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Pirelli, le "Michelin italien", passe sous contrôle chinois

Le fabricant italien de pneus Pirelli va passer sous le contrôle du groupe chinois ChemChina, selon un accord annoncé dimanche soir qui prévoit le maintien en Italie du siège de ce groupe plus que centenaire.

Le fabricant italien de pneus Pirelli va passer sous le contrôle du groupe chinois ChemChina, selon un accord annoncé dimanche soir qui prévoit le maintien en Italie du siège de ce groupe plus que centenaire.

Fruit d’une négociation menée semble-t-il tambour battant, et jusqu’à jeudi dans la plus grande discrétion, un accord de "partenariat industriel à long terme" a été conclu entre la holding italienne Camfin, principal actionnaire de Pirelli, et la société CNRC, contrôlée par le groupe chinois ChemChina, selon un communiqué de Camfin.

Il prévoit, comme anticipé par le quotidien Corriere della Sera il y a quelques jours, la transformation de la part de 26,2% de Pirelli détenue par Camfin en une nouvelle société, BidCo, dont CNRC, une filiale de ChemChina, aura le contrôle.

La transaction s’effectuera au prix de 15 euros par titre Pirelli, un seuil déjà dépassé vendredi à la Bourse de Milan suite aux spéculations déclenchées par les fuites dans la presse, et qui ont porté l’action à son plus haut niveau depuis 25 ans.

Après cette première phase, qui devrait s’achever d’ici la fin de l’été, la société russe d’investissement Long Term Investments Luxembourg fera son entrée dans l’accord entre actionnaires, indique Camfin, qui est elle-même détenue à moitié par le géant pétrolier russe Rosneft et pour le reste par Nuove Partecipazioni (société du PDG de Pirelli Marco Tronchetti Provera).

Par la suite, la nouvelle société Bidco lancera une opération publique d’achat au prix de 15 euros par titre sur les autres titres de Pirelli, actuellement coté à la Bourse de Milan, en vue d’un "potentiel retrait de la Bourse".

Actuellement les autres principaux actionnaires directs de Pirelli sont Malacalza Investimenti (7%), la famille Benetton (4,6%) et Mediobanca (4,1%).

Pirelli affichait vendredi plus de 7 milliards d’euros de capitalisation boursière. En cas de succès de l’opération, celle-ci serait l’une des plus grosses transactions de ce type entre l’Italie et la Chine.

En juillet 2014, la Chine avait déjà investi 2,1 milliards d’euros dans une entreprise italienne d’infrastructure énergétique, et une vingtaine de contrats pour une valeur de plus de 8 milliards d’euros avaient été signés lors de la visite en octobre du Premier ministre chinois Li Keqiang.

Inquiétudes pour le capitalisme italien

"Le partenariat avec un acteur global comme ChemChina représente une grande opportunité pour Pirelli. L’approche de CNRC en matière d’affaires et de vision stratégique garantit le développement et la stabilité de Pirelli", a commenté M. Tronchetti, l’actuel PDG de Pirelli qui devrait conserver le poste de directeur général, tandis qu’un nouveau président sera nommé par CNRC.

"Le siège et le savoir-faire de Pirelli seront maintenus en Italie" et leur éventuel déplacement ailleurs demandera une "majorité renforcée", assure Camfin, soulevant un point très sensible en Italie où plusieurs voix se sont inquiétées au cours du week-end de la santé et de l’avenir du capitalisme à l’italienne.

M. Tronchetti aura en outre "le pouvoir de décider quand remettre Pirelli en Bourse".

À plus long terme, l’accord envisage une "réorganisation de Pirelli et la mise en commun de sa division industrielle avec certains actifs stratégiques de CNRC". Il pourrait s’agir de scinder en deux Pirelli, qui se concentrerait sur les pneus haut de gamme, plus lucratifs, tandis que l’activité pneus industriels serait regroupée avec des actifs chinois.

Confirmant l’opération dans un communiqué distinct, ChemChina a indiqué s’être accordé avec Camfin pour "préserver la stabilité" des opérations et de la gestion de Pirelli.

Dans cette déclaration avare de détails, Ren Jianxin, président de ChemChina, a précisé que la transaction permettrait aux deux partenaires de "continuer à renforcer un leader mondial dans l’industrie du pneu".

ChemChina, précédemment connu sous le nom de China National Chemical Corp., est à la tête d’actifs évalués à 272,5 milliards de yuans (41 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 244 milliards de yuans (36,7 milliards d’euros) en 2013, selon son site internet.

Né en 1872 à Milan, Pirelli a commencé par fabriquer des pneus pour vélo avant de s’engager dans le secteur automobile naissant, y compris en compétition, jusqu’aux actuels pneus de Formule 1.

En 2014, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros et a dégagé un résultat opérationnel courant de 838 millions d’euros (+6,8%).

Pirelli s’est aussi fait connaître par ses calendriers de charme, apparus en 1964. Réalisés par des photographes de renom avec de célèbres modèles souvent en petite tenue, ils sont tirés à quelques milliers d’exemplaires et très recherchés par les collectionneurs.

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