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Accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah : un nouvel espoir pour la Palestine ?

À défaut d’organiser les événements, au moins faut-il feindre de les accompagner. Ce que Tel Aviv et Washington ont fait.

 

Après dix ans d’affrontements et de trêves pas toujours respectées, le Hamas et l’Autorité palestinienne, dont la principale composante est le Fatah, viennent enfin d’officiellement se réconcilier. Au début, il y avait l’Organisation de libération de la Palestine, la fameuse OLP créée en 1964. C’est pour la concurrencer qu’Israël favorisa longtemps le Hamas, imaginant avoir moins à craindre de Frères musulmans tenus à tort pour cantonnés à de strictes activités sociales qu’à un mouvement nationaliste, laïc et armé. La suite montra que le plus résolu des deux n’était pas celui qu’il croyait.

Depuis dix ans, le Hamas contrôle la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne sa « capitale » de Ramallah. Ce qui a longtemps arrangé l’État hébreu, pas mécontent de diviser pour mieux régner. À plus long terme, le fait de ne pas avoir d’interlocuteur unique et représentatif présente plus d’inconvénients que d’avantages, surtout en une période où l’État hébreu n’est pas au mieux de sa forme.

Ce qui est plus manifeste encore avec le conflit opposant l’État islamique à la coalition internationale qu’on sait, conflit certes en voie d’achèvement, mais premier de la région dans lequel Israël n’est pas directement partie prenante, même si, discrètement, il a souvent aidé les soldats du Front al-Nosra, c’est-à-dire d’Al-Qaïda, à sa frontière syrienne. Longtemps, Damas a été le meilleur ennemi de Tel Aviv, assez prévisible pour fort bien savoir jusqu’où il n’irait pas. Mais le soutien de la Russie et, principalement, celui de l’Iran au régime de Bachar el-Assad ont changé l’ordre de ses priorités : le spectre d’un régime sous trop forte influence de Téhéran aux portes d’Israël n’en finit plus de hanter les nuits de ses dirigeants. Et d’occuper la majeure partie de leurs emplois du temps.

L’autre cauchemar de Benjamin Netanyahou, c’est cette Amérique qui n’est plus l’alliée sûre de naguère. Avec Barack Obama, déjà, le courant ne passait pas. Quant au sionisme ébouriffé de Donald Trump, il est très récent et doit plus à la personnalité de son gendre Jared Kushner qu’à de profondes convictions. Bref, Israël a les mains moins libres qu’avant. Il n’a rien fait pour empêcher ce rapprochement inter-palestinien parce qu’il n’avait pas les moyens de l’empêcher, au même titre que Washington qui doit malgré tout composer avec la nouvelle influence russe au Proche-Orient.

Ce n’est donc pas par hasard si les chefs du Hamas et de l’Autorité palestinienne ont choisi ce moment pour se tendre à nouveau la main tout en se serrant les coudes. Moment également choisi à cause d’une politique égyptienne de plus en plus délicate. En effet, c’est le nouveau président, le maréchal Fattah al-Sissi, qui a pris le pouvoir par la force, renversant ainsi Mohamed Morsi, le premier président égyptien démocratiquement élu depuis l’indépendance, qui organise le blocus de Gaza, faisant de cette terre l’une des plus misérables au monde. Israël délègue donc la besogne dont elle se chargeait seule autrefois : le prix politique devient donc intenable pour ce militaire à la légitimité déjà toute relative.

Mais en Orient, on sait aussi bien se réconcilier que se faire la guerre. Et c’est donc le même maréchal Fattah al-Sissi qui a accéléré et accompagné le processus de normalisation entre les deux frères ennemis palestiniens. La paix avec Israël s’en rapproche-t-elle pour autant ? Bien sûr que non. Pour faire la paix, il faut être deux, et depuis l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné par un militant ultra-sioniste en 1995, les dirigeants israéliens ne veulent plus de cette paix, mais ne peuvent plus non plus revenir au statu quo d’avant.

Alors, à défaut d’organiser les événements, au moins faut-il feindre de les accompagner. Ce que Tel Aviv et Washington ont fait. Au même moment, les États-Unis se retirent de l’UNESCO, ne gardant qu’un siège d’observateur dans cette instance internationale, lui reprochant d’avoir été la première à reconnaître l’État palestinien. C’est un signe. Mais l’administration américaine était connue, jadis, pour en envoyer de plus forts. Décidément, les temps changent et le gendarme du monde n’est plus ce qu’il était. Et, pour une fois, les Palestiniens en profitent…

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