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[Scriptoblog] Soral et la question FN

Alain Soral, polémiste et sociologue de choc dont il a souvent été question sur Scriptoblog, vient de se porter candidat à la candidature FN pour les élections européennes, région Île-de-France. Ce billet pour essayer de comprendre cette candidature.


Qui est Alain Soral ?


Alain Soral est avant tout un homme de cœur. Pour comprendre sa démarche, pour comprendre sa manière parfois abrupte, il faut d’abord se souvenir de ceci : c’est un homme de cœur. Parce qu’il a constaté la violence politique qui se déploie en France souterrainement, il a choisi de rompre avec le milieu médiatique dont il vient. A part l’humoriste Dieudonné, et en son temps le cinéaste Claude Autant-Lara, personne d’autre ne l’a fait. Remarquons que le premier est un homme de cœur, et que le second l’était. Il n’y a pas de hasard.

Cette démarche atypique sidère fort logiquement les médiocres. Si Soral l’avait voulu, étant donné son talent de polémiste, il serait aujourd’hui grassement rémunéré par Canal + pour endormir le cochon de payant à coup de fausse subversion. Comment peut-on refuser la bonne place qu’on vous propose, c’est louche ? – Voilà ce qu’ont pensé les médiocres.

Après l’étonnement des médiocres est venue la calomnie des salauds. On a glosé sur les motivations du Soral frontiste, disserté sur ses ambitions personnelles, tenté même de salir sa réputation, à coups d’amalgames grotesques entre lutte anti-impérialiste et islamolâtrie supposée.

Tout cela est faux. Adhérant à Egalité & Réconciliation, je connais Alain Soral, j’ai pu discuter avec lui longuement, et je vous dis que sa motivation, c’est tout simplement le cœur. Alain Soral n’est ni un islamolâtre, ni un antisémite, ni une taupe gauchiste chargée de noyauter le FN. C’est tout simplement un homme de cœur, qui a parfaitement analysé la violence perverse faite par l’oligarchie mondialiste à son peuple, depuis des décennies, et qui a décidé, en parfaite connaissance de cause, de se ranger dans le camp des parias : le camp national. Il faut énormément de courage et aussi une certaine désespérance pour prendre pareille décision. Mais voilà : ce courage, cette désespérance, Soral les porte en lui.

D’aucuns se sont étonnés qu’interrogé sur son ralliement à Le Pen, il parle, chez Franz-Olivier Giesbert, d’un « acte punk ». Que ceux-là se rassurent : en l’occurrence, Soral parlait à FOG, et le doigt magistralement tendu sous le nez de l’individu, il lui disait quelque chose. Quant à ce qu’il disait, je vous laisse imaginer ce qu’on dit aux gens en leur tendant le doigt.

On le dit accro aux médias, prêt à n’importe quoi pour passer à la télé. Là encore, c’est faux. Soral sait parfaitement le pouvoir des médias. Il les connaît de l’intérieur, il connaît leur puissance et aussi leur faiblesse. S’il tente de glisser un pied dans la machine médiatique, ce n’est pas parce qu’il y prend plaisir. Au contraire : s’il y a un milieu où il n’a pas envie de grenouiller, c’est celui-là. Si Alain Soral veut passer à la télé, c’est tout simplement parce que l’audience d’une émission de télé est mille fois supérieure à celle de n’importe quel site Internet.

Parce que c’est un homme de cœur, Soral a ses faiblesses, évidemment. Il ne sait pas contourner, il ne sait pas feindre. Il a besoin d’être aimé. Il a besoin de séduire – ce n’est pas pour rien qu’il a écrit une « sociologie du dragueur ». Ce n’est pas un animal à sang froid, capable de rester immobile des heures, avant de frapper sa proie par surprise. C’est un boxeur, habitué à regarder son adversaire dans les yeux. Attitude élégante, mais dans l’arène politique, contre-productive. Son seul vrai défaut est là. A mon avis, il s’en corrigera, parce qu’il sait combattre pour une cause qui mérite n’importe quel sacrifice – même celui du panache.

Pourquoi cette candidature ?

Le Front National peut aujourd’hui suivre trois voies.

La première voie, c’est la défense farouche de l’identité française, telle qu’elle a existé pendant des siècles. Sensibilité parfaitement légitime, bien entendu. La France a été défigurée. Une oligarchie de traîtres et de canailles a vendu notre pays. La France est peuplée de gens qui se détestent, et que l’on pousse à se détester. Pour parler en termes savants, mais précis, le modèle anthropologique fondateur de l’âme européenne a été méthodiquement concassé, depuis quarante ans, par les soixante-huitards et pour le compte des ploutocrates. Notre économie est en réalité en ruines, et un jour prochain, nous nous en apercevrons.

Face à ce désastre, la tentation du Camp des Saints est compréhensible. C’est pourquoi la sensibilité identitaire est légitime. Il est légitime pour un peuple nié dans son identité de se replier sur un ghetto protecteur. Et sans doute, au demeurant, ce repli sera bénéfique, il permettra de conserver vivants les brandons du feu qu’un jour, nous pourrons ranimer.

Cependant, réduite elle-même, cette voie ne conduit nulle part. Seule la souveraineté politique permet de fonder l’avenir d’un peuple. Le repli sur le ghetto ne peut être qu’une solution provisoire. Il faut penser au-delà, il faut préparer la renaissance. La sensibilité identitaire, en elle-même, n’est qu’un pis-aller. Elle ne peut absolument pas ouvrir au Front National les perspectives électorales dont un grand parti politique a besoin pour que son action ait un sens.

La deuxième voie, c’est le ralliement à la droite d’affaires, aujourd’hui incarnée par un Nicolas Sarkozy. Cette voie a le mérite de la facilité. Un ralliement direct, à la Gianfranco Fini, offre à ceux qui s’y résignent la satisfaction dérisoire d’un strapontin dans quelques gouvernements de circonstances. Un ralliement plus subtil, à la manière de la Ligue Lombarde, peut donner de meilleurs résultats politiques : on voit comment, en Italie, la Ligue est parvenue à se rendre incontournable, obligeant Berlusconi à prendre de véritables mesures anti-immigration.

Cependant, dans tous les cas, la voie du ralliement conduit à l’anéantissement. Ne parlons pas de la perspective Fini, on sait quoi en penser. Mais même la Ligue Lombarde ne peut durablement préserver le peuple qu’elle défend, tant qu’elle collabore au pouvoir d’un Berlusconi. Elle peut retarder les échéances, pas modifier les tendances de fond que l’oligarchie mondialiste imprime à l’Europe, et, partant, à ses nations. Grâce à son action, l’immigration sera moindre en Italie pendant quelques années. Et après ? Et après, rien. Les structures de mort construites par les mondialistes seront restées en place. Le peuple italien n’aura pas retrouvé son élan vital. Enfermés dans le consumérisme et piégés dans un système pervers, les Italiens continueront à s’éteindre, à petit feu, au rythme de leur implosion démographique. C’est tout.

Le seul cas de figure où le ralliement de la mouvance nationale à la droite d’affaires aurait un sens, c’est dans le cadre d’un retour à une infrastructure économique par grands blocs autarciques. Alors, effectivement, dans ce cas, les milieux d’affaires changeraient les consignes qu’ils donnent à leurs hommes de paille, et l’on verrait Jacques Attali passer à la trappe, remplacé sans doute par une sorte de Guillaume Faye light. Dans ce cas de figure, effectivement, l’infrastructure économique commanderait à la droite d’affaires un alignement sur des positions compatibles avec les aspirations des patriotes.

Mais ce cas de figure est très improbable. La mondialisation cale de temps en temps, puis toujours elle repart. C’est un mouvement infrastructurel, une donne qu’il faut accepter. Le niveau de développement technologique de l’humanité rend tout simplement inéluctable l’interpénétration croissante des peuples.

Et puis, de toute manière, la volonté des élites occidentales de dominer la planète est apparemment inébranlable. Nicolas Sarkozy est un agent américain. La quasi-totalité des classes dirigeantes françaises s’est ralliée à l’atlantisme, machine de guerre au service du mondialisme. Soyons lucides : tant que nous ne les aurons pas rayés de la carte, les mondialistes néolibéraux, c’est-à-dire post-socialistes, vont continuer à faire la pluie et le beau temps dans les coulisses du pouvoir. Imagine-t-on Marine Le Pen dans un gouvernement dont le chef applique les consignes d’Attali ? – Non, on ne peut pas l’imaginer. Ou alors, cela s’appelle faire le tapin. Appelons les choses par leur nom ; le reste, ce sont des belles paroles.

Reste la troisième voie : la réinvention de la France. Cette voie n’est ni belle, ni facile. Elle est âpre, parce qu’elle suppose d’accepter l’identité française comme une variable en mutation – ce qui représente un formidable traumatisme pour notre vieille nation catholique et européenne. Elle est rude, parce qu’elle imposera de faire face, presque sans moyens, à une coalition formidable. Mais c’est la seule qui permettra, un jour peut-être, de redonner à notre peuple la clef de voûte sans laquelle il n’y a ni liberté, ni espérance : la souveraineté politique.

La France qui renaîtra, après la tourmente, ne sera pas celle que nous avons connue. Elle ne sera pas purement européenne sur le plan ethnique. Elle ne sera pas non plus chrétienne, en tout cas pas entièrement. Elle portera en elle une part de l’Afrique et une part de l’Asie. Elle sera diverse, il faut s’y faire. Mais comment faut-il vivre cette situation ? Comme une malédiction, ou comme un défi ?

Au XXI° siècle, sauf cataclysme monstrueux, les nations ne pourront plus échapper à la redéfinition permanente de leur substance – l’infrastructure économique et technologique va commander de nouvelles formes de socialisation, partout, tout le temps. La question posée est donc l’aptitude des nations à opérer cette redéfinition. Il s’agit de savoir si la France est capable, par son génie propre, d’inventer une manière de faire vivre des hommes divers ensemble, réellement ensemble. Il s’agit de savoir si, en remontant à la racine de notre être, nous pouvons faire de cet être le point de départ d’une nouvelle aventure collective.

Au-delà des éructations pathétiques des rappeurs racistes antifrançais, au-delà des manipulations minables des officines au service du pouvoir mondialiste, au-delà même de la barbarie affolante qui monte des banlieues, il y a la réalité complexe qui fait notre pays. Cette réalité est tissée par des millions d’êtres, qui s’interrogent sur leur identité, et ne savent plus répondre à cette interrogation. Or, la seule réponse possible, c’est la France. Parce qu’elle est une langue, une culture, un projet politique millénaire, et au-delà même de ce projet politique, un projet spirituel.

Le drame français, depuis quarante ans, veut que ce projet soit interdit par les ploutocrates et leurs laquais. Le pouvoir a délibérément cassé l’Education Nationale, matrice potentielle de la France en mutation. Il a soigneusement parcellisé les processus productifs pour les éclater entre pays, rendant presque impossible le retour aux souverainetés économiques nationales. Il a brisé un à un tous les cadres anthropologiques fondamentaux : le travail, aliéné ; la famille, éclatée ; la patrie, diabolisée. La question cruciale est de savoir si l’on peut reconstruire ces bases, et comment, une fois ces bases reconstruites, la Nation saura se refaire – ou pas. Cette question n’a rien de théorique : l’ordre mondialiste américanomorphe vacille, une autre mondialisation va peut-être devenir possible. La Russie renaît, la Chine monte en puissance. Nos maîtres vont sous peu connaître le prix de l’oppression. Pourquoi ne ferions-nous pas partie de ceux qui leur présenteront la note ?

Certes, la question française est infiniment complexe. L’Islam en tant que communauté pose un problème considérable – parce qu’il est en lui-même un projet politique rival du projet français. Des flux migratoires très importants risquent de déferler sur l’Europe, dans les trente ans qui viennent – des flux tellement importants, qu’il deviendra complètement impossible d’éviter la balkanisation du pays. Enfin, nous sommes confrontés, avec les populations subsahariennes, à des modèles familiaux et des systèmes culturels si éloignés des nôtres que l’adaptation semble extrêmement difficile.

Mais comment faut-il aborder ces difficultés ? En préparant le ghetto pour s’y réfugier, si cela devient nécessaire ? On y travaille. Ça ne suffit pas. La question, pour l’instant, c’est : se résigner à négocier une place dans l’ordre ignoble qui se met en place, ou remettre en cause cet ordre, pour tenter de refaire la République.

Il faut choisir entre ces deux voies, et c’est très exactement la question posée au Front National par la candidature d’Alain Soral en Île-de-France. De la réponse qui sera donnée à cette candidature, on pourra déduire le choix du parti lepéniste : la collaboration, ou la résistance.

Michel Drac

Source
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En complément : [Communiqué] Alain Soral candidat à l’investiture FN comme tête de liste pour les européennes de 2009 en Île de France