La semaine passée, Manuel Valls a annoncé qu’une douzaine de djihadistes mineurs français était en transit ou s’était rendue en Syrie. Il a ajouté que vingt et un Français sont morts au combat depuis le début du conflit. Il a exprimé son inquiétude en affirmant que les Français et les Européens sont en passe d’être dépassés par l’ampleur de ce phénomène. Que cache cette prétendue préoccupation ? En réalité, si nous faisons la rétrospective de l’attitude du gouvernement français dans le conflit syrien, il est difficile de ne pas pointer du doigt son irresponsabilité.
À aucun instant Manuel Valls ne s’exprime sur la responsabilité directe ou indirecte du gouvernement français dans cette affaire. Il est dès lors nécessaire de lui faire une piqûre de rappel. Depuis le début de son accession au pouvoir, le gouvernement de François Hollande n’a cessé de diaboliser le régime de Bachar el-Assad. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait même souhaité publiquement la mort du président syrien [1]. De son côté François Hollande a annoncé sa volonté, en août 2013, de punir le gouvernement syrien [2]. La France a même envisagé d’armer l’opposition syrienne, sans qu’on sache si elle l’a véritablement fait ou non [3]. Dans ce cas de figure, le risque de voir des armes françaises tomber dans les mains de fanatiques djihadistes est plus que probable.
L’argument de la responsabilité du gouvernement français dans cette histoire a été repris par Jean-Luc Mélenchon le 19 janvier sur France 3. Il a jugé que l’exécutif avait une responsabilité personnelle dans ce désir de jeunes de se rendre en Syrie pour y faire le jihad. Il a posé la question en ces termes au journaliste, qui avait l’air médusé : « Qui est-ce qui a banalisé l’idée de faire la guerre » en Syrie ? On peut cependant douter de la bonne foi de ce personnage, qui avait parlé en mars 2012 de la nécessité d’organiser des représailles contre la famille Assad [4]. Il s’agit d’une tartufferie de plus de la part de Mélenchon, qui agit par simple opportunisme politique et par désir de se démarquer de ce gouvernement dont l’impopularité a atteint des sommets.
Comment imaginer que la propagande gouvernementale française n’ait aucune conséquence désastreuse sur de jeunes adolescents fanatisés, influençables et déstructurés ? Ces jeunes absorbent non seulement le discours classique des djihadistes financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, mais également celui du gouvernement français, qui martèle à longueur de temps que Bachar el-Assad est le mal absolu. Ces jeunes peuvent donc se sentir investis d’une double légitimité. La stratégie du gouvernement français qui fait mine de s’inquiéter de ce phénomène apparaît dès lors comme celle du pompier-pyromane.
Le président de l’UEJF Jonathan Hayoun avait laissé entendre que les terroristes islamistes s’inspiraient des sites de Dieudonné et d’Alain Soral. Ces propos clairement diffamatoires lui ont valu d’être poursuivi en justice [5]. Alain Soral a toujours dénoncé avec vigueur le terrorisme wahhabite financé par le Qatar et l’Arabie Saoudite, les jeunes qui partent au combat ne peuvent donc nullement être inspirés par Égalité & Réconciliation. Il est en revanche légitime de se poser la question de la responsabilité d’un gouvernement qui a fait preuve d’une violence verbale inouïe à l’égard d’un gouvernement en proie au terrorisme le plus destructeur. Lorsque François Hollande va se prosterner en Arabie Saoudite, il ne peut pas ignorer que ce pays finance des groupes terroristes en Syrie.
Il est inquiétant de constater que les médias institutionnels en France ne questionnent pas le gouvernement à ce sujet. Ils en avaient pourtant l’occasion lors de la récente conférence de presse de François Hollande. Rien d’étonnant quand on sait qu’ils sont à la botte du pouvoir, comme l’a démontré l’acharnement conjoint de Manuel Valls et des médias institutionnels à l’encontre de Dieudonné.