1962, révolution dans l’Église – Entretien avec l’abbé Beauvais de la Fraternité Saint-Pie-X
24 novembre 2016 18:40, par Untel2/2
Les révoltés de Bretagne ou de Vendée défendaient-il la contemplation mystique d’un Saint Jean de la Croix ou bien leur clocher, leur paroisse, leurs statues, leurs chapelets, leurs images saintes et leurs médailles ? A quoi tient tout cela, qu’est ce qui fait roc dans une âme ? Que peut-on se sentir appelé à défendre, et que ne défendrait-on pas, même dans l’ordre le plus matériel, de crainte de faire défaut à l’exigence spirituelle qui y est attachée ? Pourquoi ce chapelet que je tiens m’est précieux ? « ce ne sont que des perles de bois » dirait le diable à notre époque, puisque les séductions ont changé. Pour ma part, nulle envie de démêler tout cela. Vatican II s’est cru capable de démêler, supprimer, « épurer », en assimilant le cortège des traditions avec le poids, la lourdeur qui retenait les pharisiens, alors que c’est sans rapport, ou du moins, non situé sur le même plan. Le pharisien, au contraire, épure, formalise, condense tout l’être jusqu’à la lettre, l’insuffisante lettre, qu’elle soit radicale comme celle des anciens juifs, ou brumeuse comme celle des nouveaux. Tout réduire à « l’amour », tout jeter dans l’ombre de ce vocable malmené, écartelé sous un brouillard d’infinis, n’est pas pour éclaircir le cœur et forger des âmes nettes et droites, tranchantes comme l’épée. C’est bien plutôt encourager à l’émotion et la confusion, et sortir du monde incarné que l’ancienne foi avait si bien façonné, au point d’en dénoncer plusieurs fois son véritable auteur. Les nouveaux temples, sans angles nets, déchargés des œuvres, de la prière de précision du passé, ressemblent plutôt à ces cocons arrondis et blanchis, où l’esprit rapetissé et ralenti d’une chenille attend sa métamorphose. Quelles couleurs, alors, découvriront-nous en nous-mêmes, lorsque le processus sera achevé ? De Qui/Quoi serons-nous l’image ?
Ce n’est pas charité que d’ôter aux peuples leur histoire, et de leur intimer de la renier. La charité, la miséricorde veut au contraire que nous ne touchions pas au manifeste de ce qui fut longuement échaffaudé par la Providence, de peur d’en souiller et profaner le sacré, cet invisible dont il dépend par des liens mystérieux.