Egalité et Réconciliation
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Et si les quotas bloquaient l’ascenseur social ?

Le débat sur la démocratisation des grandes écoles rebondit ce matin avec Richard Descoing sur France Inter. Le Vrai Débat a choisi son camp : celui des grandes écoles qui ont refusé d’instaurer un quota de boursiers à leur entrée.

Le refus de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) d’un quota de boursiers fixé à 30% des élèves dans chaque école est parfaitement justifié, pour deux raisons.

D’abord, derrière ce quota, se cache très certainement comme souvent maintenant une volonté de renforcer les pratiques de discrimination positive, qui constituent des passe-droits sur fondement ethnique. Depuis quelques années, le gouvernement encourage la discrimination positive dans tous les domaines, masquant la plupart du temps cette réalité derrière un vocabulaire beaucoup plus acceptable. C’est la fameuse « diversité », ces « candidats divers » dont on nous parle... sans jamais nous expliquer de quelle diversité il retourne vraiment : sociale, ou ethnique ? ...Le plus souvent, c’est la diversité ethnique, le mélange des couleurs de peau qui est recherché. Tout pour l’affichage, mais rien de concret contre les inégalités sociales. L’association SOS Egalité, créée pour lutter contre la discrimination positive et le communautarisme au profit de l’égalité républicaine, l’a très bien démontré.

Concernant les grandes écoles, on peut penser que c’est bien cet objectif de faire entrer la discrimination positive dans le dernier bastion de la réussite scolaire française qui anime l’action du gouvernement. Le projet est en effet porté par Yazid Sabeg, farouche partisan de la discrimination positive ethnique (un de ses livres, sorti en 2004, n’y va pas par quatre chemins : « Discrimination positive : pourquoi la France ne peut y échapper »). C’est d’ailleurs le même Yazid Sabeg qui a réagi le plus violemment aux propos de la CGE, lui qui fricote avec son ami Bébéar dans divers organismes en charge de promouvoir dans les entreprises des pratiques de gestion des ressources humaines conformes à la discrimination positive (ils ont à ce titre lancé en 2004 la « charte de la diversité », et remettent régulièrement des « labels diversité » aux entreprises qui jouent le jeu, aux côtés du ministre de l’immigration).

Ensuite, on ne résout pas le problème de l’égalité des chances avec des quotas. Chacun son rôle.

Les grandes écoles sont là pour sélectionner les meilleurs et former l’élite de la nation. Il n’y a rien de scandaleux, au contraire, à recruter les élèves sur concours, anonyme et égalitaire. D’autant qu’aux dernières nouvelles, il n’y a pas d’épreuve de golf ou de maniement du coupe-cigare à l’entrée de ces établissements, mais des mathématiques, de l’histoire, du français, de la philosophie, des langues et autres matières tout ce qu’il y a de plus académiques.

C’est en revanche au gouvernement de s’assurer du bon fonctionnement de l’ascenseur social, condition du renouvellement des élites.

Ce n’est pas parce que les gouvernements successifs ont échoué depuis plusieurs décennies à refonder l’école, et à combattre les inégalités économiques et sociales à la racine (ont-ils seulement voulu le faire ?), qu’ils doivent désormais passer le fardeau aux grandes écoles et les mettre en accusation quand elles rappellent avec justesse que cette tâche ne relève pas de leurs missions.

Notons d’ailleurs que la discrimination positive a pour caractéristique essentielle d’être un moyen de contourner l’obstacle économique et social en transformant le nécessaire combat contre les inégalités sociales en une politique de passe-droits et passerelles sur fondement ethnique, qui dans le fond ne fait que créer de nouveaux problèmes plutôt que d’en résoudre.

Il est temps de remettre les pendules à l’heure. L’appel de la CGE y aura un peu contribué.