Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Bolivie : Trêve avant l’ouverture de négociations

LA PAZLa trêve en Bolivie, après les violences et manifestations qui ont fait au moins 15 morts et 37 blessés. Le gouvernement et l’opposition bolivienne ont signé mardi soir un accord pour apaiser les tensions, décidant d’entamer trois mois de négociations afin pour tenter de régler les désaccords de fond qui ont creusé la fracture déchirant le pays le plus pauvre d’Amérique latine.

L’affaire avait bien failli capoter in extremis mardi soir, avec l’arrestation du préfet (gouverneur) de Pando, Leopoldo Fernandez : La Paz l’accuse de "génocide" pour avoir orchestré l’attaque meurtrière de jeudi dernier contre un groupe de paysans pro-gouvernemenaux dans cette région amazonienne frontalière avec le Brésil, une des provinces entrées en rébellion contre le pouvoir du président Evo Morales.

Les gouverneurs de Santa Cruz et Tarija, deux autres provinces rebelles, les plus riches du pays, ont signé l’accord de trêve en présence d’un témoin neutre, le cardinal Julio Terrazas. Peu auparavant, le vice-président Alvaro Garcia avait annoncé la signature du même texte par la partie gouvernementale.

L’accord prévoit la levée immédiate des barrages routiers dans les provinces en rébellion, ainsi que l’évacuation des installations pétrolières et bâtiments publics occupés depuis la semaine dernière par les autonomistes dans les provinces de Santa Cruz, Beni, Pando et Tarija. De son côté, La Paz s’engage à suspendre la mobilisation des organisations paysannes pro-gouvernementales fidèles au premier président d’origine amérindienne du pays.

Jeudi, les deux camps entameront trois mois de dialogue sur les épineuses questions de fond qui ont déclenché la crise : le projet de révision constitutionnelle qui permettrait au président de briguer un second mandat et mettant en oeuvre la réforme agraire, les revendications d’autonomie des régions, et la répartition des revenus du gaz naturel.

Le président Morales s’est quant à lui engagé à suspendre pour une durée d’un mois la convocation du référendum de révision constitutionnelle, qui a été prévu pour décembre.

L’UNASUR (Union des nations d’Amérique du Sud), présidée actuellement par le Chili et qui avait apporté son soutien unanime à Morales lundi lors d’une réunion d’urgence à Santiago, et l’Eglise catholique figurent parmi les organisations garantes de ces pourparlers.

Vendredi, les affrontements violents dans le Pando avaient poussé La Paz à y déclarer l’état de siège. Outre les derniers bilans officiels de l’affrontement sanglant entre autonomistes et pro-gouvernementaux, 106 autres paysans pro-gouvernementaux sont toujours portés disparus.

La crise a cristallisé l’opposition entre deux Bolivie : celle des hauts plateaux andins et des indiens pauvres, que Morales représente après des siècles d’exclusion et d’oppression, à celle des provinces riches, blanches et métisses de l’est et du sud, qui tiennent les ressources naturelles en gaz et pétrole, et la richesse agricole.

Dans le même temps, mardi, les Etats-Unis, qui semblent avoir choisi leur camp dans la querelle qui déchire la Bolivie, ont inscrit le pays sur sa liste noire des pays producteurs de drogue, aux côtés du Venezuela et de la Birmanie, jugeant que La Paz avait "donné la preuve de son échec" à combattre la production de cocaïne. Un camouflet pour le président Morales, ancien syndicaliste défenseur des petits producteurs de coca, et dernier épisode en date dans le bras de fer diplomatique qui est venu approfondir la crise interne bolivienne.

Et Washington offrait mercredi d’évacuer vers le Pérou tout ressortissant américain souhaitant quitter le pays. L’organisation des volontaires humanitaires du gouvernement, les Peace Corps, a évacué ses 113 volontaires au cours du week-end.

Source : http://canadianpress.google.com


En complément :

- Crise en Bolivie : un complot américain fomenté par la CIA selon Chavez (16 sept. 2008)

- Les nations d’Amérique du sud fondent une Union (2 juin 2008)