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Espagne : une demande d’aide extérieure pour renflouer les banques ?

Le sauvetage record de Bankia faisait tanguer lundi l’Espagne sur les marchés et a poussé le chef du gouvernement Mariano Rajoy à prendre les devants, alors que la quatrième économie de la zone euro pourrait demander une aide extérieure pour renflouer ses banques.

Sans surprise, la Bourse madrilène a ouvert dans le rouge et fait plonger le titre de Bankia de près de 30%.

Signe de la suspicion qui pèse sur les banques espagnoles, même les plus solides comme Santander ou BBVA étaient pénalisées.

Pendant ce temps, le marché obligataire ne souriait guère plus à l’Espagne : sa prime de risque (surcoût qu’elle doit payer pour emprunter à dix ans par rapport à l’Allemagne, considérée comme référence du marché) grimpait à un nouveau record historique, à 509 points de base.

La mauvaise réaction des investisseurs était attendue, Bankia ayant demandé vendredi à l’Etat une aide de 19 milliards d’euros : en comptant la précédente injection de fonds, le sauvetage de la troisième banque du pays par les actifs - et la plus exposée à l’immobilier - atteint 23,5 milliards, un record historique en Espagne.

Ce climat de tension extrême a poussé Mariano Rajoy à s’exprimer lors d’une conférence de presse, un événement rare pour le dirigeant conservateur.

"Avec une prime de risque à 500 points, il est très difficile de se financer", a-t-il admis, se voulant rassurant : "il ne va y avoir aucun sauvetage" extérieur du secteur bancaire, tandis que l’injection de fonds dans Bankia "suppose un exercice de transparence" et doit être salué comme tel.

Comment financer le processus ?

Maintenant, "il faut encore déterminer comment on va financer le processus", souligne la maison de courtage Link Securities. Et "c’est ce comment qui va tenir les investisseurs en alerte dans les prochains jours", de quoi chahuter encore l’Espagne sur les marchés.

C’est normalement le Fonds public d’aide au secteur (Frob) qui doit intervenir, mais avec moins de 5 milliards d’euros encore disponibles, "il n’a pas la somme suffisante", remarquent les analystes de Bankinter.

"Dans ce contexte, le plan du gouvernement est d’apporter l’aide en injectant directement de la dette publique dans BFA (Banco Financiero y de Ahorros, maison-mère de Bankia, ndlr), pour éviter d’avoir à émettre de la dette sur les marchés" afin de trouver cette somme, à un moment où les taux d’intérêt appliqués à l’Espagne à chaque émission sont très élevés.

Bankia pourrait notamment demander demander à la BCE d’échanger cet apport contre du liquide, selon ces analystes. Une manière de faire financer indirectement le sauvetage par l’organisme européen.

Le mécanisme européen de stabilité financière en dernier recours

Mais cela n’empêcherait pas la dette publique espagnole de grimper, bien au-delà des 79,8% du PIB visés par Madrid à fin 2012.

S’il s’est montré catégorique en ce qui concerne le déficit, sur lequel l’intervention de Bankia n’aura selon lui "aucun impact", Mariano Rajoy a refusé de répondre sur la dette : "ne partons pas dans les élucubrations", a-t-il dit, car "nous n’avons pas encore pris de décision sur la procédure" qui sera adoptée.

"En dernière instance, il y a la possibilité que (le gouvernement) ait à recourir au mécanisme européen de stabilité financière", note Juan José Toribio, professeur à l’IESE Business School de Madrid.

Surtout que la facture pourrait encore s’alourdir : selon El Mundo, l’Etat devra injecter 30 milliards dans CatalunyaCaixa, NovacaixaGalicia et Banco de Valencia, eux aussi placés sous sa tutelle en raison de leurs difficultés.

Ce qui ferait un total de plus de 50 milliards d’euros d’argent public pour les banques espagnoles, de quoi susciter des doutes sur la capacité du pays à apporter seul ces fonds.

 






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1 Commentaire

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  • Donc il y a les banques qui font des profits, pour qui la crise est une aubaine comme les banques américaines, les hedge funds etc.. Puis il y a les banques "sacrifiées", qui voient leur actions chuter, leurs actionnaires eux perdent leur argent (jusqu’au seuil limite où l’État renfloue, ce qui n’empêche qu’ils auront perdus).

    Faudrait une liste précise des gens, des banques, des fonds, qui tirent profit de la crise.

     

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