Francis Cousin discute avec une Gilet jaune : "Cela va péter"
31 août 2019 23:35, par La BoétieExtraits du « Hagakure », de Jōchō Yamamoto, samouraï, 1709.
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Exécrer le mal et conduire sa vie avec rectitude se révèle extrêmement difficile. C’est assez surprenant mais maintes erreurs ont pour origine la croyance qu’il est essentiel d’être strictement logique et de placer la droiture au dessus de toute autre chose. Il existe une voie plus élevée que la droiture mais sa découverte n’est pas chose facile et impose une profonde sagesse. Comparés à cette voie, les principes logiques sont en effet insignifiants. Bien que celui qui n’en a pas l’expérience ne le connaisse pas, il existe un moyen de découvrir la VÉRITÉ même si on n’a pas su la discerner seul. Cette voie consiste à s’entretenir avec autrui. Il arrive souvent qu’une personne, bien qu’imparfaite, puisse donner de judicieux conseils à une autre car elle peut dominer la situation de l’extérieur tout comme celui qui, dans le jeu de Go a « l’avantage d’être spectateur ». On dit qu’il est également possible de discerner ses fautes par le « regard en soi-même » et par la méditation mais, dans ce cas également, le résultat est meilleur quand on s’en entretient avec d’autres. La raison en est que l’on peut dépasser sa propre faculté de discernement si on apprend à écouter avec profit les autres et à lire des ouvrages.
On s’enrichit toujours de l’expérience des Anciens.
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Les temps ont bien changé au cours de ces trente dernières années. De nos jours, quand de jeunes Samouraïs se réunissent, ils parlent d’argent, de profit, de perte, de la manière de gouverner sa maison, des critères pour juger de la valeur de l’habillement et échangent des propos grivois. Si un autre sujet est évoqué, l’ambiance se gâte et chacun se sent vaguement mal à l’aise. Quel état affligeant que celui où en sont arrivées les choses !
Jadis, jusqu’à l’âge de vingt ou trente ans, un jeune homme n’avait aucune pensée pour les choses matérielles ou indélicates, aussi n’en parlait-il jamais. Si, par accident, en sa présence, les hommes d’âge mur laissaient échapper de leurs lèvres quelque réflexion déplacée, il se sentait aussi affecté que s’il avait reçu une blessure physique.
La tendance nouvelle a apparemment pénétré par le biais de ce que les temps modernes apprécient au maximum : le luxe et l’ostentation. Seul l’argent a pris de l’importance. Il est manifeste que si les jeunes hommes n’avaient pas des goûts de luxe, incompatibles avec leur situation, cette attitude erronée disparaîtrait.