Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

4 décembre 1928 : arrestation de Marthe Hanau, "banquière des années folles"

Marthe Hanau (1er janvier 1886 à Paris - 14 juillet 1935 à la prison de Fresnes) était une femme d’affaires qui fut impliquée dans un important scandale financier. Elle est surnommée « la banquière des années folles ».

 

L’affaire Hanau

Marthe Hanau naquit à Paris le 1er janvier 1886. Ses parents sont de petits commerçants juifs originaires d’Alsace. Elle fut mariée à un homme d’affaires, Lazare Block, dont elle divorça après la Première Guerre mondiale mais qui resta l’une de ses relations d’affaires.

Elle avait fondé en 1925 une feuille financière, La Gazette du franc, qui s’était rapidement imposée par la qualité de ses collaborateurs et par celle des personnalités du monde économique et politique, dont elle publiait les interviews. Les conseils qu’elle prodiguait aux épargnants en matière de placements boursiers concernaient le plus souvent des actions et obligations de ses propres relations d’affaires, et étaient fréquemment émises par des sociétés à l’activité fictive. Compte tenu de la publicité faite par sa feuille financière, ces titres progressaient, malgré tout. Elle fonda ensuite une agence de nouvelles financières dénommée Agence Interpresse. Elle émit des titres à 8 % de taux d’intérêts. Cependant, elle les acquittait, non sur le bénéfice d’opérations réelles, mais sur le produit de nouvelles souscriptions (schéma dit de Ponzi).

Le système s’écroula à la fin de l’année 1928, éclaboussant les milieux politiques et médiatiques, en particulier cartellistes ; le journal Le Quotidien, principal organe du Cartel des gauches, qui avait affermé sa page financière à Marthe Hanau, ne s’en releva pas. Elle escroqua des milliers de petits épargnants pour un montant de plus de 100 millions de francs.

L’affaire fut découverte à la suite des investigations de l’agence de nouvelles financières et banque rivale Agence Havas qui révéla le fait que certains titres conseillés par La Gazette du Franc et l’Agence Interpresse s’appuyaient sur des activités fictives. Dans un premier temps, Marthe Hanau put faire taire les rumeurs en soudoyant certains hommes politiques. Cependant les preuves s’accumulaient et la police arrêta Marthe Hanau, Lazare Block, ainsi que plusieurs de leurs partenaires d’affaires en décembre 1928. Ils furent accusés d’escroquerie, d’abus de confiance et emprisonnés à la Prison Saint-Lazare.

Après une grève de la faim et une évasion, elle est libérée sous caution. Elle est à nouveau arrêtée et libérée sous caution en 1932. En juillet 1934, Marthe Hanau est condamnée à trois ans de prison ferme. Elle se suicide en juillet 1935 à l’aide d’un tube de barbituriques.

Elle résidait dans son hôtel particulier au 10, rue de la Tourelle à Boulogne-sur-Seine (actuellement dans le département des Hauts-de-Seine).

 

La position du Canard enchaîné

En novembre 1928, le Canard enchaîné rapporta et commenta longuement cette affaire, alimentant la méfiance instinctive envers les pouvoirs politique et économique et leur malsaine complicité. Il fit paraître de fausses interviews des personnalités concernées, des pastiches de la presse (La Gazette du franc devenant La Galette du franc dans ses colonnes), des contes ayant pour thème les liaisons dangereuses, des comptes rendus de livres sur les affaires (pour l’affaire Oustric également), sans oublier de nombreux dessins et même un jeu de l’oie du Canard et du Financier.

 

Bibliographie

- Dominique Desanti, La Banquière des années folles : Marthe Hanau, Fayard, 1968 ;
- Dominique Desanti, La Femme au temps des années folles, Éditions Stock/Laurence Pernoud, 1984 (ISBN 2-234-01694-0), p. 106-115.

 

Cinéma

Un film de Francis Girod sorti en 1980, La Banquière, avec Romy Schneider, s’inspire de la vie de Marthe Hanau, sous le nom, dans ce film, d’Emma Eckhert.

 

Le résumé de l’escroquerie, par Michel Turin :

Autour du sujet, chez Kontre Kulture :

 






Alerter

27 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
Afficher les commentaires précédents