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Mai 2010Source : tempsreel.nouvelobs.com
Un examen détaillé du génome de l’homme de Néandertal révèle qu’il y a un peu de lui en chacun de nous : de 1 à 4% des gênes des peuples d’Europe et d’Asie proviennent des Néandertaliens, selon une nouvelle étude.
"Ils continuent à vivre, un petit peu", a commenté Svante Paabo de l’Institut Max Planck pour l’anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne. L’équipe qu’il a dirigée avec Richard Green de l’université de Californie et David Reich de la Faculté de médecine de Harvard a comparé le matériau génétique collecté sur les os de trois hommes de Néandertal avec celui de cinq hommes d’aujourd’hui.
Leurs conclusions, publiées vendredi dans la revue "Science", établissent une relation entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes vivant hors d’Afrique, a précisé M. Paabo. Elle suggère en effet que des croisements ont eu lieu au Moyen-Orient, où les hommes de Néandertal et les Homo Sapiens ont vécu de façon concomitante il y a des milliers d’années, a-t-il ajouté.
"Les gens s’intéressent à la question : ’par quelle route suis-je arrivé ici ?’ Et l’idée qu’il y a un vague écho du Néandertal" est intéressante, a estimé Richard Potts, directeur du Programme sur les origines de l’homme à l’Institut Smithsonien du musée national d’histoire naturelle.
"Je suis vraiment impressionné par la nuance qu’ils ont réussi à saisir", a déclaré Richard Potts, un des membres de l’équipe de chercheurs. "Les articles sont vraiment un bon antidote au tout ou rien que présentaient les conclusions d’études précédentes".
Les Homo Sapiens sont originaires du Moyen-Orient et se sont ensuite dispersés dans d’autres régions du monde. Une relation génétique avec l’homme de Néandertal a été établie pour les populations d’Europe, de Chine et de Papouasie-Nouvelle Guinée, mais pas pour les populations d’Afrique.
Todd Disotell, un anthropologue de l’université de New York a suggéré que des tests soient faits sur davantage d’Africains.
"Mon hypothèse est que, si nous faisons des tests sur davantage d’Africains, nous trouverons certaines de ces anciennes origines en Afrique", a estimé M. Disotell, précisant que l’équipe de recherche n’avait pas effectué de tests sur des Nord-Africains, alors qu’elle l’avait fait sur les populations de l’ouest et du sud de l’Afrique. M. Paabo a reconnu que les conclusions de l’étude ne permettaient pas de dire que seules les populations habitant en dehors de l’Afrique avaient des gènes communs à l’homme de Néandertal. Il a ajouté qu’en faisant d’autres études des relations seraient peut-être établies avec certains Africains.
Cette étude pourrait nourrir les débats entre anthropologues et généticiens pendant des années, a estimé Laura Zahn, rédactrice en chef associée de la revue "Science". L’homme de Néandertal, aujourd’hui disparu, est le parent le plus proche de l’homme actuel qui a vécu il y a plus de 30.000 à 400.000 ans. Il a coexisté avec l’homme actuel il y a 30.000 à 50.000 ans, en Europe et en Asie de l’Ouest.
L’homme de Néandertal disposait d’une riche culture matérielle qui lui permettait de chasser, de coudre et de maîtriser le feu. Il vivait dans des abris et enterrait ses morts.