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Enquête pour « corruption » sur l’affaire de Karachi

Le juge Renaud Van Ruymbeke va enquêter sur d’éventuelles rétro-commissions en marge d’une vente de sous-marins français au Pakistan.

Renaud van Ruymbeke va contre l’avis du procureur, qui jugeait les faits prescrits. Le juge d’instruction financier a décidé, mercredi, de se saisir des investigations sur le versement de quelque 84 millions d’euros de commissions destinées à des officiels pakistanais. Cet argent pourrait être revenu pour partie en France et avoir servi à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, selon les éléments recueillis lors d’une enquête préliminaire de police.

Jeudi, le parquet de Paris a annoncé son intention de faire appel de la décision du juge van Ruymbeken, mettant en avant des règles de procédures pénales.

Le nom du porte-parole de cette campagne, Nicolas Sarkozy, ministre du Budget du gouvernement Edouard Balladur entre 1993 et 1995, figure dans des documents saisis par des policiers luxembourgeois lors de leur enquête au Grand-Duché avant l’été.

Les policiers français ont, eux, saisi des pièces au Conseil constitutionnel montrant que des rapporteurs avaient recommandé le rejet des comptes de campagne d’Edouard Balladur, en raison de paiements en espèces sans justificatifs de 2 millions d’euros, a indiqué la même source judiciaire, jeudi. Edouard Balladur prétend que l’argent provenait de dons de militants dans les meetings.

« Fable »

Selon les documents saisis au Luxembourg, Nicolas Sarkozy serait à l’origine de la création de deux sociétés créées pour recevoir les commissions litigieuses. Le président français a contesté toute implication dans l’affaire et a parlé publiquement de « fable » « ridicule » et « grotesque ».

Tout est parti de l’enquête menée par le juge antiterroriste Marc Trévidic, sur l’attentat du 8 mai 2002 à Karachi, où furent tuées 15 personnes, dont 11 ingénieurs et techniciens français de la DCN travaillant à la construction des sous-marins Agosta. La piste islamiste évoquée initialement a été abandonnée, les suspects ayant été blanchis au Pakistan. Divers renseignements, mais aucune preuve, laissent penser que l’armée pakistanaise aurait commandité l’attentat en représailles du non versement de ces pots-de-vin.

C’est en tout cas la conviction de plusieurs familles de victimes. Jeudi, par la voix de leur avocat, celles-ci ont qualifié l’ouverture de l’enquête de « victoire considérable ». « C’est la preuve que notre plainte est tout à fait fondée », a ajouté leur défenseur.