Egalité et Réconciliation
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Comprendre l’Empire d’Alain Soral

Le nom d’Alain Soral, en 2011, laisse souffler un vent de polémique. Et oui, devenu infréquentable pour certains en raison de sa polygamie politique : le marxisme, le FN, Dieudonné ; et pourtant reçu récemment aux côtés d’Alain de Benoist dans l’excellente émission de Taddeï « Ce soir ou jamais » pour son dernier livre Comprendre l’Empire : demain la gouvernance mondiale ou la révolte des nations ?

Avec un tel titre, et une telle possibilité d’issues dans le sous-titre, on comprend qu’il va falloir choisir son camp. Un réveil nationaliste à l’image des soulèvements arabes ? Une oligarchie capitaliste sans règle qui engloutit tout sur son passage ? Comme le récent séisme japonais. Mais passons.

À la lecture, l’ouvrage met un certain temps à découvrir sa vraie nature. Compilation d’articles, de réflexions, sur un vaste sujet : la place des idées dans l’Histoire. En fait il faut rationaliser notre vision du passé. Le transcender finalement.

Écarter « l’humain trop humain » dans le jugement des faits. Et les faits sont là : depuis la fin de la féodalité, depuis que le corps social s’est scindé en deux camps lorsque le Tiers-État a décidé de mener la guerre rude aux bourgeois, qui durent choisir. Et la République offre donc successivement à la classe dominante d’aller et venir dans les couloirs de l’Assemblée. Droite ou gauche, peu importe, les système est le même, on a perdu toute idée de transcendance et on génère une coupable coopération internationale : « Quand le catholicisme n’est plus compris par la noblesse comme idéologie de domination et ordre du monde, mais comme sujet de débat philosophique (…) c’est la classe dominante qu’elle sou-tend (sic) et qu’elle légitime » (p26).

Rien de tel pour relancer le débat sur les musulmans que de remplacer « catholicisme » par « islam ». L’intérêt de l’objet est de susciter un double débat : doit-on se résoudre à une vision finalement manichéenne du monde, puisqu’elle oppose les puissants et les soumis, ou bien opter pour un réveil patriotique faisant front contre un raz-de-marée marchande : « Contrainte, par sa logique même de déséquilibre, à rechercher de nouveaux espaces de prédation, la Banque est désormais vouée à la conquête du monde non monothéiste et non chrétien, tels que l’Inde ou la Chine. » (p.73).

Si on regrette le manque de sources ou de références, et peut-être une certaine dispersion dans l’ordre des textes, le fond reste néanmoins fort intéressant et houleux, et l’ennemi bien identifié : « Ce Nouvel Ordre Mondial par lequel cet oligarchie prédatrice exige désormais de ses serviteurs (Bush, Strauss-Kahn) que lui soient remis les pleins pouvoirs ». Cet essai dénonce. Et il a le droit de le faire. Il ne reste qu’à prendre part au débat.

Benoît Bonnet