Alexandre Loukachenko, "dernier dictateur d’Europe" ou homme de paix ?
23 octobre 2015 10:07, par Philippe de MacédoineJe connais très bien la Biélorussie pour y être allé de nombreuses fois et pour y avoir été marié là-bas.
C’est loin d’être un paradis mais c’est encore plus loin d’être un enfer.
La population y est adorable (à part les fonctionnaires) surtout si on la compare aux Russes et aux Ukrainiens (j’y ai habité des années, je sais de quoi je parle également).
Lukashenko, je ne sais pas vraiment s’il est aimé ou pas. En fait, les gens que je connais le considèrent comme un pantin sur un siège éjectable dont le bouton se trouve à Moscou. Ils ont une sorte de compassion hilare quand ils en parlent en privé... C’est plus rare que les gens en parlent en public ; sans doute un reliquat de pudeur soviétique.
J’aime Minsk. C’est une ville qui a été reconstruite avec élégance au sortir de la guerre de 40. Les rues sont larges et propres. Il y a d’excellents lieux de vie comme les restaurants et les bars. C’est loin de la splendeur sale de Kiev ou de la douceur raffinée de Vilnius mais c’est agréable d’y vivre.
Après ce constat lyrique, il faut quand même parler des réalités :
comme dans tous les pays, il y a un fossé social presque insurmontable entre la classe populaire et la classe moyenne haute. Si les endroits réservés financièrement à la classe supérieure sont agréables, il n’en est pas de même des endroits pour la classe pauvre. Je parle en cela des hôpitaux, des services sociaux, des magasins etc...
Les Biélorusses ont eu à subir des ponctions massives sur leur compte en banque un peu à la manière de ce qui fut pratiqué à Chypre. Résultat, ils thésaurisent en devises chez eux.
Les Biélorusses sont en permanence sous le stress d’une crise financière. Leur monnaie s’effondre progressivement, lentement mais sûrement. Il n’y a presque plus de devises fortes dans le pays et les Biélorusses n’ont presque plus moyen de protéger leur maigre capital.
Les taxes à l’importation sont ahurissantes. Le paquet de pattes Barilla est à 10 euros ou presque. Et je ne parle même pas du prix des produits danone importés.
Mais le plus dur reste le "blocus" extérieur. L’obtention d’un visa Schengen est un sésame synonyme de liberté mais son obtention rime avec ignominie. C’est un parcours du combattant qui finit par une insulte la plupart du temps.
Bref, j’aime Lukashenko, le dernier monarque réel européen. Son successeur, Kolia, est son fils bâtard... on se croirait sous les Mérovingiens.