Egalité et Réconciliation
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Avez-vous lu les livres qu’il faut avoir lus ?

Si on était dans le coup, c’est-à-dire si on parlait le franglais, on aurait dit les must read. La langue anglaise a l’avantage de ne pas s’embarrasser de nuances, d’aller droit au but (to bed, par exemple), ce qui explique son succès. Et après on s’étonne que les jeunes surutilisent en mode et genre.

On est tombés en arrêt devant un article de Madame Figaro, le Figaro pour les dames. Le sérieux pour les messieurs, le futile pour les dames. Et dans le futile, il y a la culture, et dans la culture, la culture livresque. On envoie l’intro des bourgeoises et on passe à notre sélection.

C’est un malaise discret. Une gêne que l’on confesse presque à voix basse, entre deux verres de vin ou au détour d’un dîner cultivé. Un sourire contrit, une rougeur subite et l’aveu tombe : « Je ne l’ai jamais lu, en fait. ». À la recherche du temps perdu, Les Misérables, Guerre et Paix… Ces titres totem qui peuplent notre fameuse « Pile À Lire » (PAL), et qui, à 50 ans, semblent murmurer depuis l’étagère : « Et alors, tu comptes t’y mettre quand ? » Cette petite honte de ne pas avoir lu les grands ouvrages à un âge où l’on devrait, semble-t-il, en avoir fait le tour, dit quelque chose de profond de notre rapport à la culture, au temps, à nous-mêmes. Car au fond, de quoi se sent-on coupable exactement ? De notre ignorance ? D’un manque de rigueur ? Ou plus sournoisement encore, de cette image de soi que l’on pensait érudite, et qui vacille ?

Je suis Ridal et je le reste

On a tous des livres à lire qui s’entassent, faut le reconnaître. Par exemple le livre de Mohamed Ridal sur les séries, on l’a pas encore lu. En même temps, on l’a pas encore reçu, donc on a une bonne excuse. Mais on le lira, car le sujet est, pardonnez-nous l’expression, putassier : on a envie de découvrir la thèse, même complexe, derrière une entrée populaire. Ridal sait semer des petits bouts de bidoche sur le chemin pour nous amener dans la grotte de Platoon, ou Platon.

 

« Derrière cette culpabilité se cache souvent un sentiment d’imposture ou un échec scolaire. » Alors on achète, on empile, on jure de s’y plonger… « Mais on ne peut pas tout lire, rappelle-t-elle. Il y a une forme d’hypocrisie derrière les injonctions de lectures classiques. On peut lire peu et en retirer quelque chose d’extrêmement profond, et à l’inverse, lire de façon boulimique sans en conserver quoi que ce soit », surenchérit Brigitte Maligorne, fondatrice passionnée du festival littéraire Les Rencontres de la Baie.

Lire est un effort, et on confesse une certaine paresse quand on fait défiler les vidéos TikTok, soi-disant à la recherche d’infos, en vérité on est happés par le vide, et par les poufs qui racontent des salades. Ah, ces femmes qui nous détournent de l’essentiel avec leur corps... Ce temps précieux (notre temps est compté, tic tac, tik tok) devrait être employé à la lecture sérieuse, qui structure, mais voilà, la chair est faible, et le cerveau on vous en parle même pas. Ceci étant dit, on lit quand même plus que le Français moyen qui achète le Goncourt en novembre, et un gros livre à Noël (à offrir), plus un autre l’été, une niaiserie féministe avec du cul pour la plage.

 

 

On sait, qu’il faut lire, mais faut s’y mettre. Une fois qu’on est dedans, ça va, c’est un peu comme l’eau froide, ça demande de se faire violence au début, et après ça n’apporte que des bienfaits. On confesse, deuxième confession, et pas la dernière, qu’on n’a pas lu tous les livres Kontre Kulture, mais quand même un bon paquet, et vous savez pourquoi ? Pas parce qu’on dédaignerait certains auteurs, mais parce que chaque livre est riche : c’est pas du macdo, c’est de la côte de bœuf ! Ça demande de préparer, de mâcher, de digérer, et c’est du lourd.

 

@chez.andre Chez André on déclare officiellement la saison du barbecue ouverte ! Soleil, brasero, Black Angus et Sébastien Chabal = combo gagnant ! #chezandre #boucherie #ferme #blackangus ♬ son original - Chez André
 

On n’aura jamais assez lu, jamais assez ingéré de culture ; rien que Kontre Kulture, c’est presque une vie de lecture, si on veut être réaliste. Mais le choix est bon, parce que jamais un bouquin maison ne nous est tombé des mains. Certains sont ardus – putaing, Clouscard –, d’autres longs, d’autres ésotériques, mais tous sont riches et ouvrent l’esprit.

 

 

La bibli KK nous rendrait presque paresseux (ou fidèles) d’aller voir ailleurs, mais on avoue que de temps en temps, on va tromper la Famille en douce, on s’achète un petit Barbarossa de Jean Lopez, mais c’est de la faute à Xavier Moreau, m’sieur ! C’est lui qu’a dit qu’c’était bien ! On sent bien la cinquième colonne russe, n’est-ce pas ?

En ce moment on fait une pause dans Barbarossa (page 500), et on est sur, tenez-vous bien parce qu’on pipote pas ici, le Bardèche facho, le Lénine, le Schindler, on a avalé le conflit IP, Plus con, on a relu Féminisation, 11/09, Hitler, Le Bon, Intellos, Maurras, Révolutionnaire, Russie, Protoco, Lazare, Marx, Cerise, Vernoch, Mbeko, Niesche, Rebatet, Tocquesaint, etc. On a ramé sur Gougenot, sué sur Poncins et Delassus (et pas Süss). On en passe et des meilleurs.

Finalement, on n’est pas si paresseux que ça, mais un jour, le gars d’une section, chez qui on a pioncé pour une conf, nous a montré sa bibli, et cet enfoiré, alors qu’il n’était qu’ouvrier (bon, spécialisé) mais aussi de race non française – c’te culot ! –, avait quasi toute la bibli Kontre Kulture chez lui, qu’il avait absorbée. Heureusement qu’il ne nous a pas posé de question sur les contenus, genre en mode Questions pour un champion… La claque.

Pour en revenir à l’article des bourgeoises, après ce long détour par Kontre Kulture, il reprend les vieilles antiennes des classiques (Tolstoï et compagnie), et on va pas dire que c’est mal, ou inutile. On a quand même bien rigolé dans leur top 15 quand il s’est agi du chapitre sur la littérature contemporaine. Vous êtes prêts ? Vraiment prêts ? Vraiment, vraiment prêts, genre en mode départ du 100 mètres à côté d’Usain Bolt ?

Lire, c’est comprendre

Le premier chapitre