Chrétien de Troyes et le Conte du Graal – Une fenêtre sur la culture médiévale
11 mai 2021 20:06, par la lettre tue l’espritMerci pour la qualité et le sujet. Votre livre est un peu cher M. Guyénot ! Je vais commencer par "La mort féérique..."
Il est à mon sens très utile de remettre à jour/redécouvrir cette période sombre mais en fait enluminée, la gothique, pour (tenter de) renouer avec un certain état d’esprit effectivement plus proche de l’oral et du méraphysique, que maintenant dans le matérialisme pur et dur et sa division du travail, de la pensée séquentielle etc.
Aujourd’hui aussi nous avons un double langage mais seulement "double", alors qu’avant, longtemps avant, le langage était multiple, à tiroirs multiples, parce qu’il ne se perdait pas dans ce nouveau média qu’était l’imprimé - avez-vous lu "La Galaxie Guthenberg" ? C’est fort intéressant.
Au début était le Verbe, et la langue, le parlé, l’art oratoire avait une vocation de transmission, il fallait donc qu’elle soit la plus précise tout en ne trahissant pas l’esprit (des anciens), et c’est précisément cette richesse de sens qu’on a perdu, la matrice éditrice ayant peu à peu spécialiser, concaténer la conscience dans des ouvrages, pour finalement la disperser en petits morceaux et favoriser la spécialisation du nouvel "individu" de la Renaissance.
J’arrête là mon discours, ce qu’il faut c’est orienter la technologie (lisez ce livre) vers le retour à cet esprit empreint de poésie, mysticisme, magie (?), qui dit tout en plus du message "visible".
Le "Moyen-Âge" est trop peu connu, et s’il y a peu d’écrits c’est parce que les copies de manuscrits se sont perdues ou que les textes ont été délaissés à mesure que le savoir "scientifique" opérait une sorte de sélection naturelle, qu’il n’existait pas encore le réflexe de tout archiver, tout segmenter, et que les anciens manuscrits restèrent dans les cloîtres (film "Le Nome de la rose") tandis que leurs exemplaires imprimés n’ayant aucune source fiable ou signature ont été soit compilés en "anthologie" (des troubadours par exemples) soit délaissés ?
Moi-même venant de Brocéliande par mes ancêtres, je ne peux m’empêcher de m’intéresser à cette univers mystérieux mais qui semble pourtant vouloir transmettre quelque chose d’assez simple, simplicité qu’on aurait perdu de vue dans notre approche fragmentée des choses.