(suite) ... c’est-à-dire un système où l’on vivrait mieux, plus heureux, et avec un meilleur niveau de vie qu’au sein du capitalisme, c’est pour ça que Che Guevara avait vu juste, c’était impossible à réaliser sans plusieurs révolutions cubaines en Amérique Latine, mais il a pêché par romantisme car la Bolivie n’était pas Cuba et il n’y avait aucun Fidel Castro local pour drainer son romantisme vers quelque chose de réalisable. Fidel Castro ne l’a pas tué mais il n’a pas pu l’aider dans sa démarche. On ne peut pas être au four et au moulin. La réforme agraire a foiré et la campagne cubaine est désolée car ils ont tout misé sur le mauvais cheval, la canne à sucre, et pour l’impérialisme américain ça a été un jeu d’enfant de le faire échouer. Dans les années 80, Cuba connait une embellie et une sobriété heureuse grâce à tout le surplus de l’union soviétique qui lui arrivait gratuitement et la chute de l’union soviétique a fait si que Cuba se réveille dans les années 90 avec une gueule de bois énorme et une pénurie presque insoutenable que seul l’ouverture au tourisme a su faire survivre ce qui restait de son économie. J’y suis allé en 2007 et une partie importante de la jeunesse de La Havane en a marre d’un système qui s’essouffle et qui ne laisse que très peu de place à la créativité et très peu de perspective, surtout matérielle et professionnelle. Mais leurs idéaux ne sont plus un modèle socialiste de bien-vivre mais pouvoir bénéficier d’Internet et du dernier iPhone comme le monde entier. Les bénéfices de la Révolution, comme la santé gratuite, se déteriore, car beaucoup de médecins préfèrent être mieux payés en s’exilant aux Etats-Unis ou en participant aux campagnes internationalistes cubaines en Afrique ou en Amérique Latine, mais citez moi un autre pays où on peut récupérer la vue gratuitement ? Les rigidités et absurdités du système cubain sont énormes, c’est un pays surréaliste, avec une solidarité incroyable très très belle à voir et là on aurait beaucoup à apprendre nous français, de cette légèreté de vivre où tout le monde se parle sans arrière pensée, où tout le monde s’entraide. Le charisme de Fidel Castro a fait le reste, pour qu’un pays reste debout dans les tempêtes vécues, il faut qu’il y ait le soutien d’une grande partie de sa population, les gens, surtout de 50 ans et plus, qui parlent de lui avec des étoiles dans les yeux ça existe. Tout comme les opposants sincères et qui ne sont pas forcément pro-américains. (suite)