Egalité et Réconciliation
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De l’intervention de la Banque Centrale Européenne et du FMI

par Jean-Pierre Gérard, vice président de Debout la République

Je me souviendrai toujours de la crise asiatique dont nous avons eu à connaitre lors de mon passage au Conseil de la Politique Monétaire.

Le plan de soutien du FMI, était comme il est normal subordonné à un certain nombre de conditions. Ce n’est pas le principe d’une aide subordonnée à une remise en ordre de son économie que je remets en cause. Si effectivement l’on veut mener une politique de son choix, il convient d’assurer son indépendance.

Ce n’est pas donc le principe que je critique, mais la nature même de la remise en ordre. La Malaisie en 1997 a eu la sagesse de ne pas écouter les conseils du FMI, et s’en est bien tirée. Mais l’Argentine, la Thaïlande, et tous les autres pays qui ont eu affaire au FMI sur cette période, n’ont pas eu la capacité de résistance, ni la volonté de s’opposer aux diktats de la « Firme ».

Je reproche fondamentalement aux experts du FMI et de la Banque Centrale Européenne de ne pas s’intéresser à la vitalité de l’économie et de ne s’appuyer que sur un ensemble de recettes plus ou moins éprouvées mais en tout cas éprouvantes, si ce n’est mortelles pour le corps social des pays considérés. Ils appliquent systématiquement la même doctrine que l’on soit à Bagdad, Katmandou, ou Questembert. Cette doctrine se définit comme suit :

Règle 1 : le libéralisme est supérieur à tout et est le seul à pouvoir assurer le bien être des populations.

Règle 2 : On réduit les dépenses publiques à tout va

Règle 3 : On privatise tout ce qui peut l’être.

Je dois dire que chaque fois que je vois l’un de ces plans j’ai un haut le cœur.

Comment des prix Nobel d’économie peuvent ils à ce point méconnaitre les fondements de l’action humaine ? Comment ces supers diplômés parlant couramment plusieurs langues sont ils à ce point incapables de comprendre ce qui fait la richesse des nations.

J’ai souvent rencontré cette même attitude, chez des Chefs d’entreprise dont l’entreprise avait quelques difficultés. Leur première réaction était de « chercher de l’argent frais » et de dire il me suffit de 2 ou 3 millions d’euros et tout sera résolu. A prendre le problème de cette manière rien n’était résolu et 5 ou 6 mois plus tard il fallait recommencer. Avant de mettre de l’argent, il faut savoir ce que l’on veut et ce que l’on peut faire, alors seulement si cette politique est digne de crédibilité peut on, si l’on est investisseur, accorder le financement attendu, et comme chef d’entreprise aller solliciter les créanciers en leur montrant que le programme est digne de confiance.

Il n’y aucune raison de procéder différemment avec les pays et si l’on veut que la Grèce renoue avec une situation vertueuse il est indispensable d’analyser plus en détail la situation.

Dès lors le chemin à suivre peut se définir de manière simple, même si l’exécution peut en être difficile :

1- Réduire les dépenses qui sont des gaspillages, et par là même cela élimine la mesure macroéconomique globale de gel du salaire des fonctionnaires, ainsi que la suppression sans discernement du nombre de fonctionnaires. Au contraire il convient de préciser quelles sont les actions de l’État à préserver et à organiser plus efficacement.

2- Augmenter les recettes en libérant les énergies productives (j’y reviendrai), et ne pas hésiter à promouvoir l’amnistie fiscale totale et sans arrières pensées.

3- A prendre ses pertes par la privatisation des foyers de pertes récurrentes en laissant aux entreprises privées le soin de re-rentabiliser un capital dont l’obsolescence ne peut se traduire que par une diminution de valeur.

4- Développer et investir dans des infrastructures de nouvelle génération.

Mais libérer les énergies est sans doute l’acte politique majeur par lequel on devrait commencer. Cela commence sans doute par supprimer ce qui est le plus stérilisateur de l’activité humaine, à savoir l’assistanat généralisé que nos pays européens ont systématiquement mis en place et tout particulièrement en Grèce.

Un des moyens à mettre en œuvre pourrait être de demander à un Commissariat du Plan de réunir toutes les forces sociales de la nation et de leur donner la mission de sélectionner les actions à promouvoir, en même temps que des États Généraux politiques (opposition et majorité) définiraient ensemble le plan à 5 ans qu’il est indispensable de mettre en place pour retrouver la maitrise de son destin sur la base des propositions à mettre en œuvre préconisées par le commissariat.

Comment voulez vous en 3 ans récupérer tout ce qui a été perdu au cours d’une lente dégradation de la situation économique, si ce n’est par un programme collectif sérieux et accepté ?

Et enfin pour que cette politique ait quelque chances, permettre l’établissement temporaire d’un certain protectionnisme pour favoriser l’émergence de nouvelles activités et d’assurer le renouvellement du tissu des entreprises pendant une période de 3 à 5 ans, et retour de nouveau par palier sur une période de 5 ans, au libre échange avec les autres pays d’Europe.

Je n’ai jamais compris pourquoi les prêteurs n’exigeaient pas avant tout la mise en place d’un programme économique, avec l’engagement de la totalité de la nation.

Au fond plutôt que de dire à la Grèce ce qu’il faut faire, demandons-lui de s’engager sur ce qu’elle compte faire et qu’elle veut réellement faire. Cela m’étonnerait beaucoup que la fierté nationale ne donnerait pas à nos amis grecs la volonté et le courage de faire.

Alors là peut être n’investirons nous pas dans une cause perdue d’avance.

Au lieu de miser des milliards que nous n’avons pas, sur une économie qui doit se réformer en profondeur, misons sur les hommes et leur capacité à vouloir leur avenir, et n’investissons qu’après nous avoir démontré que leur politique a des chances raisonnables.

 






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