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Un rapport montre que l’opposition syrienne, appuyée par les États-Unis est responsable d’atrocités sectaires

Un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié hier révèle les massacres sectaires de centaines de civils par les forces de l’opposition sunnite, soutenues par les États-Unis, au cours d’une offensive, au début du mois d’août, dans la région à majorité alaouite autour de la ville côtière de Lattaquié.

En se fondant sur des preuves photographiques abondantes et des entretiens avec les survivants, Human Rights Watch a montré qu’au moins 190 civils alaouites avaient été massacrés et 200 pris en otage par les forces de l’opposition. Parmi les morts on compte au moins 57 femmes, 18 enfants et 14 hommes âgés.

Le directeur de HRW pour le Moyen-Orient, Joe Stork, a déclaré que les massacres n’étaient "pas des actions menées par des combattants voyous... Cette opération constituait une attaque coordonnée et planifiée contre la population civile de ces villages alaouites."

Ces événements sont une mise en accusation de Washington et de ses alliés européens, mais aussi des médias, qui ont tous soutenu les milices d’opposition liées à Al-Qaïda en Syrie. Les médias ont salué faussement cette opposition comme des combattants pour la démocratie et appelé à une guerre menée par les Etats-Unis pour les soutenir.

Deux semaines après les massacres de Lattaquié, Washington a lancé une campagne pour une guerre contre la Syrie, fondée sur le mensonge d’une attaque chimique à Ghouta, et n’a fait machine arrière juste avant le déclenchement de la guerre, qu’en raison de l’opposition massive des travailleurs américains et européens.

Les atrocités près de Lattaquié ont eu lieu au cours d’une offensive qui a commencé le 4 août, fête de l’Aïd al-Fitr, à la fin du mois sacré du Ramadan islamique. Il semble que les forces de l’opposition aient choisi cette date, comme le bombardement de Noël de Hanoï pendant la guerre du Vietnam par l’administration Nixon, afin de terroriser leurs victimes, en leur montrant qu’il ne retiendraient pas leur soif de sang même pendant les fêtes les plus sacrées.

Les milices ont envoyé des milliers de miliciens, armés de mitrailleuses lourdes, de lance-roquettes à canons multiples, de canons anti-aériens et de quelques chars pris à l’ennemi. Les forces de l’armée syrienne n’ont repris la zone que le 19 août.

Les civils alaouites pris dans la zone contrôlée par l’opposition ont été sauvagement assassinés. Le HRW cite des rapports médicaux : « La cause du décès sur plusieurs des [corps] était des blessures multiples par balles partout sur le corps, en plus de plaies ouvertes provoquées par un instrument tranchant, comme le montre également la décapitation observée sur la plupart des corps. »

Des responsables de l’opposition ont contacté le HRW dès le début de l’offensive, quand la plupart des meurtres ont apparemment eu lieu. Le rapport cite un « militant de l’opposition » qui, le 5 août, se vantait auprès de Human Rights Watch : « Nous avons capturés 150 femmes et 40 enfants et tués tous les hommes. »

Le rapport détaille des dizaines de cas où des civils sans défense ont été abattus. Dans le village de Barouda, les combattants de l’opposition ont tué deux civils qui étaient incapables de s’échapper : Safwan Hassan Shebli, un vétéran paralysé de l’armée syrienne et sa mère Shamieh Ali Darwish, qui ne pouvait se déplacer qu’avec des béquilles.

Dans le village de Sleibeh al-Hamboushieh, ils ont assassiné une femme aveugle de 80 ans, Nassiba Salem Sleim et plusieurs membres de sa famille.

D’autres civils ont été tués alors qu’ils tentaient d’échapper à des milices de l’opposition. Ghazi Ibrahim Badour, qui se sauvait avec sa femme et dix enfants, a déclaré : "ils ont coupé la route, et nous avons donc essayé de nous échapper à travers les arbres, mais ils tiraient sur nous et deux de mes filles sont mortes. Ma femme et une autre de mes filles ont été blessés. Ma fille Sefah Badour, qui détient une maîtrise en littérature arabe et ma fille Sara, qui possède un diplôme en philosophie, ont été tuées. »

Selon le HRW, les combattants de l’opposition qui ont mené les massacres étaient en grande partie issus de cinq milices liées à Al-Qaïda : le Front Al Nusra, l’Etat islamique d’Irak et du Levant (ISIL), Ahrar al-Sham, Suqour al-Izz et Jaish al-Muhajireen wal-Ansar. Les deux premiers groupes sont les plus connus des milices de l’opposition liées à Al-Qaïda en Syrie. Jaish al-Muhajireen est un groupe lié à ISIL, composés de combattants de pays étrangers, dont la Tchétchénie, la Turquie, le Tadjikistan, le Pakistan, la France, l’Egypte et le Maroc.

La campagne n’en a pas moins été appuyée par des forces directement soutenues par Washington, comme le général Idriss Salem du Conseil militaire suprême de l’armée syrienne libre (ASL). Il s’est rendu dans la région le 11 août pour déclarer sa solidarité avec les forces liées à Al-Qaïda : « notre chef d’état-major coopère pleinement avec le commandement côtier du front militaire concernant leurs activités militaires. Nous n’allons pas nous retirer comme on l’a faussement prétendu, mais au contraire, nous coopérons dans une large mesure à cette opération. »

Le rapport de Human Rights Watch explique également comment l’opération a été planifiée et financée par des "investisseurs" basés dans différents Émirats du golfe Persique, principalement au Koweït, à partir du mois d’avril. Parmi eux figurent les Cheikhs Hajjej al-Ajami et Shafi al-Ajami au Koweït, ainsi que par le prédicateur islamiste sunnite Cheikh Adnan al-Arour, qui aurait fait don de 140 000 de dollars et, plus tard, de 4,8 millions de dollars.

Al-Arour est tristement célèbre pour sa menace d’exécuter les alaouites syriens au moyen d’un « hachoir à viande ».

Les atrocités aux abords de Lattaquié mettent aussi en évidence le rôle trompeur joué par les grands médias, qui sont profondément impliqués de par leur promotion de l’opposition syrienne. Ils ont menti tant et plus, chantant les louanges d’une clique d’égorgeurs et de gangsters mobilisés dans le cadre d’une guerre impérialiste contre la Syrie, qui sont capables des plus sanglants massacres et qui sont présentés comme des combattants pour la démocratie.

De tels mensonges au sujet de l’opposition, et que révèlent les documents de Human Rights Watch, ont joué un rôle clé pour mener les États-Unis et leurs alliés européens au bord de la guerre, interrompue seulement par l’émergence d’une opposition populaire de masse.

Les médias ont rejeté sur le régime syrien la responsabilité de plusieurs atrocités impliquant les forces de l’opposition syrienne, tels que le massacre de Houla en mai 2012, ou l’attaque chimique de Khan al-Assal, un an plus tard. Ces mensonges ont été utilisés comme prétextes pour armer davantage l’opposition contre le régime et pour intensifier la guerre.

Dans les combats près de Lattaquié, où les civils alaouites ciblés dans des assassinats sectaires ne peuvent qu’avoir été victimes de l’opposition sunnite et non du régime syrien dirigé par des alaouites, il aurait été difficile de blâmer le régime pour ces atrocités. Les médias ont réagi en minimisant l’offensive dans son ensemble.

Ainsi, le New York Times, publication phare du libéralisme américain, a-t-il en particulier occulté les massacres près de Lattaquié, même s’il était très bien informé des événements qui s’y sont déroulés. Le journal s’entretient régulièrement avec un membre officiel de l’opposition, Ammar Hassan, dont il est dit qu’il était "en contact étroit avec les rebelles" près de Lattaquié.

Cependant, le journal n’a publié que quelques brèves notes sur l’offensive, en grande partie dans des articles traitant d’autres sujets. Le peu de choses que le Times a publié sur le sujet tendait à occulter le massacre et à rejeter la responsabilité des violences sectaires dans ce secteur sur les alaouites.

Le 5 août, jour qui a suivi les premiers massacres des civils alaouites par l’opposition, le journal écrivait : "Ici les alaouites ont longtemps craint qu’ils seraient confrontés à des meurtres de représailles par les insurgés qui sont pour la plupart sunnites, et les milices alaouites pro-gouvernementales ont été accusées d’avoir tué des civils sunnites dans la région. Certains alaouites sont restés dans leur village alors que les rebelles avançaient, et quelques alaouites blessés ont été traités dans les hôpitaux de fortune des rebelles, a déclaré M. Hassan, qui a ajouté, "bien sûr la majorité des habitants ont fui vers la ville."

La couverture du Times, tant de l’offensive de l’opposition en août et maintenant du rapport du HRW, est avant tout dictée par les besoins de l’État américain et de sa politique étrangère. Après le report de la guerre contre la Syrie par les américains, des divisions se développent entre les milices de l’opposition syrienne, et Washington tente d’isoler les groupes liés à Al-Qaïda comme l’ISIL. Le Times a présenté le rapport du HRW comme une preuve de ce que les forces de l’opposition plus proches de Washington étaient plus humaines.

Devant toutes les preuves du rapport du HRW, le journal prétend qu’Idriss et les Conseils militaires suprêmes de l’ASL n’étaient pas impliqués dans les atrocités.

« Aucun de ceux qui sont cités comme les principaux participants ne semblent être sous le contrôle du Conseil militaire suprême soutenu par les occidentaux, qui a lutté pour montrer qu’il peut reprendre l’initiative sur le terrain sur les extrémistes » écrit le journal.

Sur les milices extrémistes embauchées par l’Empire en Syrie et ailleurs :

 






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