate, quand on suit de près les médias français, que l’année 2004 est un tournant.

C’est en décembre 2003 que l’humoriste Dieudonné a marché sur une mine dans l’émission il est vrai très communautaire de Marc-Olivier Fogiel. Et la déflagration qui s’en est suivie est sans aucune mesure avec le crime, un sketch plus ou moins improvisé sur les colons extrémistes juifs. D’après mes notes, c’est-à-dire un relevé précis des informations sur le sujet israélo-palestinien et son importation en France, c’est à ce moment que l’antisionisme a été assimilé à de l’antisémitisme. Comme si un mot d’ordre précis mais silencieux avait été donné à tout le réseau sioniste français. Et la grosse caisse a tambouriné cet amalgame, qui criminalisait, qui « shoahtisait » de fait la résistance politique à la politique d’agression et de destruction israélienne.

Dieudonné a été, à son corps défendant, le signal du lancement d’une sorte d’Opération France. J’en apporte les preuves directes dans mon livre. Deux ans plus tard, l’affaire Halimi, en janvier 2006, permettra de lier solidement les deux opinions, l’antisionisme et l’antisémitisme. Dès lors, il n’y aura plus une feuille de papier à cigarette entre les deux, grâce au travail de fond du réseau décrit précédemment.

 

La concentration des médias dans les mains de quelques groupes fait-il le jeu de la propagande sioniste ?

Oui et non, évidemment. Le monopole dans un monde capitaliste est une force, qui se retourne aujourd’hui contre lui. C’est l’uniformisation de la pensée médiatique, transmise par les supports sous contrôle aux masses, qui a mis la puce à l’oreille des gens. À un moment donné s’opère une saturation. Le message répété à l’infini crée les conditions de sa propre remise en question, puis de sa destruction. C’est en cybernétique ce qu’on appelle un effet qui corrige le facteur dans une boucle rétroactive négative.

Les Français, pour reprendre le concept de déconstruction cher aux penseurs de gauche des années 70, sont en train de déconstruire le discours dominant et ce, sur tous les sujets. Le fait que l’écrasante majorité des médias appartienne aujourd’hui à une petite dizaine de groupes, qui ne sont pas « de presse » au départ, aurait dû déplacer le pouvoir du réseau sioniste à ces puissances économiques (Dassault, Bouygues, Niel/Pigasse/Capton, Drahi). Par exemple, rien n’obligeait le groupe Canal+ à faire la promotion du sionisme ou celle de l’antinationalisme français (voir comment les Le Pen ont été reçus sur le plateau du Grand Journal). C’est pourtant ce qu’il a fait, et de manière éléphantesque. Alors, pourquoi ? Il faut croire que le réseau en question tape encore plus haut que la direction de la chaîne. Une chaîne qui obéit au détriment même de ses intérêts : aujourd’hui, écœurés par cette propagande étouffante, les Français moyens (on disait les beaufs) qui ont fait le succès de la chaîne cryptée se désabonnent en masse. Il y a un rapport de cause à effet… La propagande sioniste, quand elle devient trop lourde, ou trop visible, crée de la désaffection et un antisionisme médiatiques.

 

Comment jugez-vous l’apparition d’un courant néo-conservateur autour d’Alain Finkielkraut et de la revue Causeur ?

Élisabeth Lévy et son ami Alain Finkielkraut, qui sont très complices dans leurs vidéos relayées par RCJ (Radio Communauté Juive), ont été à la pointe de ce qu’on pourrait appeler le néopatriotisme sioniste français. Le sionisme ayant pendant 30 ans soutenu SOS Racisme contre les patriotes français, traités de tous les noms possibles, une branche de ce fatum a dérivé pour prendre en quelque sorte le contrôle, ou tenter de le prendre, sur le renouveau nationaliste français, matérialisé par la montée inexorable du Front national.

Aujourd’hui, ce travail de reprise en main a porté ses fruits : l’axe Ménard-Zemmour-Finkielkraut a récupéré une partie de la résistance identitaire française sans le risque de l’antisionisme. Un tour de force conceptuel de la part de ceux – Zemmour mis à part – qui depuis des années n’ont pas eu de mots assez durs pour le pur nationalisme français, et j’insiste sur le « pur ».

C’est en tant que chroniqueuse dans les émissions de Franz-Olivier Giesbert qu’Élisabeth Lévy s’est fait un prénom. Son mentor, Alain Finkielkraut, restera un temps en retrait pour ne pas subir les foudres des représentants médiatiques de gauche fourvoyés dans ce virage à 90 degrés. Ils auront servi un temps le sionisme, ils ne le servent plus aujourd’hui. Même un sioniste de gauche comme Askolovitch est complètement perdu, ce qui explique son agressivité sur les réseaux sociaux.

À l’image de Julien Dray, il n’a pas sa place dans le sionisme 2.0. Ce qui peut rendre optimiste, c’est que le sionisme a dû s’adapter à un changement majeur dans l’opinion, et non la réciproque. La force des choses vient du peuple, et l’oligarchie essaye tant bien que mal de s’y coller, de contrôler le mouvement, voire de le réprimer, s’il refuse de rentrer dans les enclos de contention.

 

Qui sera le candidat le plus proche d’Israël lors de la future élection présidentielle ?

Si l’on veut jouer à ce jeu, alors il faut relever les signaux d’allégeance, qui peuvent être très subtils. Il y a 10 ans, personne ou presque ne s’en occupait ni ne s’en offusquait. Aujourd’hui, le règne de la délation de masse – bonne ou mauvaise – et sa diffusion instantanée sur un réseau mondial ne laisse aucune chance à celui qui se risque à une entorse au souverainisme.

Ce que les médias dominants appellent « l’extrême droite » ou « la fachosphère » n’est aujourd’hui que la partie vigilante de la population, qui déclenche alarmes et alertes dès qu’une personnalité du système médiatico-politique est prise en flagrant délit de préférence non nationale. Et à ce jeu, c’est à qui sera le plus fin.

Récemment, François Fillon, qui jouait des muscles souverainistes, a fait sa déclaration de principe au Yad Vashem français, le Mémorial de la déportation des juifs. Quelques petites phrases qui ont l’air de rien mais qui engagent. Et enragent les vrais patriotes, qui y voient un abandon et une trahison de plus. Immanquablement, tous passent à la moulinette du Mémorial, ce centre de lavage des cerveaux jugés pas assez sionistes. C’est le test ultime de nos politiques. Alors, dans un esprit trumpien, pour se mettre le peuple français dans la poche, rien de mieux qu’une petite saillie légèrement antisioniste mais sans conséquences, comme l’a fait Emmanuel Macron, lors de sa déclaration sur l’islamisme et le judaïsme, ces deux communautarismes « qui enseignent la haine de la République ». Oui mais voilà, cela ne l’a pas empêché de faire l’éloge d’Israël (« ce petit pays qui a réussi à avoir 5% de son PIB investi en R&D ») et d’y filer ventre à terre pour pérorer sur le plateau d’i24news, la chaîne internationale de Patrick Drahi. L’ensemble donnant l’impression d’un nationalisme français coproduit...

Côté Mélenchon, sa double appartenance au socialisme et à la franc-maçonnerie, ces deux filles du sionisme, si l’on peut se permettre cet anachronisme, le qualifient fondamentalement en ami d’Israël, dont il ne se gêne pas pour critiquer la politique. Une critique qui en reste aux mots et qui satisfait la partie anti-impérialiste de son électorat, puisque l’antisionisme de gauche n’est qu’une variante de l’anti-impérialisme.

Les vrais antisionistes sont passés depuis longtemps au FN et à ses satellites, sinon dans les nouveaux mouvements de contestation. Tout ça pour en venir à Marine Le Pen, qui a dû s’éloigner de son père sous l’injonction sioniste (via le CRIF), ce qui ne lui a pas réussi… puisqu’elle est désormais critiquée en interne. Le FN sans le souverainisme, c’est un peu le socialisme sans les pauvres.

 

Où trouver l’information la plus juste sur la véritable politique israélienne ?

Il suffit de lire E&R tous les jours, car E&R n’est pas dans le parti pris, mais dans la lucidité. Tant pis pour les Israéliens si la politique de leurs dirigeants est colonialiste et si leur « démocratie » n’est qu’un régime militaire sur une base religieuse douteuse ! Ils ont beau crier au « racisme » en France (ce sont les sionistes qui ont créé exprès SOS Racisme chez nous), les Français n’ont pas de leçons à recevoir d’Israël dans ce domaine. La situation géopolitique de l’entité israélienne peut certes expliquer sa militarisation, mais dans ce cas, analysons les conditions anti-arabes de sa création…

Pour s’informer, on peut aussi lire la presse israélienne de gauche, du type Haaretz dans sa version en anglais, sinon les journaux non conventionnels américains, très informés, ou encore la presse arabe (les quotidiens algériens), la télévision iranienne. En France, le seul journal papier qui informe sur la politique israélienne sans concession, c’est bien Rivarol. À un niveau plus prudent, Le Monde diplomatique. Mais le grand public et les médias dominants préfèrent dénoncer la brutalité de ces articles plutôt que la brutalité de la politique israélienne !

En vérité, pour les Français qui veulent vraiment savoir, et savoir en profondeur, c’est-à-dire sans jugements de valeurs d’un côté ou de l’autre, il y a le livre. Irremplaçable. Chez Kontre Kulture, la collection sur le sujet permet de se faire une idée très précise de la situation. Rien n’empêche d’ailleurs de lire du Finkielkraut ou du Zemmour. Et jusqu’à présent, personne de chez E&R n’a brûlé de synagogue ! Alors qu’en face, dans le camp sioniste, on tire sur des civils. Et qui a la mauvaise image ? De l’inversion des valeurs, de l’importance de l’image et du contrôle de l’opinion publique… Voilà pourquoi tout le sionisme tient sur les médias. Et uniquement sur eux.

 

Retrouvez Dimitri Korias en conférence
à Nantes le 8 avril prochain :

 


 

Alain Soral présente La Télévision malade du sionisme, de Dimitri Korias :

 

Retrouvez Dimitri Korias chez Kontre Kulture :

Sur les médias français, lire également chez Kontre Kulture :

Dimitri Korias, sur E&R :

 






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