Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Nouvelles inculpations au sein de l’armée turque

La justice turque a inculpé 196 personnes, dont des militaires en activité ou à la retraite, dans le cadre d’une enquête ouverte il y a plusieurs mois sur une tentative de renversement en 2003 du gouvernement islamo-conservateur, a annoncé la presse turque lundi 19 juillet.

Les inculpations, prononcées à Istanbul, sont le résultat d’une enquête commencée en février avec une spectaculaire vague d’arrestations de militaires.

Le suspect numéro un est le général à la retraite Cetin Dogan, ancien chef de la Première armée, basée à Istanbul, ville où le complot aurait été fomenté, peu après l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, en 2002, selon l’agence de presse Anatolie.

L’amiral à la retraite Ozden Ornek, ancien chef de la marine, le général à la retraite Halil Ibrahim Firtina, ancien chef de l’armée de l’air, et l’ancien adjoint au chef d’état-major, le général à la retraite Ergin Saygun, font partie des inculpés.

Le journal Hurriyet indique sur son site internet que plus de 30 militaires en activité ou à la retraite figurent parmi les inculpés. Ils sont accusés d’avoir "tenté de renverser le gouvernement ou de l’empêcher de mener à bien sa mission par la force ou la violence", un crime passible de 15 à 20 ans de prison, selon Anatolie. La date du procès n’a pas été communiquée.

Plusieurs dizaines de personnes, dont des hauts gradés de l’armée, ont déjà été inculpées dans le cadre de l’investigation visant à punir les instigateurs du plan "Balyoz" ("masse de forgeron"). Cette tentative de coup d’Etat, datant de 2003, prévoyait de déstabiliser le gouvernement en lançant une série d’attaques spectaculaires contre des chasseurs grecs au-dessus de la mer Egée et contre des mosquées à Istanbul. Des dizaines d’intellectuels, d’opposants et de journalistes devaient être arrêtés.

Les tensions sont vives depuis plusieurs années entre l’institution militaire, qui s’estime gardienne des institutions laïques, et le gouvernement issu de la mouvance islamiste, au pouvoir depuis 2002. Avec l’élection de Recep Tayyip Erdogan à la présidence, le pouvoir de l’armée s’est érodé, sous l’effet des réformes engagées dans le cadre des négociations avec l’Union européenne.

L’armée, qui se veut la garante des principes de laïcité en Turquie et jouit traditionnellement d’un grand prestige, a renversé quatre gouvernements depuis un demi-siècle.