Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Nomination d’un « M. Sécurité privée »

Ce préfet contrôlera une profession aux effectifs bientôt aussi importants que ceux des policiers et gendarmes réunis.

Les vigiles, maîtres-chiens, gardes du corps, opérateurs vidéo, personnels de sûreté des aéroports ou des galeries commerciales vont prendre du galon. Brice Hortefeux doit en effet annoncer prochainement la création d’une délégation interministérielle à la sécurité privée. Un « M. Sécurité privée », en somme, qui devra veiller à une meilleure intégration de ces quelque 165.000 agents dans la chaîne de sécurité nationale.

Cette mission est érigée au rang de priorité gouvernementale, au même titre que la sécurité routière, elle-même coiffée par une structure interministérielle depuis les années 1970. L’État n’a plus le choix : alors que les effectifs des forces de l’ordre fondent comme neige au soleil, ceux des sociétés de sécurité privée croissent de 3% par an. Avec plus de 200.000 effectifs d’ici à 2014, il y a aura bientôt presque autant de privés en France que de policiers et de gendarmes réunis.

L’accent sera d’abord porté sur la déontologie et la moralisation du secteur. Car l’État ne peut confier davantage de responsabilités aux privés sans un minimum de garanties. Les derniers arbitrages reviendront à Matignon. Mais c’est bien à Beauvau que le délégué interministériel sera installé.

Déjà, le nom de Jean-Louis Blanchou circule, comme futur titulaire du poste. Jusqu’alors directeur de la sûreté et du management des risques chez Aéroports de Paris, ce haut fonctionnaire, qui avait été auparavant secrétaire général pour l’administration de la police dans les préfectures de Versailles puis de Paris, vient tout juste d’être nommé préfet hors cadre…

Le 7 juin dernier, l’Inspection générale de l’administration (IGA) avait remis au ministre de l’Intérieur un rapport rédigé avec les inspections de la police nationale et de la gendarmerie. La création de ce délégué interministériel figurait parmi les 40 propositions émises par cette mission. Autre mesure phare du rapport : la création d’un Conseil national des activités privées de sécurité. Ce cénacle, où l’État serait majoritaire, est censé fournir un cadre aux concertations avec les représentants des organisations professionnelles. « Cette instance est devenue indispensable tant il y a d’acteurs à revendiquer la représentativité de ces professions », explique un inspecteur général de l’administration. En clair : l’État veut en finir avec la cacophonie qui règne dans chez les professionnels de la sécurité privée. Il veut une instance unique.

Son fonctionnement serait financé, pour une large part, par les sociétés privées. Le Conseil national aurait donc vocation à réfléchir à l’harmonisation des pratiques professionnelles, aux modalités de délivrance des agréments pour travailler dans le secteur privé, aux moyens de faire respecter l’éthique et la législation, avec d’éventuelles sanctions disciplinaires ou pécuniaires à la clé pour les sociétés et leur personnel.

Parallèlement, des policiers et des gendarmes seraient affectés au contrôle des privés. Et puisque l’État ne peut augmenter indéfiniment ses charges en ces temps de rigueur budgétaire, ces missions de contrôle seraient financées par un prélèvement sur le chiffre d’affaires florissant du secteur. L’État encadre, les privés participent.