Egalité et Réconciliation
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Vente d’armes et realpolitik

Peu de commentateurs ont fait échos au communiqué de Bernard Kouchner, concernant la nécessité de signer un accord politique avec les Russes en préalable à la vente du dernier fleuron de la technologie maritime française, le porte hélicoptère de classe Mistral*.

Seules deux puissances possèdent cette technologie, les Etats-Unis et la France. La Russie dans le cadre de la modernisation de son armée a besoin d’acheter, puis à terme, de construire ces types de navires de guerre. La France est, dans cette perspective, le partenaire idéal ; comme Israël l’est pour les drones**.

Vendre à la Russie, elle-même deuxième exportateur d’armes au monde, cinq portes hélicoptères est une réussite commerciale extrêmement prestigieuse. Une vedette coûte 500 millions d’euros, représente du travail pendant trois ans pour les chantiers navals STX à Saint-Nazaire et DCNS à Brest et Lorient. Au total, c’est un marché de plus de 2 milliards d’euros.

C’est, bien entendu, également un acte politique de première importance. Ces navires pourront être amenés à croiser au large des cotes de la mer noire, et prendre part à une opération contre la Géorgie, la cas échéant. Ce sont ces capacités qui expliquent la réticence du ministre des Affaires Etrangères français, très engagé au côté du Président Saakhachvili, avec de nombreux intellectuels français.

La récente déclaration d’Hervé Morin, ministre français de la Défense, semble démontrer que la réalité politico-économique prime toute autre considération, pour le moment. Outre le bénéfice économique que la France peut en tirer, la vente de ces navires est un moyen, pour le Président français de répondre à ses détracteurs qui jugent le plein retour dans l’OTAN comme une révolution orange à la française.

Xavier Moreau

*Mis en service en 2005, le Mistral est la fierté de la marine française. Il peut emporter 16 hélicoptères lourds, deux péniches de débarquement, jusqu’à 70 véhicules et 13 chars d’assaut.

**Les Russes ayant peu apprécié les pertes dues aux armes israéliennes lors du dernier conflit géorgien, le gouvernement israélien a du accepter ce transfert de technologie pour apaiser la partie russe.