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"Quart juif", "coq nain" : la guerre des vannes entre Obama et Sarkozy

Le contentieux date d’il y a 10 ans, mais c’est à l’occasion de la sortie cette semaine des mémoires de Barack Obama – Une Terre promise (volume 1) – qu’on a découvert l’inimitié entre l’ancien président français et l’ancien président américain.

 

 

Ceux qui s’intéressent aux relations entre les deux pays savent qu’elles ont été houleuses et très inégales depuis 1945. Français et Américains sont dans le camp des vainqueurs, mais la Normandie a été libérée au prix de bombardements terribles, qui se sont plus avérés efficaces contre les civils que contre les occupants. Mais c’est surtout la domination écrasante de l’Amérique d’après-guerre sur ses alliés européens qui va déranger la France et ses présidents depuis 1958. Pas facile d’être un vassal !

 

 

Pour aller vite, Kennedy n’aimait pas de Gaulle, qu’il considérait comme un politique de l’ancien temps, d’avant-guerre dirons-nous. Kennedy mourra en 1963 et de Gaulle lui survivra politiquement encore presque 10 ans. Le Général aura plus de chance avec le président suivant, pas l’horrible Johnson mais Nixon, celui-là même qui avait tenté sa chance et perdu contre Kennedy en 1960. Nixon admirait le Général, mais ensuite les choses se sont dégradées (Nixon a été éliminé par le Watergate) car l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, en 1981, choquera l’allié américain et son représentant Reagan : la France sera-t-elle toujours dans le camp occidental ?

 

 

L’affaire (Farewell) de la vraie-fausse taupe soviétique permettra aux Américains de vérifier que Mitterrand était bien leur allié, voire leur obligé. Mitterrand aura, aux dires de Roland Dumas, après les tensions avec Reagan, d’excellentes relations avec Bush père. Mais la première lune de miel franco-américaine sera celle, inaltérable, entre La Fayette et Washington (George, le premier président américain de 1789 à 1797). Pour la petite histoire, le fils de La Fayette prendra pour nom Georges Washington de La Fayette ! Belle preuve d’amitié et d’hommage à son parrain qui sera en quelque sorte son père adoptif. Et tout ça sur le dos de l’Anglais !

Deux siècles plus tard, nouvelle grande lune de miel franco-américaine avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, après une période où Chirac tentera de la jouer indépendant devant le grand frère US... qui le ramènera vite dans le giron atlanto-sioniste.

Sarkozy, lui, ira droit au but en maillot « NYPD » : tout pour l’Amérique, pays qu’il admirera plus que la France, d’ailleurs. Une faute de goût qui sera relevée par les médias français, mais sans en faire un drame tant Sarkozy, comme Macron 15 ans plus tard, sera aussi le candidat des médias mainstream au début des années 2000.

Venons-en au fait, ou plutôt aux faits : entre Obama et Sarkozy, c’est la guerre des mots. Dans le livre d’Obama, une page a choqué les Français. La voici :

La version qui tourne sur Twitter :

Les vannes défilent : « petite taille », « personnage sorti d’un tableau de Toulouse Lautrec » (un nabot difforme à la naissance), « opportunisme », « discussions [...] exaspérantes », « coq nain », sans oublier ses « talonnettes pour se grandir », ce n’est plus un portrait, c’est un massacre ! Un Picasso !

 

 

Antisémitisme ? La presse française, à l’image du producteur de la sionosphère de droite Stéphane Simon, qui prouve ainsi son allégeance, ne voudra retenir que l’allusion à la judéité... du côté paternel, ce qui ne fait pas de Sarkozy un juif puisque la judéité se transmet par la mère. Mais Sarkozy n’est pas homme à se laisser abattre, on le sait avec l’affaire Libye-Takieddine qui traîne depuis 10 ans.

Nous sommes en 2009, Obama vient d’être élu, Laurence Haïm a pleuré sur l’antenne de Canal+, le Bien a gagné. Nous sommes précisément en Normandie, le 6 juin, pour le 65e anniversaire du débarquement anglo-américain (avec des Canadiens dedans). Sarkozy ironise sur la popularité record d’Obama et en sort une bonne, non, une excellente :

« Je vais lui demander de marcher sur la Manche, et il va le faire, vous verrez... »

Barack Obamania sera élu du 20 janvier 2009 au 20 janvier 2017, soit deux exercices. Que retenir de l’Amérique d’Obama ? Des guerres, une continuité avec la politique buschienne, rien de bien folichon. D’ailleurs, dans sa tournée promotionnelle, Obama déclare livrer un plaidoyer en faveur de « l’empathie »... Ce qui ne fait pas vraiment une politique, tout juste de la « com » à la Greta Thunberg et qui ne change pas le rapport de forces avec l’État profond américain. Obama n’y a pas touché, contrairement à Trump par la suite. Pour certains, c’est la preuve qu’Obama, au passé très flou, était bien le candidat de l’État profond ou des forces occultes qui doublent la démocratie américaine.

La seule décision « empathique » qu’on peut mettre, du point de vue de la politique extérieure, au crédit d’Obama, c’est de n’avoir pas appuyé sur le bouton « war » à l’été 2013, soit le déclenchement d’une guerre américaine directe contre la Syrie. Obama préférera nourrir les forces anti-Assad, qu’elles soient politiques ou djihadistes. Chez nous, le téméraire Hollande était prêt à en découdre, oui, l’homme au scooter, mais Obama le laissera seul dans ses rêves de guerre proche-orientale. Sept ans plus tard, Hollande a disparu des tablettes, Assad est toujours au pouvoir, l’Amérique a rapatrié ses boys, en laissant quelques mercenaires, et Trump regarde vers l’Asie.

Sarkozy admirait l’Amérique mais il n’admirait pas Obama, par jalousie personnelle ou par choix politique nationaliste, allez savoir. Il s’agit peut-être d’une petite vengeance suite à la vanne qui a fait le tour du monde qu’Obama lui a infligée quand il a été reçu par le président français et son épouse Carla Bruni (qui venait d’accoucher de leur fille Guilia le 19 octobre), à l’Élysée le 3 novembre 2011. Le président US s’est livré à un portrait grinçant de son hôte. Sarkozy rira les dents serrées...

« Je tiens à féliciter Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni pour la naissance de leur fille Giulia. Et je suis sûr que la petite aura la beauté de sa maman et non de son papa. Ce qui est une bonne chose. »

Un autre angle, sur E&R :

 






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