Egalité et Réconciliation
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Acropolis Now : L’euro, un étalon mark

par Morad El Hattab & Irving Silverschmidt

« Dans ce combat, la France est seule : les Etats Membres suspectent de plus en plus les positions de l’Elysée d’être teintées par une influence pour ne pas dire une domination du secteur bancaire. » comme l’évoque Georges Ugeux le 22 octobre 2011 dans un article intitulé Eurozone : Sarkozy roule-t-il pour les banques françaises ?

Parions d’ailleurs à que ce dernier contraigne le Premier ministre grec à abandonner son projet de référendum même « si la démocratie doit être maintenue au-dessus des appétits des marchés » (Déclaration du gouvernement grec)… alors qu’en réalité la Chancelière Allemande se réjouit discrètement de cette initiative démocratique car elle est largement au fait que la migration des comptes des pays méditerranéens (Grèce, Italie, Espagne, Portugal…et France), environ 500 Milliards € de comptes courants sont venus récemment se placer en Allemagne… provoquant à terme le risque pour l’Allemagne de perdre son "AAA" sur les marchés internationaux car la Bundesbank sera "gonflée" de créances qui ne valent plus rien !

Pour la Grèce, déjà le 1er mai 2010 sur la couverture de The Economist !

Après avoir à la tête de ses pirates helléniques, chapardé pour plus de 60 Milliards € de pommes d’or dans les Hespérides germaniques, Georges Papandréou, réincarnation vivante du rusé Ulysse, vient de décider un referendum sur l’avenir des plans européens de sauvetage de la Grèce.

Désormais, les dettes publiques grecques sentent le sapin et la "coupe de cheveux" exigée par l’Allemagne pour les banques, prévue à 50% du montant des emprunts grecs risque fort de passer à 100%.

Bref, les créances sur l’Etat grec ont la boule à zéro. La faillite de l’Etat grec sera aussi celle des Grecs eux-mêmes car les 60 Milliards € de titres d’Etat grec détenus par les banques helléniques valent à peu près, selon l’expression, "peau de balle et balai de crin" ! Quant aux banques grecques, elles ne valent guère plus.

Selon les évaluations de la Banque des Règlements Internationaux, les créances des banques françaises en Grèce atteignent 75 Milliards $ à la fin 2010. Il est peu probable qu’il soit possible de mobiliser les créances grecques et à l’arrivée, on n’en tirera pas beaucoup plus qu’"au marc le franc" comme pour les faillites balzaciennes…

Avec de telles créances, les 8,8 Milliards € prévus par le Plan de sauvetage européen d’octobre 2011 ne vont pas suffire pour recapitaliser les banques françaises. Il y faudra une notable fraction des 75 Milliards $ à provisionner sur les créances grecques.

Reste à trouver les capitaux, les banques françaises ont prévu de vendre les actifs non stratégiques pour un montant de 150 Milliards € (les actifs sont stratégiques quand on les achète très cher, quand ils deviennent non stratégiques, on peut les vendre bon marché)…reste à trouver des acheteurs !

Pourtant les entreprises américaines ont déjà stocké plus de 1600 Milliards $ en liquidités et les entreprises européennes ont stocké 2900 Milliards € en liquidités.

Les liquidités ne manquent donc pas mais en période de crise, tout le monde fuit les risques et stocke les liquidités, cela s’appelle même "la trappe à liquidités", donc les actifs baroques des banques françaises ne trouveront pas d’acheteur, sauf à la rigueur quelques fonds vautours et bien sûr à des prix cassés.

L’évolution des cours en bourse ne permet plus guère aux banques françaises de lever des capitaux sur les marchés. Alors, il ne reste plus que l’Etat français (en fait les contribuables français) pour apporter des capitaux. On comprend mieux que notre Vénéré Président ait réuni le 1er novembre 2011 (le jour des morts) une réunion interministérielle de crise (était-ce une cellule de crise ou la crise dans la cellule ?).

Toutefois, avec pour conseil notre Ministre des finances et notre accorte Ministre du budget, ce sera le Conseil de guerre avant la capitulation ! Auparavant, il faudra avoir téléphoné à la Chancelière de l’Allemagne Fédérale pour prendre les instructions.

En effet, alors qu’en Grande-Bretagne, la Banque d’Angleterre peut émettre 200 Milliards ₤ d’abord, puis 75 Milliards ₤ ensuite pour acheter des bons du Trésor britannique et donc permettre à la Couronne britannique de nationaliser la Royal Bank of Scotland…la France elle, doit trouver des euros !

La Banque Centrale Européenne refusera d’acheter des bons français du Trésor. L’Allemagne refusera aussi, sur le fondement du Traité de Lisbonne. On peut toujours les demander à la Chine…soyons francs, l’Euro est une monnaie étrangère de fait !

Si le Trésor français doit emprunter des dizaines de Milliards € pour recapitaliser les banques, le surcroît pour la dette publique française risque de nous enlever un de nos trois "AAA" chéris. Dans ce cas, la France ne pourra plus utilement participer au Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) à hauteur de 160 Milliards €.

Mais, si la Grèce entre en défaut de paiement, l’Allemagne a-t-elle encore besoin d’un FESF ?

Il importe donc peu que l’Italie entre en cessation de paiement, d’ailleurs pour des motifs de procédure parlementaire, "il Cavaliere" Berlusconi présentera son plan d’austérité au parlement italien qu’en janvier 2012. Dès le soir du 1er novembre, les taux des obligations italiennes passent au-dessus de 6% qui est le seuil admis pour le refinancement de la dette !

Il importe aussi peu que la France suive. En effet, les différends fonds qui placent en Euro placent en Allemagne, l’Euro est donc moins une monnaie qu’un Etalon Mark.