Trump n’est pas allé à Canossa : il a emmené son troupeau d’ouailles à l’abattoir comme c’était son plan et le voilà qui touche les dividendes de ses ventes de missiles comme il a toujours fait. Israël Adam Shamir, dans ce dossier, en répandant tant d’articles à l’effet que la victoire de Trump représentait un immense espoir pour les peuples (plutôt que de constater que cette élection américaine n’offrait aucun choix depuis l’écartement de Sanders par Clinton), vient de prouver royalement qu’il n’est pas un chercheur de vérité mais d’effets littéraires romantiques sous n’importe quel prétexte : l’antisémitisme mythologique et systématique du genre pratiqué par les slavophiles orthodoxes est l’image miroir presque parfaite de l’ultra-sionisme usurier, et souvent les tenants de celui-ci recommandent aux outsiders qui veulent les servir (comme il fut proposé à Marion Sigaut en Israël) de tenir celui-là pour mieux remplacer la conscience politique par le ressentiment inter-ethnique qui les sert si bien. Je commence à croire que Shamir écrit sous faux drapeau. La seule solution qui tienne la route est plutôt une attitude de recherche d’égalité et réconciliation entre la gauche du travail en tant que force idéologique d’une génération de juifs et autres progressistes culturels maintenant évincée comme Albert Cohen, et de la droite des valeurs chrétiennes évincée elle aussi depuis Vatican II.
S’il en est un qui a discouru sous faux drapeau, c’est bien Trump : une fable qu’il répétait à l’envi en tribune est Le Villageois et le Serpent (la dame et le serpent en anglais) et il voulait laisser entendre que le serpent dont c’est la nature de piquer dès qu’il le peut et qui vous le fait lui-même savoir si vous avez le malheur de céder à ses prières de vous laisser entrer, ce sont les réfugiés islamistes et autres immigrants de culture mafieuse plutôt que travailleuse. Non, Trump savait très bien récitant cette fable que le pauvre petit serpent rejeté comme un sale par l’élite et qui demandait à entrer dans la maison blanche c’était lui-même, et que les villageois c’étaient ses électeurs, car Trump vient d’une famille d’immigrants-escrocs depuis trois générations. Il signifiait que c’est lui-même qui allait mordre ses électeurs en temps voulu et qu’ils n’auraient alors qu’à mordre leurs propres doigts de n’avoir pas su ou voulu l’identifier à temps pour ce qu’il était : du très grand foutage de gueule.