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Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

Au départ, Voltaire était très hostile à l’islam. La pièce théâtrale « Mahomet, ou le fanatisme » composée en 1742, était considérée comme le parfait exemple pour dépeindre le personnage du Prophète Mohammed (SBDL).

« Mahomet le fanatique, le cruel, le fourbe, et, à la honte des hommes, le grand, qui de garçon marchand devient prophète, législateur et monarque. » Recueil des Lettres de Voltaire (1739-41), Goethe, qui avait traduit la pièce en allemand pour complaire à son maître, le prince Charles-Auguste de Weimar, parla de ce sujet à Napoléon qu’il rencontra à Erfut. L’Empereur rétorqua : « Je n’aime pas cette pièce, c’est une caricature !

- Je suis de l’avis de Votre Majesté, j’ai fait ce travail à contre-cœur. Mais dans cette tragédie, dans ces tirades contre le fanatisme, ce n’est pas l’islam qui était visé, mais l’Église catholique.

- Les allusions, dit Napoléon, sont tellement voilées que cet impertinent a pu dédier son œuvre au pape… qui lui a donné sa bénédiction. » (1). Mais au fur et à mesure, Voltaire va faire ses recherches personnelles et délaisser les vieux ouvrages sur les musulmans que propageaient l’église. Voltaire se détache des sources héritées du Moyen Âge et sa perspective change radicalement.

C’est en travaillant en véritable historien, sur son Charles XII, que Voltaire forgea ses idées sur le monde musulman et plus particulièrement sur les Ottomans. L’évolution de Voltaire sur l’islam arrive à son point culminant avec l’Examen important de milord Bolingbroke, ou le tombeau du fanatisme, intégré au Recueil nécessaire, en 1766. Dans cet écrit, il fustige sévèrement le christianisme et fait l’éloge du Prophète Mohammed (SBDL) qui établit un culte qui « était sans doute, plus sensé que le christianisme ».

Voltaire accuse et attaque le christianisme qu’il considère comme « la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanglante religion qui ait jamais infecté le monde. » (Lettre à Frédéric II, roi de Prusse, datée du 5 janvier 1767). Par contraste, il vante la doctrine musulmane pour sa grande simplicité : « Il n’y a qu’un Dieu et Mahomet est son prophète. »

« Chanoines, moines, curés même, dit Voltaire, si on vous imposait la loi de ne manger ni boire depuis quatre heures du matin jusqu’à dix heures du soir, pendant le mois de juillet, lorsque le carême arriverait dans ce temps ; si on vous défendait de jouer à aucun jeu de hasard sous peine de damnation ; si le vin vous était interdit sous la même peine ; s’il vous fallait faire un pèlerinage dans des déserts brûlants ; s’il vous était enjoint de donner au moins deux et demi pour cent de votre revenu aux pauvres ; si, accoutumés à jouir de dix-huit femmes, on vous en retranchait tout d’un coup quatorze ; en bonne foi, oseriez-vous appeler cette religion sensuelle ? » Et la fin de son article est une leçon qui déteste et rejette la caricature : « Il faut combattre sans cesse. Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la ressuscite. » (dictionnaire philosophique 1764)

La dernière phase de Voltaire sur l’islam se situe entre 1768 et 1772. Il revient sur certaines de ses positions intransigeantes concernant le christianisme, sans renoncer à ses convictions dans l’enseignement de l’islam : « Sa religion est sage, sévère, chaste et humaine : sage puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystère ; sévère puisqu’elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône, bien plus rigoureusement que le voyage de La Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance. »

Depuis 1742, date à laquelle Voltaire a présenté sa pièce de théâtre « Mahomet » à la Comédie française, le chemin parcouru est long. Ce jour-là, il attaquait « le fondateur de l’islam » pour montrer comment les religions ont été établies. Puis vingt-huit années plus tard, en 1770, il le défend pour soutenir que « d’autres peuples pouvaient penser mieux que les habitants de ce petit tas de boue que nous appelons Europe ».

« Il n’y a point de religion dans laquelle on n’ait recommandé l’aumône. La mahométane est la seule qui en ait fait un précepte légal, positif, indispensable. L’Alcoran [le Coran] ordonne de donner deux et demi pour cent de son revenu, soit en argent, soit en denrées. La prohibition de tous les jeux de hasard est peut-être la seule loi dont on ne peut trouver d’exemple dans aucune religion. Toutes ces lois qui, à la polygamie près, sont si austères, et sa doctrine qui est si simple, attirèrent bientôt à la religion, le respect et la confiance. Le dogme surtout de l’unité d’un Dieu présenté sans mystère, et proportionné à l’intelligence humaine, rangea sous sa loi une foule de nations et, jusqu’à des nègres dans l’Afrique, et à des insulaires dans l’Océan indien. Le peu que je viens de dire dément bien tout ce que nos historiens, nos déclamateurs et nos préjugés nous disent : mais la vérité doit les combattre. » (2)

Le plus grand changement que l’opinion ait produit sur notre globe fut l’établissement de la religion de Mahomet. Ses musulmans, en moins d’un siècle, conquirent un empire plus vaste que l’empire romain. Cette révolution, si grande pour nous, n’est, à la vérité, que comme un atome qui a changé de place dans l’immensité des choses, et dans le nombre innombrable de mondes qui remplissent l’espace ; mais c’est au moins un événement qu’on doit regarder comme une des roues de la machine de l’univers, et comme un effet nécessaire des lois éternelles et immuables : car peut-il arriver quelque chose qui n’ait été déterminé par le Maître de toutes choses ? Rien n’est que ce qui doit être. (3)

Ce fut certainement un très grand homme, et qui forma de grands hommes. Il fallait qu’il fût martyr ou conquérant, il n’y avait pas de milieu. Il vainquit toujours, et toutes ses victoires furent remportées par le petit nombre sur le grand. Conquérant, législateur, monarque et pontife, il joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes. (4)

J’ai dit qu’on reconnut Mahomet pour un grand homme ; rien n’est plus impie, dites-vous. Je vous répondrai que ce n’est pas ma faute si ce petit homme a changé la face d’une partie du monde, s’il a gagné des batailles contre des armées dix fois plus nombreuses que les siennes, s’il a fait trembler l’empire romain, s’il a donné les premiers coups à ce colosse que ses successeurs ont écrasé, et s’il a été législateur de l’Asie, de l’Afrique, et d’une partie de l’Europe. (5)

(1) Jean Prieur, Muhammad, Prophète d’Orient et d’Occident, Éditions du Rocher, Paris 2003, p 215.

(2) Voltaire, Essai sur les mœurs.

(3) « Remarque pour servir de supplément à l’Essai sur les Mœurs » (1763), dans Oeuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, chap. IX-De Mahomet, p. 588

(4) « Remarque pour servir de supplément à l’Essai sur les Mœurs » (1763), dans Oeuvres complètes de Voltaire,

(5) Voltaire a composé cette lettre en 1760 en réponse à la "Critique de l’Histoire universelle de M. de Voltaire, au sujet de Mahomet et du mahométisme"

 






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11 Commentaires

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  • #2977
    Le 17 février 2011 à 01:30 par anonyme
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    Etonnant !

    « Lorsque l’on creuse on trouve toujours » disait le président. Donc Voltaire ne serait pas le figure de proue de l’islamophobie ?

    Merci à Er & Blanrue pour cette interessante découverte.

     

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    • #3061
      Le Février 2011 à 15:56 par anonyme
      Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

      "il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce qu’on dit ici de la religion mahométane. Nos moines ignorants et méchants nous ont bien trompés".
      Voltaire 1768, les femmes soumises

       
  • #2987
    Le 17 février 2011 à 02:05 par Glen_74
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    beaucoup de collabo du système oppose l’islam face à la philosophie des lumière pour justifier leur vision de la "laïcité" (en réalité de l’athéisme imposé)on voit finalement qu’en cherchant un peu, Les Lumière comme Voltaire ou Goethe sont favorable à l’Islam. Islam et Lumière sont donc compatible sans aucun doute. Et même le Coran est un des livres qui a inspiré les Lumières avec la Bible bien sûr. C’est certainement un coup dur pour les islamophobes du système ( je pense à Zemmour, finkelcrotte et bien d’autre) si les Français le savaient. D’ailleurs ils font actuellement tout pour que cela ne se sache pas.

     

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  • #3010
    Le 17 février 2011 à 09:08 par SS
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    J’ai toujours su que cette pièce visait l’Eglise catho’ à travers l’Islam.

    Et je l’ai su grâce à...Wikipedia !

    L’info est pourtant très présente partout sur le Net.

    Il faut croire que ça arrange les islamophobes de faire croire que Voltaire était anti-islam...

     

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  • #3025
    Le 17 février 2011 à 12:09 par karim
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    la faute en revient aux hommes qui en voulant retoucher la parole de Dieu, ont dénaturer les évangiles et les ont vidés de leur substances. Gardons du christianisme le prophète Jesus, issah dans le coran, paix et benediction sur lui, et inspirons nous de ses paroles et de ses actes, de sa sagesse et de son humanité à l’instar de tous les autres prophètes envoyes par Dieu à l’humanité.

     

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  • #3028
    Le 17 février 2011 à 12:17 par Aldebaran
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    Je suis chrétien.
    Il serait temps que les chrétiens se rendent compte que les églises catholique, orthodoxe, protestante n’ont pas respectées le message christique, elles l’ont trahi, et ce dès l’origine.
    Comment pouvait-il en être autrement quand on trouve chez les fondateurs du dogme de l’église chrétienne un prêtre pharisien, Saul de Tarse, grand chasseur de chrétiens (..esséniens ?), et deux siècle plus tard, l’empereur Constantin, grand admirateur de Mithra qui se convertira à une nouvelle religion, le catholicisme qui en grec signifie universel.
    Alors que le message de Jesus s’aparente au message du Bouddha, la religion chrétienne va continuer à jutifier des actes de barbaries au nom de Dieu.
    Le protestantisme ne distinguera pas mieux la Torah des Evangiles. C’est pourtant clair, Jesus dénonce sans arrêt les pharisiens, leurs pratiques et la traditions dévoyés.
    Cela n’empêchera de nombreux chrétiens de faire référence à Dieu pour justifier le meutre, trahissant de fait le commandement de ne pas tuer. Ces gens (Bush en tête...) ne font donc pas référence au Christ mais à Jehovah qui dans l’ancien testament guide son peuple élu, le puni si nécessaire ! C’est un dieu de conquête, qui promet la possession de la terre entière à ses élus (la terre promise ..)cruel et vengeur, il demande des holocaustes et des rituels nombreux.C’est une religion d’homme dont nous connaissons maintenant la genèse malgrè les manipulations incessantes de ses prêtres.
    Je rappelle aux Chrétiens le commandement cité à de nombreuse reprise par le Christ : tu aimeras ton prochain comme toi même.
    Ou sont donc les bons bergers ?
    Le voile doit tomber, et si nous devons tendre l’autre joue (ce qui est une image ...), nous n’avons pas à nous laisser plus abuser et s’il le faut, si nos vies sont en danger, nous pouvons nous défendre (il n’est pas dit que nous devions donner notre vie aux méchants..).
    Que la révélation soit !

     

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    • #3036
      Le Février 2011 à 13:04 par Matthieu
      Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

      Très belles et sages paroles auxquelles j’adhère a 100%, mes respect.
      Amicalement.

       
    • #3062
      Le Février 2011 à 15:59 par Vent Couvert
      Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

      Quand on a besoin de dire qu’on est chrétien, c’est probablement qu’on ne l’est pas.
      Considérez Saül comme un pharisien ce serait comme dire que Jésus est juif ou Luther un catholique. Le message de Jésus qui serait un message bouddhiste ? Vous délirez Monsieur.

      Qui êtes-vous et pourquoi postez-vous ? Quel est le sens de votre message ? Et pourquoi rappelez-vous aux chrétiens le commandement sur l’amour du prochain ? Une nouvelle attaque contre le catholicisme. Une religion qui a donné à l’Europe sa puissance et sa gloire. Une religion qui a éveillé les consciences et les âmes. Une religion qui a apporté la justice aux hommes. Une religion qui a donné aux hommes la plus indulgente, la plus sainte et la plus clémente des institutions en l’Inquisition, modèle d’équité et de justesse, en tout les cas, un modèle qui correspondait parfaitement à son époque et que nous regrettons aujourd’hui en lisant votre message apostat.

      Votre vision de l’Eglise ressemble à s’y méprendre à un film hollywoodien. J’ai comme l’impression que E&R commence doucement à glisser vers oumma.com. Al Debaran, si vous n’avez rien compris au catholicisme, il serait temps que vous vous plongiez sérieusement dans la théologie ou que vous veniez prendre des leçons sur La Question soit en son blog actualités religieuses : http://lebloglaquestion.wordpress.com/ soit en son blog doctrinal : http://www.la-question.net/

      Cela vous ouvrira les yeux sur une Eglise qui se bat depuis 2000 ans contre les attaques du judaïsme et évitera que vous nous serviez les poncifs de la charité et de la tolérance chrétienne. Etre charitable, ce n’est pas plaindre son prochain, c’est lui dire la vérité pour qu’il se relève de lui-même. Les soi-disant actes de barbarie que vous imputez bien maladroitement à l’Eglise n’est-il pas plutôt le fait de l’homme, de l’argent, de puissances contraires ? Donnez-nous donc des exemples qu’on voit cela en détail.

      Au lieu de venir attaquer une religion qui a toujours dénoncé le matérialisme - plaie d’hier, d’aujourd’hui et de demain - sous ses différents aspects : contre le socialisme puisqu’elle répudie la lutte des classes et l’évolution de l’homme par le progrès technique mais privilégie son évolution grâce à la charité, contre le libéralisme puisqu’elle dénonce l’hédonisme qui imprègne les sociétés occidentales, contre une certaine forme d’écologie également qui dénonce l’homme comme un nuisible. C’est le capitalisme qui détruit l’âme des chrétiens et pas le catholicisme. C’est le fondement même de nos sociétés démocratiques - dont on sait depuis Platon que la forme est aussi perverse que la tyrannie à la quelle elle aboutit de toutes manières immanquablement - et son individualisme qui réduit le Vrai à un sondage d’opinion. C’est le protestantisme, cette hérésie judaïque, qui a préparé nos esprits au capitalisme, modèle de société anglo-saxonne hannovrienne et non pas latine et catholique.

      Alors, je vous en prie, si vous souhaitez dénoncer l’action historique perverse de quelques institutions, de grâce, adressez-vous à d’autres qu’à l’Eglise catholique qui a admirablement rempli son rôle.

       
  • #3050
    Le 17 février 2011 à 14:30 par Ibrahim Boubekhadda
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    Cet article tombe à pic puisque nous musulmans, commémorons la naissance du prophète Mohammad (saaws)

    http://www.youtube.com/watch?v=YoQ2...

     

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  • #3063
    Le 17 février 2011 à 16:02 par Kaedes
    Comment Voltaire devint favorable à l’Islam

    L’impression m’est donné que Blanrue comme Voltaire profite là de l’Islam pour attaquer l’Église catholique. Que des franc-macs en général soient plus attirer par l’Islam et d’avantage par sa mystique n’est en rien bon gage ! Ce n’est pas parce que l’Islam est plus appréhendable par la raison humaine qu’il est naturellement plus vrai dans l’absolu ! C’est bien le grand problème de tous ses musulmans qui se prennent eux-mêmes pour des prophètes en vérité ! A cela, je préfère l’humilité chrétienne !
    Et le message du Christ ne s’apparente pas au message du Bouddha, encore des idées préconçues colportées par le New Age !

     

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