"Les yeux grands ouverts, ou plutôt, écarquillés d’angoisse, je cherche où est la France. Et je me demande si je la vois encore, en regardant ce qui m’entoure.
Ou bien... ou bien si le gouvernement dit de Vichy, avec ce qu’il comportait de misères fatales, et d’inévitables impuissances, n’a pas présenté en fait - maculée par l’ennemi - la dernière image réelle, malgré tout, de mon pays.
Cette France du Maréchal, douloureuse, expiatrice, quelquefois un peu ridicule, avouons-le, du fait de certains zèles bêtas - elle était encore celle, tout de même, où, si l’on parlait d’honneur, on se faisait comprendre, où le sacrifice ne donnait pas à rire, où le courage ne semblait pas périmé, et où, comme dit Verlaine, l’amour de la patrie était encore le premier amour, et le dernier amour, après l’amour de Dieu.
Je n’insiste pas, je ne veux rien comparer. Mais lorsque je regarde à l’horizon français, où le ciel me parait bien sombre, je me demande si le gouvernement du Maréchal n’a pas été, tristement - ô combien tristement - le "rayon vert" de la France..."
André Figueras.