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Dans son adresse à la nation, Obama couvre les crimes de BP

Le discours du président Obama, prononcé mardi soir du Bureau ovale, sur la catastrophique marée noire du golfe du Mexique était une lâche dérobade et dissimulation qui aurait pu être écrit par le service de publicité de BP.

Le discours de 18 minutes, prononcé le 57e jour de la pire catastrophe environnementale de l’histoire des Etats-Unis, n’a pas donné d’estimation concrète des causes de la marée noire ni de l’ampleur de la crise, en termes de dommages à l’écosystème ou à l’économie.

Le discours représente une totale capitulation devant BP et les autres grandes sociétés. Quiconque s’attendait à voir Obama profiter de l’occasion pour fournir au peuple américain une description honnête du désastre et de la culpabilité de BP ne peut qu’avoir été cruellement déçu.

Prononcé quelques heures seulement avant une rencontre avec les hauts dirigeants de BP à la Maison-Blanche, le discours a clairement établi que l’administration Obama reçoit ses ordres de l’oligarchie patronale et financière. Dans sa réaction à la catastrophe du golfe du Mexique, Obama a adopté la même approche que devant les actions criminelles de Wall Street qui ont jeté les Etats-Unis et le monde dans la plus profonde crise économique depuis la Grande Dépression. Personne ne sera tenu responsable et rien ne sera fait qui pourrait poser problème aux intérêts fondamentaux de l’aristocratie financière.

Dans son discours, Obama n’a jamais condamné clairement les actes de BP, ceux avant ou après l’explosion, survenue le 20 avril sur la plate-forme Deepwater Horizon, qui a coûté la vie à 11 travailleurs et qui a entraîné le déversement de millions de litres de pétrole dans le golfe du Mexique.

Il n’a rien dit des dernières révélations troublantes sur les violations systématiques des procédures de sécurité par BP tout juste avant que l’explosion ne vienne couler la plate-forme. Ces violations faisaient partie de la politique de la compagnie de systématiquement prendre des raccourcis pour économiser temps et argent et gonfler les profits.

Il n’a même pas fait mention des nouvelles estimations rendues publiques le jour même par des scientifiques du gouvernement qui établissaient le taux de déversement de pétrole entre 135.000 et 230.000 litres par jour – la plus récente indication que BP ment à répétition sur la crise.

L’enquête criminelle sur BP, dont l’administration avait fait miroiter l’idée il y a deux semaines, mais qui a été abandonnée depuis, n’a jamais été mentionnée.

Obama a consacré précisément quatre courtes phrases et moins d’une minute à l’explosion sur la plate-forme Deepwater Horizon, omettant tout ce qui aurait pu être dommageable à BP. Il n’a pas mentionné par exemple que le bloc obturateur de puits de la compagnie, présumément le dispositif de sécurité dans le cas d’un jaillissement de pétrole, n’avait pas fonctionné.

« Parce que la fuite est si importante et située à une telle profondeur, ce qu’il faut faire pour l’arrêter frôle les limites de la technologie humaine », a-t-il dit.

C’est une tentative misérable et malhonnête de prétendre que BP n’est pas responsable du désastre. Le problème n’est pas la supposée limite de la technologie humaine, mais plutôt le fait que BP n’avait aucun plan en place afin de faire face à l’explosion.

Obama a poursuivi en vantant sa réponse décousue et incompétente face à la marée noire, déclarant « Suite à ces efforts, nous avons ordonné à BP de mobiliser des équipements et de la technologie additionnels. Et dans les semaines et les jours à venir, ces efforts devraient permettre de récupérer jusqu’à 90 pour cent du pétrole qui fuit du puits. Ceci jusqu’à ce que la compagnie finissent le forage du puits de secours plus tard durant l’été, ce qui devrait arrêter la fuite complètement ».

D’où provient le chiffre de 90 pour cent d’endiguement ? De BP !

Obama a présenté les prétentions de la compagnie, y compris l’arrêt complet de la fuite d’ici la fin de l’été, comme s’ils étaient dignes de confiance. Ceci après que BP ait fourni des informations fausses et erronées depuis le premier jour du désastre, des informations que Obama et ses subordonnés ont accepté tel quel et retransmises au public.

Obama n’a rien dit sur l’histoire de tromperie de BP, à commencer par son affirmation, après le 20 avril, qu’il n’y avait aucune fuite de pétrole, suivie de ses estimations frauduleuse de 1000 barils par jour et puis 5000 barils. Il n’a pas non plus mentionné la défiance de la compagnie face à l’appel de l’Agence de protection environnementale, pour qu’il arrête de pomper le dispersant d’huile toxique Corexit dans le golfe. Ou bien sa politique d’empêcher les médias d’avoir accès aux plages et aux marais pollués.

Et comme il a précisé dans son discours, l’administration va continuer à diffuser les mensonges de BP.

« Mais ne vous méprenez pas », a dit Obama, « nous allons combattre cette marée noire de toutes nos forces, le temps qu’il faudra. Nous allons faire payer à BP les dommages que leur compagnie a causés. Et nous allons faire tout ce qui est nécessaire afin d’aider la côte du golfe et ses habitants à se remettre de cette tragédie, »

Ces affirmations sont si générales qu’elles ne veulent rien dire. On parle ici d’un désastre dont les coûts totaux de destruction économique et environnemental atteignent les centaines de milliards et mêmes des billions de dollars. Mais Obama a pris soin de ne pas donner une estimation du coût de l’explosion à ce jour, les pertes envisagées pour le tourisme et l’industrie de la pêche, les centaines de milliers d’emplois anéantis, rendant sa promesse de « faire payer BP » et « faire tout ce qui est nécessaire » vide et sans aucune crédibilité.

« En raison de nos efforts », s’est vanté Obama, « des millions de gallons de pétrole ont déjà été retirés de l’eau par la combustion, l’écrémage et d’autre méthodes de collecte. Plus de 5 millions et demi de pieds de barrage ont été disposés sur le golfe afin de bloquer et d’absorber le pétrole qui s’approche des berges. »

Cette défense de ce qui est vu universellement comme une réponse incompétente, désorganisée et entièrement inadéquate de la part du gouvernement et de BP est une insulte à l’intelligence du peuple américain. Le matin même du discours d’Obama, le New York Times publiait un long article de première page ayant pour titre : « Les efforts pour repousser la marée noire sont décrits comme étant chaotiques ».

Obama a ensuite voulu se faire rassurant pour les victimes du déversement du pétrole dans le golfe : « Alors que le nettoyage continue, nous allons offrir toutes les ressources additionnelles et toute l’aide dont pourrait avoir besoin nos États de la côte… Mais nous devons reconnaître que, malgré nos meilleurs efforts, le pétrole a déjà causé des dommages à nos côtes et à la vie qu’elles abritent. Et malheureusement, peu importe l’efficacité de notre réponse, il y aura d’autre pétrole et d’autres destructions. Voilà pourquoi la deuxième chose sur laquelle nous allons concentrer nos efforts est le rétablissement et la restauration de la côte du golfe du Mexique. »

Encore une fois, il s’agit de généralités parmi les plus vagues que l’on puisse trouver. Elles sont démenties par le refus du gouvernement d’allouer à ce jour des ressources qui sont proches de ce que la situation commande ou d’entreprendre toute action qui irait à l’encontre de la propriété ou des profits de BP. Pour entreprendre sérieusement « le rétablissement et la restauration » de la côte du golfe, il faut saisir les actifs de BP et nationaliser l’industrie pétrolière pour la mettre sous le contrôle démocratique des travailleurs.

« Demain », a déclaré Obama, « je vais rencontrer le président de BP et l’informer qu’il doit conserver la somme nécessaire pour compenser les travailleurs et les entrepreneurs qui ont été lésés à cause de la témérité de la compagnie. Et ce fond ne sera pas contrôlé par BP. Dans le but d’assurer que les réclamations légitimes sont satisfaites d’une manière équitable et rapide, le compte doit être, et sera, administré par un tiers parti indépendant. »

Encore une fois, pas un seul chiffre. « La somme nécessaire » est une généralité qui peut être tordue dans le sens où l’on veut bien l’entendre par satisfaire les besoins des gros bonnets. Malgré les déclarations d’Obama sur le « tiers parti indépendant » qui devra administrer le fond de compensation, ceux qui vont véritablement dicter ce qui sera fait, ce seront BP, l’industrie du pétrole dans son ensemble et Wall Street.

On trouve également l’expression « les réclamations légitimes ». Qui déterminera la légitimité des déclarations ? C’est une formule pour ne pas donner de compensation adéquate à des dizaines de milliers de travailleurs dont les emplois se sont volatilisés suite au désastre du golfe.

« La troisième partie de notre plan », a continué Obama, « consiste en mesures que nous prenons pour nous assurer qu’un désastre comme celui que nous venons de traverser ne se reproduise plus jamais. Il y a quelques mois, j’ai approuvé une proposition de considérer de nouveaux forages, très limités, avec l’assurance que cela sera absolument sécuritaire, que la technologie appropriée sera disponible et que les précautions nécessaires sont prises. »

« Cela n’était évidemment pas le cas de la plateforme de forage Deepwater Horizon, et nous voulons savoir pourquoi… Et j’ai donc établi une commission nationale dont la fonction sera de comprendre les causes de ce désastre et de nous faire des recommandations pour de nouvelles normes de sécurité et de nouvelles normes environnementales que nous devons mettre en place. »

La promesse d’Obama qu’un « désastre comme celui que nous venons de traverser ne se reproduise plus jamais » n’est pas crédible. On peut dire la même chose de son ignorance des causes de l’explosion de Deepwater Horizon.

A ce jour, une montagne de faits sont connus du public qui prouvent que la cause de l’explosion a été le non-respect des règles de sécurité par la compagnie, parce qu’elles étaient considérées comme des obstacles dans sa course aux profits. Il a été bien établi que le gouvernement, y compris celui d’Obama, a facilité cela en permettant à la compagnie de se superviser elle-même.

Étant donné la servilité dont font preuve les deux partis politiques et toutes les branches et niveaux de gouvernement lorsqu’il s’agit les profits de la grande entreprise, il ne peut y avoir de doute que les conditions pour d’autres désastres continueront de prévaloir.

En réalité, le véritable mandat la commission nationale (sur laquelle siège un membre du conseil d’administration de Conoco-Phillips), tel qu’indiqué précédemment par Obama lui-même, est de rapidement arriver avec une proposition pour des améliorations de sécurité bidon pour recommencer au plus tôt les forages en eaux profondes dans le golfe du Mexique et ailleurs.

Obama a répété son mantra qu’il « faut se regrouper » en tant que nation, « les travailleurs et les entrepreneurs, les scientifiques et les citoyens, le secteur privé et le secteur public ». En d’autres mots, il ne faut pas monter de mouvement d’opposition qui irait à l’encontre des intérêts de la grande entreprise criminelle et ne pas les rendre imputables de leurs crimes.

Autre insulte à l’intelligence du peuple américain, il a introduit Dieu à la fin de ses remarques, déclarant que « nous prions pour qu’une main nous guide à travers l’orage vers un jour meilleur ».

Obama nous a donné le discours d’un individu et d’un gouvernement sous la coupe de BP et de l’élite de la grande entreprise et du monde financier dans son ensemble. Son discours suintant la servilité et la couardise devant la grande entreprise et le mépris pour la population.

Il a été rendu clair que rien ne serait fait pour compenser l’immense majorité des travailleurs et des petits entrepreneurs qui ont perdu leur emploi et leur gagne-pain à cause du déversement de pétrole dans le golfe.

Ce discours fait partie d’une campagne de relations publiques de trois jours qui comprend une tournée de deux jours du golfe et la rencontre mercredi du président et PDG de BP à la Maison-Blanche qui a pour but de préparer une entente avec BP. L’entente comprendra fort probablement un report temporaire du paiement de milliards de dollars en dividendes aux actionnaires de BP et la mise en place d’un fonds spécial qui limitera la responsabilité de la compagnie à une petite fraction du coût réel du désastre pour laquelle elle est responsable.