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Assistants parlementaires : Marine Le Pen mise en examen pour "abus de confiance"

L’étau se resserre autour de la présidente du Front national (FN), le parti d’extrême droite français : Marine Le Pen a été mise en examen vendredi pour « abus de confiance » dans l’enquête sur les assistants parlementaires d’eurodéputés du FN.

Convoquée en début d’après-midi par les juges du pôle financier du tribunal de Paris chargés de l’enquête, Marine Le Pen, 48 ans, a remis une déclaration et n’a pas répondu aux questions, comme la loi l’y autorise, a indiqué à l’AFP son avocat Rodolphe Bosselut.

Me Bosselut a ajouté que sa cliente allait déposer un recours « dès lundi » contre cette inculpation qui, à ses yeux, viole le principe de la séparation des pouvoirs.

La candidate malheureuse à la présidentielle française, élue eurodéputée en 2004, a été mise en examen pour abus de confiance « en sa qualité de députée européenne de 2009 à 2016 » pour avoir utilisé des fonds européens afin de verser des salaires à sa cheffe de cabinet au FN Catherine Griset et à son garde du corps Thierry Légier, a détaillé une source judiciaire.

La nouvelle députée à l’Assemblée nationale, qui a donc de fait perdu son siège européen, a également été mise en examen pour « complicité d’abus de confiance » de 2014 à 2016 en sa qualité de présidente du parti d’extrême droite, a ajouté cette source.

Jusqu’ici, la patronne du FN avait refusé de rencontrer les juges : elle avait mis en avant son immunité d’eurodéputée pour rejeter une première convocation le 10 mars, puis indiqué qu’elle répondrait favorablement à leur demande après les élections présidentielle et législatives.

La semaine dernière, son compagnon et vice-président du FN, Louis Aliot, également visé par l’enquête, a refusé de se rendre à une convocation des juges.

Les magistrats cherchent à déterminer si le FN a mis en place un système généralisé pour rémunérer ses permanents avec des crédits européens, en les faisant salarier comme assistants de ses eurodéputés mais sans que leur travail ait un lien avec les activités du Parlement européen.

Dix-sept eurodéputés FN, dont Marine Le Pen et son père Jean-Marie Le Pen, sont visés par l’enquête en France, ouverte en 2015, qui porte sur une quarantaine d’assistants.

Deux assistants parlementaires, dont Catherine Griset, ont déjà été mis en examen dans cette enquête.

Le préjudice pour l’institution européenne s’élèverait, d’après ses calculs, à près de cinq millions d’euros de 2012 à 2017.

 

Rôle de décideur ?

Quatre sources en rupture avec le FN ont affirmé à l’AFP que Marine Le Pen avait un rôle de décideur en matière d’emploi d’assistants parlementaires européens.

Les enquêteurs ont saisi une lettre potentiellement cruciale adressée par l’argentier du parti, Wallerand de Saint Just, à la patronne du FN. « Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires », assurait-il dans ce courrier, daté du 16 juin 2014. « Chacun fantasme. [...] Il n’y a eu aucun emploi fictif », avait réagi M. de Saint Just.

Le FN n’est pas le seul parti politique français plongé dans la tourmente à cause de ses assistants parlementaires européens.

À la suite d’une dénonciation d’une eurodéputée du FN, Sophie Montel, le parquet de Paris a ouvert en mars une enquête préliminaire pour « abus de confiance », visant 19 eurodéputés français issus d’autres partis, dont six du MoDem présidé par François Bayrou. Cette affaire a conduit la semaine dernière trois ministres de la formation centriste, M. Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, à quitter le gouvernement.

Le parti d’extrême droite est confronté à un autre front judiciaire. Il devra avec deux de ses dirigeants et un très proche de Marine Le Pen faire face à un procès pour des soupçons d’escroquerie lors du financement de la campagne des législatives de 2012.

Deux autres enquêtes sur le financement de campagnes électorales postérieures à 2012 sont toujours en cours.

Sur le fonctionnement de la « justice » en France,
chez Kontre Kulture :

 

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