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Blythe Masters de Pierre Jovanovic

Par François Sainz

Ce livre de Pierre Jovanovic (PJ) à tout d’une gageure. La biographie d’une femme dont 99.9 % de la population française n’a jamais entendu parler n’est pas a priori un sujet porteur.

Mais c’est à raison que PJ a décidé de zoomer sur cette obscure prêtresse de la finance en folie. Que Blythe Masters et ses semblables soient inconnus du public est justement, dans la crise actuelle, une partie de notre problème. Si 99.9 % de la population française connaissaient Blythe Masters, on gagnerait beaucoup de temps, on s’économiserait beaucoup d’efforts : connaître cette personne, ou plutôt ce type de personne, c’est déjà comprendre une grande partie des véritables ressorts du désastre contemporain – et donc, c’est, déjà, se préparer à y remédier.

Ce sont des gens comme madame Masters qui tiennent nos destinées en main. Ce sont eux les « maitres du monde ». Les politiques, et c’est encore plus flagrant dans le monde anglophone, ne sont jamais que leurs dévoués serviteurs.

Zoom, donc, sur Blythe Masters, la dame qui a inventé les Credit Default Swaps.

Dans la première partie du livre, Jovanovic nous présente son « héroïne ». Une présentation fouillée. Peut-être n’est-ce qu’astuce stylistique, pour mieux nous convaincre de l’intérêt du sujet, mais PJ semble éprouver une certaine fascination pour la dame – une fascination qu’il tente de nous faire partager.

Peine perdue dans le cas de votre serviteur.

D’abord, Blythe M. est anglaise et je ne suis pas loin de penser qu’il doit y avoir un petit problème avec les femmes, là-bas. En Angleterre, à ce que je me suis laissé dire, une cause notable de mortalité masculine serait l’étouffement dans un sac plastique, étouffement survenant dans le cadres de pratiques diverses et variées, mais généralement associées au port de la guêpière et des bas résilles. Peut-être la culture anglaise est-elle tout simplement peu capable de produire des femmes – c’est-à-dire des femmes féminines, pas des hommes de sexe féminin… Peut-être. Simple hypothèse, n’est-ce pas ?

Ensuite, m’dame Masters, c’est un cerveau. Et sans aller jusqu’à penser, comme Baudelaire, qu’aimer les femmes intelligentes soit nécessairement un plaisir de pédéraste, je dois avouer que la femme matheuse me semble d’une certaine manière sortie du corps, émancipée à l’égard des catégories du corps. C’est peut-être une libération de son point de vue (ça se discute), mais en tout cas, c’est un sacré tue-l’amour de mon point de vue à moi. Ajoutez au portrait de l’animal un regard de colin froid (ou de serpent zieutant un oiseau, j’hésite), et vous obtenez un sacré reflux de la testostérone. Blythe, elle me laisse froid. Frigorifié, même.

Même comme icône vénéneuse, miss Masters m’indiffère. J’ai toujours pensé que les « associés du diable », Van Rompuy et autres « serpillières humides », sont au final des gens assez médiocres, sans charme, sans style, dépourvus de tout véritable talent et de la moindre séduction. Ils n’incarnent, me semble-t-il, que la banalité du mal. Et ce trait distinctif, ou plutôt cette troublante absence de traits distinctifs, me semble encore plus évident chez une femme. Allez comprendre…

Bref, oublions la femme Masters, et intéressons nous à la banquière. C’est là que ça devient intéressant.

Blythe est, au sein de la JP Morgan, à l’origine d’une innovation financière : les « credit default swap » (CDS), ces instruments de couverture du risque, détournés rapidement en outils spéculatifs, et qui seront qualifiés plus tard, trop tard, d’ « arme de destruction financière massive ».

C’est dans cette partie du livre, dans cette enquête sur l’origine et les acteurs de la crise financière, que Pierre Jovanovic fait la démonstration de son talent de journaliste. Et de journaliste libre, ajouterais-je.

Une espèce en voie de disparition en France. Seuls des francs-tireurs, par leurs propres moyens et sans le soutien d’un grand média, à l’instar d’un Eric Laurent, d’un Denis Robert ou d’un Pierre Jovanovic, nous permettent encore aujourd’hui de comprendre le monde dans lequel nous vivons.

Jovanovic va chercher l’info, de l’exclusif, une bonne tranche de réalité bien saignante…Et puis il fait un vrai travail de vulgarisateur : je n’ai vraiment compris ce qu’étaient les CDS qu’à la lecture de ce livre : une martingale ! Le jackpot des banksters ! La « permutation du risque », qui permet de prêter sans limites en transférant le risque à quelqu’un d’autre ! Génial, non !

Mais voilà, ça ne pouvait pas durer jusqu’à la fin des temps, la « patate chaude » des CDS était en fait une grenade dégoupillée.

Et cette grenade a explosé en 2008.

A notre gueule, si j’ose dire…

Et Blythe, dans tout ça ?

Eh bien, rassurez-vous, Blythe va bien ! Elle a quitté la partie bien avant la fin. Et pour cause : elle était bien placée pour savoir quand la grenade exploserait. Elle est partie, la Blythe, en empochant ses gains. Et depuis 2008 elle fait joujou avec votre assiette…. en spéculant sur les matières premières agricoles !

Alors un conseil pour les citadins : apprenez la culture de la patate en appartement.

Blythe Masters de Pierre Jovanovic : à savourer en attendant de ressortir la guillotine !!

 






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