Egalité et Réconciliation
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Chronique télé N°5

Tournoi des VI Nations (France Télévision)

Toute personne aimant l’histoire et la géographie, même si elle n’aime pas regarder le sport, devrait, chaque année, faire une exception, au moins au moment des hymnes, durant le Tournoi. C’est là qu’on voit que, malgré la mondialisation, malgré l’uniformisation, certains pays résistent. Ils résistent sans y penser, tout naturellement. C’est le cas des nations britanniques.

Il faut penser à Croke Park, à Dublin, où se déroula le (premier) bloody sunday de 1920 (14 tués par la police anglaise, dont un joueur), souvenir sinistre qui plane au dessus de l’Ireland’s Call, l’hymne de l’Irlande unie, créé en 1995. 
Il faut penser au Millenium Stadion de Cardiff, où résonnent les chœurs gallois, les plus doués des six nations, souvenir des mineurs de fond, pendant l’hymne et même durant une bonne partie des matchs. 
Il faut penser à Murrayfield, à Édimbourg, qui nous offrit, le 14 mars dernier, ce moment à donner des frissons : tout le stade reprenant a capella le très noble Flowers of Scotland. 
Il faut penser à Twickenham, stade railleur, qui entonne Sweet Long Sweet Chariot lorsque le XV de la Rose domine le match, et ce fut d’ailleurs le cas, ô combien, contre la France, le 15 mars dernier. 
A cette occasion, d’ailleurs, France Télévision nous a offert (bien involontairement) le moment télé le plus subversif depuis longtemps. Pensez donc, sur le service public de la République, les paroles du God Save the Queen ont été sous-titrées. Imaginez la tête d’un trotsko-libéral lorsqu’il a pu lire ceci :

Que Dieu protège notre gracieuse Reine,
 Longue vie à notre Reine,
 Que Dieu protège la Reine !
 Rends-la victorieuse, 
Heureuse et glorieuse ;
 Que soit long son règne sur nous, 
Que Dieu protège la Reine !

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Chez FOG (France 5)

Le mot "surréaliste" est souvent galvaudé, mais j’avoue ne pas en avoir eu d’autre sous la main lorsque j’entendis, il y a quelques jours, Franz-Olivier Giesbert faire la promo de son émission : "A tout de suite Chez FOG, où nous recevrons l’iconoclaste Alain Minc". 
Comme dirait Desproges, étonnant, non ?

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C dans l’air (France 5)

Une perle et un moment de grâce (c’est-à-dire de vérité) chez Calvi, le 20 mars dernier. La perle, tout d’abord, avec notre chère Caroline Fourest, défendant Charlie Hebdo : "quand on tape sur les catholiques, on nous critique ; quand on tape sur les musulmans, on nous critique ; quand on tape sur les juifs on nous critique." 
J’avoue pour ma part que la critique de la dernière communauté citée m’avait échappée, mais il est vrai que je ne lis pas ce journal tous les jours. Mais Caroline Fourest ne s’est pas contentée de cette saillie, elle a aussi donné son avis sur la politique que devrait mener le Vatican. On la sent si concernée par la gloire du catholicisme ! À quand les conseils avisés de Bertrand Delanoë sur la carrière de Dieudonné ?

La grâce, ensuite, avec Michel Kubler, rédacteur en chef de La Croix, qui défendait Benoît XVI. Défense si lumineuse qu’il convient seulement de citer in extenso, tout commentaire étant inutile : "Je trouve scandaleux que la France, Bernard Kouchner et Rama Yade en tête, s’insurge des propos du Pape sur la capote alors que la France soutient le régime corrompu du Cameroun, qui prive son peuple des crédits sanitaires nécessaires aux malades du SIDA. En Afrique, c’est principalement l’Église catholique qui se charge de cela. Rama Yade devrait aller se rhabiller sur ce coup-là."

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On n’est pas couché (France 2)

Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour le duo Zemmour-et-Naulleau ces derniers temps. Il y a eu la descente en flamme de rigueur du roman féminin écrit par un people (Annie Lemoine), mais pas celle du dernier single de Larusso, la cousine d’Arthur (charité de la part de Ruquier ?). Ils ont même été avenants avec Régine, l’immonde mythomane, qui tenta encore, pendant l’émission, de faire croire qu’elle avait apporté à New York le concept du night-club. Naulleau a souri, indulgent. Zemmour n’a rien dit. Et Régine parlait. A l’entendre, tout ce qui lui arrivait était "extraordinaire". Et Régine de nous montrer son bon cœur en versant une larme sur le-film-sur-l’immigration-clandestine-de-la-semaine.

Dis, Régine, combien t’en as laissé passer, de clandestins, ou même de prolos, ou même de simples timides, dans ton antre frelatée de requins du show-biz ?

Puis Régine quitta le plateau, tremblante, fripée, d’un pas très lent, un assistant venant l’aider à grimper une marche de 15 cm. Je me suis dit que cette femme devait souffrir de se voir dans son miroir, de plus en plus.

Je n’ai pas eu pitié, car il est bon que les salauds souffrent aussi.

Colbert - E&R