Révolution monétaire : débat entre Étienne Chouard, Stéphane Laborde et Jean-Baptiste Bersac
27 septembre 2014 14:55, par nicolasjaissonAssocier le remboursement de la dette publique à la crise économique est une erreur manifeste. D’abord il n’a jamais été question, dans l’esprit de nos gouvernants, de rembourser la dette, mais de faire en sorte que la dette de l’Etat continue à être refinançable par les banques, c’est-à-dire que l’Etat conserve une note de crédit suffisante, pour que le risque de crédit supporté par les banques créditrices soit supportable, compte tenu de l’importance de leurs portefeuilles obligataire dans leurs actifs au bilan.
Donc aussi bien Bersac que Chouard confondent remboursement de la dette publique et son refinancement. Au contraire, c’est bien la perpétuation de la dette qui pose problème – elle assèche le marché en liquidités disponibles pour le financement des entreprises privées et des ménages en les maintenant dans les canaux bancaires – et non sa destruction. En l’occurrence la dette de l’Etat est le meilleur allié des marchés financiers, dont il alimente la création de fausse monnaie électronique avec la garantie de l’Etat et non son pire ennemi, au sens où il défendrait la richesse du peuple tirée de l’économie réelle par le travail contre la captation de valeur par les marchés par la rente et la spéculation.
Par ailleurs le lien entre endettement public et prospérité privée est abusif. Certes il y a eu des "bank run" aux Etats-Unis, causés par la chute soudaines des liquidités bancaires transformables en moyens de paiement fiduciaires. Et encore ces paniques bancaires n’ont nullement été provoquées par la chute de l’endettement de l’Etat, mais plutôt par l’incapacité de la banque centrale à contrôler la multiplication de la monnaie papier libérée de la référence par un étalon de change fixe. La croissance anarchique de la monnaie papier (promissory notes) contribuait déjà à alimenter la spéculation, notamment par rapport à la valeur de la propriété agraire). Il faudra attendre les "greenbacks" de A Lyncoln après la révocation de la charte de banque centrale par le Président Jackson, pour que l’Etat réémette de la monnaie sur lui-même sans intérêt en s’auto-créditant, tout en contrôlant l’expansion de la masse monétaire par la convertibilité du dollar en or. L’expérience sera interrompue par des crises de liquidité artificiellement provoquée par la thésaurisation de l’or, pour que ce système soit abandonné au profit des "robber barons" et leurs banquiers, comme J.P. Morgan ou Warburg créateurs de la FED en 1913.