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Selon Delphine Ernotte, "le service public peut se permettre le luxe de prendre du temps"

Morceaux choisis de l’interview donnée par la présidente du groupe d’audiovisuel public au journal Libération le 7 octobre 2016. Nous aussi, on aurait quelques questions à lui poser, mais l’audience d’E&R n’a pas l’air de l’intéresser. Dommage, car France Télévisions est en train de dévisser sérieusement, et une petite remontée d’audience lui ferait le plus grand bien. Ainsi qu’à sa présidente, qui est de ce fait sur un siège éjectable.

 

Un petit résumé de la situation du groupe public :

Rude semaine pour France Télévisions. Avec seulement 12,5 % de part d’audience en septembre, en recul de 1,9 point sur un an, France 2 a connu le pire résultat de son histoire. Deux jours plus tard, son directeur, Vincent Meslet, était congédié par Delphine Ernotte. En exclusivité pour « Libération », la présidente du groupe justifie cette décision. Elle assure que « les grilles de programme ne changeront pas ».

Dans cet extrait, Delphine parle du mariage nécessaire entre la télé et le numérique. Comprenne qui pourra : le numérique vit sa vie d’indépendant, sans la télé, qui elle a perdu la garde des enfants (le public) :

Je le redis : l’audience ne gouvernera jamais France Télévisions. Vincent a de très grandes qualités professionnelles et humaines et je le remercie pour tout ce qu’il a accompli pour la chaîne. Mais je suis cheffe d’entreprise. Il y a une énorme transformation à faire à France Télévisions. Les jeunes publics ne regardent plus la télévision de la même façon que moi. Il faut marier la culture traditionnelle de la télévision et la culture numérique.

L’audience se casse la gueule, les Français n’en peuvent plus de voir les mêmes tronches raconter les mêmes conneries du matin au soir, mais non, il faut poursuivre dans cette impasse.

La grille des programmes ne change pas. Les nouvelles émissions mettent toujours du temps à s’installer. Mais le service public peut se permettre le luxe de prendre le temps. Vincent avait dit que l’on ferait un bilan au mois de novembre. Nous prendrons le temps qu’il faudra…

On répète la phrase choc : « le service public peut se permettre le luxe de prendre le temps ». De prendre le temps et l’argent, pourrait-on ajouter.
Les Français qui payent leurs impôts locaux auront remarqué une chose, cette année, l’inflation de la redevance télé. 137 euros, alors qu’on était à 116 euros il y a 10 ans. Or le taux officiel d’inflation est de 2% en moyenne en France depuis 20 ans, avec des pointes négative et positive de 0,1% en 2009 et 2,8% en 2008. Bref, les prix augmentent de 2% par an, bon an mal an. La redevance aussi, qui rapporte, ainsi que le montre le tableau, plus de 3 milliards (on arrête de dire euros parce que c’est implicite).

La phrase choc de la « cheffe » du groupe public suppose donc que la redevance va continuer à croître tranquillement, ce qui payera les erreurs de programmes et de gestion. C’est implicite. Cet argent non gagné (même pas mal gagné) permet à Delphine de ne pas avoir le stress que connaissent les professionnels du secteur, qui doivent dégager du bénéfice pour payer leurs employés. Là, en une phrase, on comprend que le contrôle de gestion ou la remise en question, c’est pour les autres. Au lieu de se demander pourquoi les émissions ne marchent globalement pas, elle met les problèmes structurels sous le tapis et s’accorde du temps, c’est-à-dire de l’argent. Notre argent. On a connu plus professionnel.

Le journaliste de Libé ne pose pas la question du fond, mais les réponses de Delphine valent le coup :

Cette rentrée difficile pose la question de la place de France 2. La chaîne doit-elle se diriger vers une programmation très pointue, à l’image de la nouvelle émission culturelle Stupéfiant !, ou vers une programmation plus divertissante et grand public, symbolisée par le jeu de Nagui ?
Le positionnement de France 2, c’est justement la réconciliation de ces deux exigences : elle doit être une grande chaîne culturelle pour le plus grand nombre et pour tous les publics dans leur diversité. Je sais que cela sonne comme un oxymore. Ce n’est pas simple mais c’est la vocation du service public.
Cela ressemble surtout à une injonction contradictoire…
Non, c’est une belle utopie, comme l’était le théâtre populaire de Jean Vilar, auquel je fais souvent référence. Je suis très satisfaite des audiences de Stupéfiant ! par exemple : 600 000 téléspectateurs devant cette émission culturelle de deuxième partie de soirée, c’est excellent. Nous assumons. Je l’ai dit au producteur, Laurent Bon : les audiences ne sont pas notre sujet. Il nous faut aller encore plus loin, creuser notre mission de service public. [...] Ce n’est pas l’audience qui gouverne France Télévisions.

Tant que les dirigeants de notre télévision n’auront pas compris que la propagande fait fuir les téléspectateurs par wagons entiers (voir la chute de Canal+), on pourra injecter autant de milliards qu’on voudra dans le dispositif, il coûtera de plus en plus cher pour de moins en moins de résultat, c’est-à-dire de popularité. Or, popularité ne veut pas dire vulgarité, à l’image de M6 : on peut être populaire et pas vulgaire, par exemple E&R !

 

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France Télévisions, beaucoup de Télévisions, peu de France, voir sur E&R :

 






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