Egalité et Réconciliation
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E&R et la question juive

Préambule :

Le texte suivant ne se propose pas de donner satisfaction à chacun des adhérents et militants d’E&R, mais de jeter les bases de ce qui pourrait être une déclaration de principe à laquelle ils puissent tous souscrire. Nous invitons chacun des lecteurs à signaler ce qui, selon lui, y manque absolument, ou y est décidément de trop — non pas en regard de son sentiment propre, mais en tant que ligne politique d’un groupement dont l’optique est et doit demeurer la réconciliation de Français issus d’horizons politiques, moraux et confessionnels divers. Nous ne cherchons ici qu’à établir un noyau, un dénominateur commun, qui soit la règle des prises de position publiques d’E&R, sans prétendre bien sûr entraver la liberté de pensée et de parole des adhérents quand ils s’expriment à titre personnel.

Par commodité pour la discussion, le texte soumis à la discussion a été découpé, comme une motion, en articles et en alinéas qui pourront être ainsi plus aisément amendés, les questions à bien distinguer n’ayant pas été confondues.

Art. 1 : De l’idée de « peuple juif »

a. La notion de peuple en général

— La notion de « peuple » est très confuse, puisqu’elle couvre tout un spectre allant du groupe ethnique, en un sens quasi-racial, à des groupements humains factices qui ne sont même pas des communautés — ainsi plus nettement de l’expression anglaise people, qui se traduit le plus souvent par « les gens », sans aucune connotation ethnique ou raciale (the Jewish people = « le peuple juif » ou « les gens qui se trouvent être juifs » ?).

— En bon français moderne, ce terme nomme, disons, une communauté humaine subsistant à travers l’histoire en préservant la continuité d’une culture commune sur la base d’un certain degré de conscience de soi, et ayant pour noyau des lignées familiales, éventuellement ouvertes à l’agrégation d’éléments allogènes.

Par « conscience de soi » d’un peuple, nous entendons le fait que les individus qui en sont membres se définissent eux-mêmes par leur appartenance à ce peuple et la perçoivent comme constitutive de leur identité. Cette conscience comporte des degrés (de la fierté d’appartenir à un peuple dont on recueille avec enthousiasme les traditions à l’indifférence parfaite, voire à la haine de soi par rejet du groupe dont on se trouve faire partie).

Cette variable subjective n’est pas liée mécaniquement aux autres paramètres, qui sont plus objectifs : pour prendre deux extrêmes, on peut imaginer :

— Un groupement humain qui, sur le plan objectif, a tout pour satisfaire à la définition du peuple, mais qui se déliterait par manque de toute conscience de soi, par exemple parce que l’on a instillé chez les membres de ce peuple une haine de la tradition dont ils sont les héritiers — cas du peuple français actuellement (« peuple en soi » qui est très peu un « peuple pour soi ») ;

— À l’inverse, un groupement humain qui, sur le plan objectif, ne serait pas tout à fait à la hauteur de la définition d’un peuple, mais qui, du côté subjectif, serait fédéré par une revendication forte, fondée sur des mythes investis de croyance (« peuple pour soi » qui n’aurait pas vraiment pour base un « peuple en soi »).

Par ailleurs, l’idée de continuité culturelle n’implique pas ici la simple répétition de tradition figée, mais, pour le dire simplement, elle permet des transformations quand ces dernières apparaissent comme autant d’expressions du génie propre de cette culture, et non comme des altérations qui la dénaturent en profondeur.

Ainsi peut-on jusqu’à un certain point « dés-ethniciser » le concept de peuple, sans l’abandonner pour autant au « tout-culturel ». Dans ce sens, il est parfaitement légitime de parler d’un peuple français, par exemple.

b. La notion de « peuple juif »

En première apparence, il serait également légitime de parle d’un « peuple juif », à la fois par la continuité familiale, peu ouverte, à l’époque moderne, à des conversions, et en raison de l’abondance de pratiques culturelles communes — celles que prescrit la religion juive, sans parler bien sûr de la dimension subjective de « conscience de soi », très forte. Toutefois, à l’examen, l’éparpillement des Juifs sur toute la surface de l’Europe, de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l’Asie pendant deux millénaires et la disparité culturelle qui s’en est suivie laissent perplexe quant à l’existence d’un socle de pratiques culturelles communes suffisamment avéré pour parler d’un peuple. De plus, du côté ethnique, il apparaît que l’idée d’une continuité des mêmes lignées familiales, presque sans apport étranger depuis l’origine, relève bien plus de l’idéologie religieuse que de l’histoire scientifique. En conclusion, l’idée de « peuple juif » paraît presque aussi peu consistante, sur le plan objectif, que celle, que l’on pourrait inventer, de « peuple catholique » ou que les fictions politiques du genre : « peuple aryen ». En revanche, comme on l’a dit, elle est très forte sur le plan subjectif, du roman familial et communautaire sur la base duquel se constitue l’identité de nombre de ceux qui se veulent membres de ce peuple. Toutefois, dans le cas considéré, ce sentiment — qui fait du « peuple juif » le type même du « peuple pour soi » sans « peuple en soi » — a de plus un trait particulier : il est essentiellement religieux, quoi qu’en disent ceux qui veulent faire du sentiment d’être juif le simple envers des discriminations subies.

c. Suppression de toute référence au « peuple juif » dans les textes officiels

— Nous regardons donc l’idée de « peuple juif » comme l’objet d’une croyance religieuse, respectable à ce titre, mais devant, à ce titre également, être méthodiquement ignorée par le gouvernement de l’Etat. Nous revendiquons le droit, pour ceux qui ne partagent pas cette croyance, de la tenir pour nulle et non avenue, c’est-à-dire de ne pas nous sentir concernés par le sentiment que peuvent avoir certains d’appartenir à ce peuple. Davantage, nous revendiquons la suppression de toute occurrence de ce terme dans des textes juridiques ou réglementaires français, ou dans toute déclaration engageant la France comme telle : si « La République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte », elle n’a pas à intégrer dans les textes qui gouvernent son fonctionnement des notions qui sont étrangères à la laïcité, qu’elle n’a pas à reconnaître et dont elle n’a pas à connaître.

d. Législation sur l’antisémitisme

— Le terme d’« antisémitisme », qui flanque régulièrement celui de « racisme » dans les textes juridiques et réglementaires interdisant les discriminations, doit disparaître partout. Nous ne souhaitons certes pas encourager l’antisémitisme, mais nous avouons ne pas comprendre le sens de l’expression dans les textes qui le condamnent : s’agit-il de discriminations de caractère raciste ? Pourquoi alors ajouter le codicille « antisémitisme » ? Ou veut-on dire que l’antisémitisme est un racisme plus absurde qu’un autre, parce que les Juifs ne sont pas une « race », alors que les Noirs le seraient ? Mais personne n’entend les choses ainsi : le racisme n’a jamais supposé la réalité biologique des distinctions raciales qui servent de prétexte à ses aversions. L’ajout, dans la criminalisation du racisme, de cette clause bizarre relative à l’antisémitisme, serait inintelligible, sauf à y voir une volonté de confondre — c’en est la principale fonction — antisémitisme raciste, antijudaïsme et antisionisme.

Art. 2 : Sur la liberté d’expression

a. Généralité

La liberté d’expression doit être défendue sans conditions, car on perd infiniment plus qu’on ne gagne à la restreindre, à la réserve près de ce qui relève de la diffamation et de l’injure. Les injures racistes (etc.) peuvent tout à fait être punies par la loi sans qu’il y ait besoin d’un appareil légal particulier pour « veiller contre les discriminations ». La multiplication des lois n’étant pas une bonne chose, il suffirait de s’en tenir à quelques principes simples et à les appliquer selon leur esprit pour régler la plupart des cas à propos desquels on invente des dispositifs byzantins dont chaque parcelle est toujours sujette à une application vicieuse.

b. Dans le domaine public

La liberté d’expression publique des citoyens ne doit être bornée que par les lois proscrivant l’injure et la diffamation. Par conséquent, des affirmations, même erronées, relatives à des faits réels ou imaginaires, quand elles n’impliquent pas une forme ou une autre de diffamation ou d’injure, ne doivent pas pouvoir être poursuivies en justice.

— Nous demandons en particulier, au vus des abus monstrueux des vingt-cinq dernières années, que soit supprimé le droit, pour des associations prétendument représentatives de « communautés » (ethniques, religieuses, etc.), d’attaquer en justice des personnes physiques ou morales pour des propos supposés délictueux, quand ces associations n’en font pas directement l’objet, mais seulement les communautés qu’elles disent représenter. Il appartiendra au Procureur de la République, le cas échéant, d’engager les poursuites nécessaires ; les associations prétendues communautaires, la presse, etc., auront toute licence d’attirer l’attention du Procureur de la République sur les cas qui auraient échappé à sa vigilance.

— Il en va de même, au-delà des associations, du rôle que pourraient vouloir se donner des personnes physiques. Nul ne doit troubler l’ordre public en portant plainte pour des préjudices dont il n’est pas la victime. Quand un groupe de vaste ampleur qui ne constitue pas comme tel une personne morale est collectivement injurié ou diffamé, c’est au Procureur de la République de prendre la charge des poursuites. — Nous exigeons l’abolition immédiate des Lois Pleven (1972) et Gayssot qui entravent les libertés publiques et instaurent (pour la seconde), de façon purement anormale, une « pensée obligatoire ». Le législateur n’a pas jugé utile de nous faire un devoir de croire que 2+2=4, estimant que les citoyens étaient dotés d’un bon sens qui ne manquerait pas de leur faire reconnaître la vérité, après réflexion. Il doit en être de même dans des questions historiques, qui, vu le temps passé, ne peuvent avoir que peu d’incidence dans la vie normale d’un pays comme la France.

— Nous demandons aussi (en sortant un peu de notre sujet) l’abrogation immédiate de toutes les autres lois « anti-discriminations », dont la multiplication ne semble pas avoir apporté un progrès sensible au bien-être des minorités visées, mais qui ont donné prétexte, en revanche, à une multiplication sans fin de procès inutiles, contribuant à créer en France une atmosphère de crainte et de suspicion qui n’est pas sans rappeler celle qui a pu régner dans les Etats totalitaires. Nous ne sommes pas hostiles, en revanche, à une sévérité accrue de la Justice à l’encontre de la véritable brutalité physique et verbale ; nous posons en principe que la vocation du pouvoir judiciaire n’est pas de faire régner la vertu dans les têtes, mais seulement de maintenir ou de rétablir l’ordre dans les rapports entre les personnes physiques et morales qui principalement la société.

c. Dans la recherche scientifique

Le Législateur a jugé bon de délier les universitaires de l’obligation de réserve qui encadre par ailleurs l’expression publique des opinions des autres fonctionnaires dans l’exercice de leur fonction. À combien plus forte raison toute licence doit-elle être laissée à la recherche scientifique dans tous les domaines, sachant que les erreurs de jugement des historiens, par exemple, peuvent se payer au prix fort d’une perte de considération auprès de leurs pairs. Le débat universitaire libre est le meilleur moyen de faire justice des erreurs et de confondre les menteurs, quels qu’ils puissent être. Nous demandons qu’y compris sur toutes les questions relatives à la Seconde Guerre Mondiale, entière licence soit laissée aux historiens de dire, d’écrire et de publier ce qui leur paraîtra à propos, et que la justice n’ait pas à en connaître, sauf dans le cas où un historien de la période contemporaine se serait laissé aller à des propos injurieux ou diffamatoires présentant un caractère suffisamment public pour que le préjudice soit avéré. Même dans ce cas, la Justice doit prendre connaissance des motifs du chercheur et en tenir compte.

Art. 3 : L’antisémitisme

a. L’accusation d’antisémitisme dans la France d’aujourd’hui

Chacun peut constater que l’accusation d’antisémitisme est le moyen le plus imparable de détruire socialement un adversaire dans la France d’aujourd’hui, comme l’accusation de sorcellerie a pu l’être dans la France du XVe Siècle. À telle enseigne que « l’antisémitisme » n’est plus tant aujourd’hui une réalité sociale en tant que haine ou mépris dont les Juifs seraient victime (et qui ne subsisteraient qu’à titre très superficiel et résiduel si l’on n’en parlait pas de façon si obsédante), mais surtout sous la forme de cette épée de Damoclès de l’accusation dont chacun est à chaque instant passible et de laquelle nul ne peut se défendre.

b. De la nécessité de châtier sévèrement l’abus de l’accusation d’« antisémitisme »

— Il est impérativement nécessaire au rétablissement d’un climat sain en France aujourd’hui, voire au simple rétablissement de l’ordre public, que l’abus de cette accusation soit vigoureusement poursuivi par la justice — non pas au titre d’on ne sait quelle ennième usine à gaz juridique, mais en mettant en œuvre, tout simplement, les lois sur l’injure et la diffamation. Le préjudice subi par celui qui est accusé d’antisémitisme, même sans une ombre de fondement, n’est plus à établir. La peine maximale doit donc être systématiquement requise à l’occasion de tout abus de l’accusation d’antisémitisme.

— Cette mesure doit être mise en œuvre rétroactivement, et cela, non pas en violation des principes fondamentaux du Droit, mais parce que le Droit tel qu’il est (et tel qu’il était déjà au moment des innombrables faits considérés) permet et même exige ses poursuites, selon l’esprit de la loi, du moins, sinon peut-être selon la jurisprudence (le préjudice subi par les victimes de propos « racistes » ou « antisémites » ayant été reconnu bien plus volontiers, bien plus systématiquement, que le caractère lourdement préjudiciable des imputations d’antisémitisme, etc., appliquées hors de propos à des personnes qui n’avaient pas donné le moindre signe d’antisémitisme au sens propre du terme).

c. Nécessité de bien définir l’antisémitisme pour interdire les abus dans l’imputation d’antisémitisme

Ce qui rend l’accusation d’antisémitisme particulièrement dangereuse pour ceux qui en font l’objet, c’est qu’elle est si mal définie qu’il est presque impossible de s’en défendre — comme dans Le Procès de Kafka où l’accusé n’a jamais connaissance du crime dont on l’accuse.

— L’antisémitisme du nationalisme français. Sans parler de ce que l’on a coutume d’appeler « l’antijudaïsme traditionnel de l’Eglise », qui n’a pas de vrai rapport avec l’antisémitisme, le véritable antisémitisme naît en France, comme chacun sait, autour du mouvement boulangiste et dans ses suites, avec Barrès, Drumont, puis Maurras. Il est difficile de qualifier jusqu’au bout cet antisémitisme de « raciste », parce que la biologie des années 1880-1900 n’est évidemment pas assez avancée pour que la notion de « race » ait encore un sens bien arrêté. Dans une pensée qui croit, à l’évidence, à la transmission des caractères acquis en même temps qu’elle attribue à l’inné, à la nature, ce qui, dans bien des cas, relève de la culture, le « racisme » a un sens qui est devenu presque insaisissable pour nous. Il n’en reste pas moins que l’antisémitisme revendiqué par Drumont, Barrès ou Maurras est avant tout la dénonciation d’un groupe minoritaire perçu comme étranger aux traditions françaises et comme visant à soumettre la France à ses visées propres. L’antisémitisme du nationalisme Français du tournant du XIXe et du XXe siècles relève du même esprit que l’anti-maçonnisme ou l’anti-protestantisme dont nul ne saurait dire qu’ils sont « racistes » — et pourtant, « l’esprit protestant » y est dénoncé presque dans les mêmes termes que « l’esprit juif ». Nous revendiquons, pour une pensée de ce genre, une fois décrassée de ses relents de racisme, le droit de s’exprimer sans être taxée d’antisémitisme au troisième sens ci-dessous. Il ne doit pas être interdit de penser ou de dire que certains groupes religieux, ethniques ou autres ont pris en charge certaines fonctions licites — « lobby » auvergnat des cafés de Paris — ou illicites — « lobby » sicilien de la Mafia…

— L’antisémitisme du mouvement socialiste et syndicaliste. — On trouverait nombre de traits du même « antisémitisme » dans la pensée de l’« extrême-gauche » des mêmes années. Certes, un peu plus tard, Lénine a pu dire que « l’antisémitisme, c’est le socialisme des imbéciles ». Mais cet homme si lucide et si bien documenté dénonçait surtout une pensée qui lui paraissait dévier la révolution de son véritable objectif en dénonçant au peuple de faux coupables : Lénine aurait volontiers fusillé les banquiers juifs, sans se soucier de savoir s’ils étaient juifs ou non, simplement parce qu’ils étaient banquiers, sans pleurer à « l’antisémitisme » — mais il voulait mettre en garde le socialisme européen contre ce qui le guettait : fusiller le petit commerçant juif pour se venger du grand capital international. Ce qui nous amène à notre point suivant :

— L’antisémitisme véritable : celui des théories racistes (hitlériennes, etc.). — Nous estimons, pour la clarté du débat et parce que les mots ont une histoire et un poids, que le terme d’antisémitisme devrait être limité au sens qui lui est devenu propre : l’idée d’une infériorité naturelle, ou d’une perversité morale inhérente, d’un certain groupe supposé racial, dit « peuple juif », — idée assortie ou non de fantasmes génocidaires. Il va sans dire que cette conception des choses nous demeure parfaitement étrangère.

d. Conclusion : l’antisémitisme répréhensible et la répression de l’accusation d’antisémitisme

Nous admettons la répression de l’antisémitisme dans le seul cas où (1) il s’agit bien d’une théorie raciste au sens propre ; (2) il est suffisamment public et comporte un trouble manifeste à l’ordre public ; (3) notamment s’il y a appel au meurtre, à des violences, à des boycotts, à des pratiques de discrimination active visant les juifs en tant que tels. Le troisième aspect suffirait à lui seul, même en l’absence des deux autres ; mais il n’y a nullement besoin pour cela d’un attirail législatif spécifique et nous sommes persuadés que les lois de la France des années 1950 étaient bien amplement suffisantes pour la répression de tels appels à la violence et au désordre. Rien ne justifie l’existence d’un attirail spécifique visant l’antisémitisme comme tel ; la jurisprudence et le bon sens suffiront amplement à orienter les décisions des tribunaux. — Quand le terme d’antisémitisme, en revanche, est utilisé abusivement à des fins de destruction sociale, par exemple quand le comique Bigard se voit taxer d’antisémitisme parce qu’il a douté publiquement de la version officielle des attentats du 11 Septembre ou quand Péan est accusé du même crime pour avoir mis en cause le ministre Kouchner, la justice doit frapper vite et fort.

Art. 4 : L’antijudaïsme : L’antijudaïsme est l’opposition aux doctrines ou aux pratiques de la religion juive

Cette opposition doit être entièrement autorisée et la liberté de critiquer le judaïsme, si on croit avoir des raisons de le faire, doit être aussi libre que celle, si commune en France aujourd’hui, d’attaquer l’Eglise Catholique, par exemple. Libre aux adeptes de cette religion de se défendre par les mêmes moyens : ceux de la discussion franche et ouverte. Les tribunaux n’ont rien à faire dans les controverses religieuses, ni dans celles qui opposent les incroyants aux croyants, tant qu’il n’y a pas effectivement trouble manifeste à l’ordre public. Aucune doctrine, aucun rite d’aucune religion ne doit en France être élevé au-dessus de la libre critique ; si ces critiques sont médiocres ou absurdes, il doit être aisé de les confondre ; et si les croyances religieuses prêtent le flanc à des objections, elles promettent d’autres réconforts à ceux qui les croient. Le recours à la justice doit être évité autant que faire ce peu et l’on serait bien inspiré de ne pas donner de suite à des plaintes qui créent plus de trouble que ce qui les a motivées. En revanche, la justice doit frapper vite et fort, encore une fois, quand l’accusation d’antisémitisme est criminellement maniée à l’encontre de ceux qui ne font que critiquer les pratiques et les croyances de la religion juive (comme la croyance en l’existence d’un « peuple juif », par exemple). Sans cela, le judaïsme serait devenu, par le fait et de manière subreptice, la religion officielle de la République.

Art. 5 : L’antisionisme

Il est également malhonnête de taxer d’antisémitisme l’antisionisme ; il est vrai que la prodigieuse confusion sciemment entretenue à propos de ce qu’est effectivement l’antisémitisme est bien faite pour permettre les attaques les plus vicieuses contre l’antisionisme.

a. Qu’est-ce que le sionisme ?

— Le sionisme, sans rentrer dans tous les méandres de l’histoire tortueuse de ce concept, c’est sans doute d’abord l’idée d’un « foyer national juif », la revendication d’une terre pour le « peuple » juif — soit sur la base de la méprise selon laquelle il y aurait effectivement un peuple juif, tant « en soi » que « pour soi », ce que nous nions, soit tout simplement comme protection contre les persécutions diverses dont les juifs faisaient l’objet à l’époque et depuis des siècles. Dans le premier cas, le sionisme est un faux nationalisme ; dans le second cas, une mesure de protection pour une religion persécutée. Dans l’un et l’autre cas, il s’est avéré une erreur politique. — Ce n’est que dans un second temps que le sionisme s’est chargé d’éléments proprement religieux et qu’il est apparu comme la revendication de la « Terre Promise », l’idée de « droit du peuple juif à une terre » (pour sa sécurité — une terre d’asile, en somme) se changeant en revendication de « droits du peuple juif sur sa terre », la propriété étant revendiquée au nom de l’idéologie religieuse, la possession constante faisant entièrement défaut. — Dans cette dernière version du sionisme, le droit des juifs à la terre de Palestine est entendu comme un droit divin, autorisant toutes les violences, tous les chantages et tous les mensonges.

b. En Palestine

Comme nationalistes, nous pourrions entendre le mot de Maurras : « la seule France », au sens d’une invitation à nous désintéresser de ce qui passe nos frontières. Cependant, il n’est pas de vrai nationaliste qui ait le cœur dur au point de se désintéresser du sort d’un peuple martyr, surtout quand les bourreaux sont les mêmes sionistes qui, en France, n’ont de cesse de dénigrer et d’attaquer le nationalisme et de rendre l’amour de la patrie solidaire des massacres hitlériens. Comme nationalistes, comme laïcs, nous voyons bien que la seule issue pour la Palestine, c’est, si cela est possible, une Palestine une, laïque et démocratique, intégrant à égalité les deux composantes juive et arabe, et non la solution chimérique et criminelle dite des « deux Etats », sans parler de la continuation de l’état de choses actuel.

— Du reste, ceux qui s’informent voient bien qu’Israël est le fer de lance de l’impérialisme le plus puissant au Moyen-Orient : la lutte contre Israël, à cet égard, est simplement une des facettes de la lutte contre l’Empire qui, via l’Union Européenne, met la France à genoux. Pour le dire à l’envers : on ne peut pas être pro-israélien et opposé sérieusement à la politique de l’Empire, la même qui met la souveraineté française sous le joug et qui brise chez nous les acquis sociaux, les services publics, etc. Dire cela, ce n’est pas dire que la politique de l’Empire serait « une politique juive » ; c’est dire, ce qui est autre chose, que la politique Israélienne et sioniste, partout dans le monde, est la politique même de l’Empire et se fait au compte de l’Empire. Nous observons que les deux sont étroitement liées, ce qui est un fait, duquel plusieurs explications sont également possibles, dont nous ne nous mettons pas ici en peine.

— La question du sionisme en rapport avec la Palestine concerne du reste la France en raison du faux principe de la « double nationalité » qui permet à certains, tout en bénéficiant de la nationalité française, d’accomplir en Israël un service militaire au cours duquel ils peuvent se rendre coupables d’actes que nous regardons comme des crimes, tout en échappant aux rigueurs de la justice française. Nous sommes opposés à tout point de vue, et sauf cas très exceptionnel, à la double nationalité : on ne peut servir deux maîtres. Mais cette aberration est particulièrement intolérable quand un Français prétend par ailleurs faire allégeance à un Etat dont la politique est à tel point criminelle.

c. En France

Nous voulons bien reconnaître que la situation en Palestine ne dépend pas beaucoup de l’opinion du peuple français, qui a, du reste, d’autres préoccupations plus pressantes. Toutefois, nous souffrons amèrement de toutes les marques de compromission de notre gouvernement, ou de l’U.E., avec Israël, parce qu’elles nous avilissent et nous humilient en nous rendant complices d’une politique dont force est de constater qu’elle est abominable. Or, cette politique est en effet soutenue, voire servie, ou du moins traitée toujours avec complaisance, dans tous les grands médias et jusques aux sommets de l’Etat et des institutions de l’Union. Par conséquent, le sionisme est en effet un problème français, entre autres choses, contre lequel il appartient aux nationalistes français (ainsi qu’à la vraie « gauche du travail », pour les raisons évoquées plus haut) de mener la lutte jusqu’au bout. Si le sionisme n’était qu’une opinion relative à la légitimité de l’existence d’un Etat juif, prise en-dehors du temps et de l’espace, ce serait une question relativement indifférente au nationalisme français. Mais parce que l’existence de cet Etat tel qu’il est aujourd’hui le rend intrinsèquement solidaire des menées de l’Empire, dont la France a tant à pâtir, et parce qu’il est servi chez nous par un personnel à sa discrétion, tout disposé à mettre en branle toutes les machines de la justice, de la police et des médias pour cet objectif incompatible avec les intérêts vitaux du peuple français, il est parfaitement clair que le sionisme et ceux qui le défendent sont des ennemis à combattre pied à pied jusqu’à la victoire complète et définitive.

d. La lutte contre le sionisme est la seule vraie lutte contre l’antisémitisme

— C’est précisément parce que nous ne sommes pas antisémites, comme le dirait Dieudonné, que nous sommes antisionistes. Le sionisme en effet essaie de la façon la plus malsaine de tirer parti des persécutions dont les Juifs ont historiquement fait l’objet au service d’un projet — le maintien et le renforcement de l’Etat d’Israël — qui non seulement est en lui-même néfaste, mais ne tient qu’à se faire la machine de guerre de l’Empire et à se dévouer entièrement au compte de l’Empire. Sans parler de l’obscénité du procédé et de la brutalité sans nom des méthodes, le résultat sera fatalement désastreux : non seulement l’Empire est voué soit à être renversé, soit à se disloquer à brève échéance sous la pression de ses contradictions internes, et à entraîner l’état d’Israël dans sa chute — mais encore, dans les convulsions d’agonie de l’Empire, il est plus que vraisemblable que les effets du matraquage idéologique littéralement terroriste, entretenu en Europe sur le thème de « l’antisémitisme », sans discontinuer depuis trente ou quarante ans, finisse par porter ses fruits naturels, fruits amers et d’un caractère tout opposé à celui que visaient ses organisateurs : un retour du véritable antisémitisme, se vengeant cruellement sur les juifs ordinaires des machinations trop ingénieuses d’une poignée d’hommes d’Etat demi-habiles et de demi-intellectuels prostitués. C’est aussi afin d’éviter cette issue désastreuse que nous sommes résolus à combattre en vue de la mise en œuvre, dans les meilleurs délais, des mesures énumérées ci-dessus.

E&R