Il est drôle, infiniment drôle, d’achever une année sur les pitreries obscènes d’un pouvoir déboussolé.
Hissée au pinacle de la tartufferie institutionnelle, érigée en idole de l’antiracisme disciplinaire, cyniquement maniée pour rosir le pénal républicain, Christiane Taubira était attendue pour y aller de son hurlement et clore le bal des censeurs, au risque de chuter du piédestal conçu par ses maîtres pour châtrer le peuple de France.
C’est tout naturellement dans le très hygiénique canard de Madame Sinclair que la Garde des Sceaux a choisi de déposer son pâté sableux, de ceux qu’on marchande avec les enfants pour qu’ils se taisent, s’essuyant le train arrière sur l’honneur de l’humoriste le plus calomnié de l’Hexagone.
Et quoi de plus profitable pour se joindre au concert des loges que de chanter la Shoah en enrobant de lyrisme des insultes diffamatoires commandées ?
« Faut-il que son talent soit stérile pour qu’il n’ait d’autres motifs pour faire s’esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu’une tragédie, un génocide, un indicible drame, de ceux dont on sait qu’on ne guérira pas (...) »
Madame Taubira, vous qui avez assis votre combat politique sur le rejet du colon, pourquoi déféquez-vous aujourd’hui sur votre frère en astiquant la verge sioniste ?
Et si je vous disais que je suis un juif qui a décidé d’en guérir, justement ? Est-ce irresponsable ? Pervers ?
Oserez-vous me punir de me gratter le ventre en écoutant M’Bala M’bala railler l’abjecte manipulation d’un drame que ni vous, ni moi n’avons connu ?
À lire cette vallée de larmes, à vous voir ramper ainsi dans les marais élégiaques de l’imposture, je me suis pris à croire que vous parliez du continent africain, de ses peuples crucifiés :
« (...) car rien ne nous consolera jamais des enfants dont la destinée s’est interrompue, brusquement ; et avant même cette violence de la mort industrielle, qui ne distingue pas, frappe sans rien connaître de ses victimes, la violence de l’arrachement, de la malnutrition, de la maladie, du désarroi, de cet inconnu irrationnellement hostile, la violence de la révélation de parents démunis qui ne peuvent protéger que par l’amour. »
Quelle prose opportune, quelle description fidèle et touchante du sort auquel l’Empire que vous servez a réduit ces peuples vous auriez signé là...
Hélas, prise dans votre élan mémoriel grandiloquent, grisée par cette litanie dégoulinante de servilité, vous chutez comme une tragédienne surjouant son rôle :
« Faut-il frayer avec les monstres pour trouver quelque plaisir à se faire complice, après coup, de ce crime contre l’humanité ? »
La France entière est sommée de se lever et de hurler son indignation parce qu’une fillette vous a tendu une banane et vous, Ministre de la Justice, traitez l’humoriste le plus populaire de France de « monstre » ?
Il est vrai que toute la meute médiatique à la botte ne se soulèvera pas pour défendre l’artiste que vous sortez ainsi de la famille humaine.
Et qu’en est-il de l’accusation de complicité de crime contre l’humanité à l’endroit des spectateurs de Dieudonné ? Avez-vous, dans votre zèle oblatif, perdu la raison ?
Pourriez-vous expliquer aux Français, en qualité de Garde des Sceaux, ce qu’est une « complicité de crime contre l’humanité après coup » ?
Tant d’irrationnelle fureur dans cette chasse à l’homme... Cette odeur âcre de vendetta dont se repaît la Mafia qui gouverne nos gouvernants... Enfin, ce papier indigne que vous signez sans vergogne...
Quand j’ai cessé de rire avec l’homme que vous traquez comme de vulgaires gangsters, mon cœur se soulève et je me prends à rêver que vous adressez vos derniers mots aux bouchers israéliens que votre gouvernement courtise sans relâche :
« Faut-il avoir le cœur sec comme une branche tombée depuis des millénaires et pétrifiée, pour ne pas voir un semblable dans l’autre, homme, femme, enfant, celle, celui qui nous manque d’avoir été exterminé par cette froide folie ? »
Madame Taubira, si nous sommes coupables de complicité d’un crime innommable qui eut lieu il y a soixante-dix ans en Europe, ne l’êtes vous pas un peu d’un autre très identifiable qui se déroule sous nos yeux en Palestine ?
Votre haine du blanc s’arrête-t-elle au phosphore du même nom ?
Allez Christiane, moi aussi j’y vais de ma petite citation :
« Qui travaille pour des hyènes, sera payé en monnaie de singe »
Max Lévy